Les banques canadiennes, mauvaises élèves de la transition environnementale

Par Didier Bert | 23 août 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Grattes-ciels du quartier financier de Toronto.
Photo : Roxana Gonzalez Leyva / 123RF

Un rapport pointe la lenteur des banques canadiennes à financer la transition énergétique.

Les banques canadiennes sont trop lentes pour financer la transition vers une économie décarbonée, affirme un rapport du groupe de pression Investors for Paris Compliance. Cette organisation pousse les entreprises cotées en bourse à tenir leurs promesses en matière d’émissions nettes de gaz à effet de serre (GES).

Les grandes banques se sont toutes engagées à respecter l’Accord de Paris de limitation des GES, en consacrant 2 000 milliards de dollars d’ici 2030 à la finance durable, rappelle l’organisation.

En fait, les banques canadiennes se contentent en font trop peu, trop lentement. Certes, elles proposent des obligations vertes et des prêts liés au développement durable… mais uniquement pour la forme, et à condition que cela leur rapporte des profits. Ces produits financiers ne sont pas nécessairement liés avec la réduction de GES. « Tant que les banques peuvent tirer profit de l’augmentation des émissions, elles le feront, même si cela contredit leurs propres promesses d’émissions nettes zéro », soutient Matt Price, le directeur exécutif d’Investors for Paris Compliance, cité par Corporate Knights.

Compte-tenu du comportement des banques canadiennes, le seul moyen de leur faire respecter leur engagement en matière de réduction des GES est la réglementation. Les régulateurs fédéraux des banques devraient imposer des réserves obligatoires plus importantes pour les prêts à forte intensité de carbone et des exigences moins élevées pour les projets réellement verts, prône le groupe de pression.

Le rapport dénonce des investissements qui iraient à l’encontre de l’objectif de décarbonation de l’économie, tels que le financement par la Banque Scotia d’une entreprise développant des aéroports au Mexique, le financement par la RBC d’une entreprise développant un oléoduc dans le Minnesota, ainsi que le financement par la BMO et la CIBC d’une entreprise qui exporte du charbon métallurgique depuis la Colombie-Britannique.

Ces investissements sont présentés comme un levier pour rendre ces entreprises plus efficaces. Mais le groupe de pression affirme que cela contribue à une augmentation des émissions de GES.

Mais les choses pourraient changer, se félicite Investors for Paris Compliance, qui relève que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a publié de nouvelles lignes directrices sur le risque climatique. Celles-ci exigent des banques qu’elles se dotent de plans de transition climatique.

De leur côté, les régulateurs provinciaux des marchés financiers ont rappelé que les informations ESG sont soumises aux mêmes règles de véracité que les informations financières. Le Bureau de la concurrence traite déjà une plainte visant la RBC pour un présumé écoblanchiment touchant à ses activités en finance durable. Enfin, le gouvernement fédéral développe une taxonomie pour distinguer entre les investissements durable set ceux qui ne le sont pas.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.