Le gouffre de la retraite à deux vitesses

17 septembre 2013 | Dernière mise à jour le 17 septembre 2013
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Senior couple at home reacting to many bills

Un récent rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) vient confirmer ce que tous les travailleurs savent déjà : les employés du secteur public fédéral vont jouir d’une retraite plus confortable que ceux du secteur privé.

À l’aide d’un scénario fictif mettant en présence Marie et Jeanne, la FCEI démontre « l’écart saisissant » qui sépare les deux régimes de retraite.

Marie, fonctionnaire, et Jeanne, employée du secteur privé, ont toutes deux commencé à travailler au même âge, ont reçu des salaires identiques pendant leur carrière de 35 ans et ont cotisé les mêmes montants à leur régime de retraite respectif.

Pourtant, au moment de leur retraite en 2029 à l’âge de 65 ans, Jeanne (secteur privé) n’aura réussi à accumuler que l’équivalent de 605 000 $, alors que Marie (secteur public) pourra compter sur des prestations totales garanties équivalant à 1,38 million de dollars sur une période de 20 ans, soit la durée de sa retraite.

Or, cet écart de 776 000 $ entre les deux secteurs s’explique par les « généreuses cotisations » de l’employeur de Marie dans le secteur public (soit les contribuables) et la formule de régime à prestations déterminées qui lui garantit qu’elle recevra ses prestations, même si le rendement de son régime de retraite n’est pas à la hauteur des attentes.

« L’écart entre les deux régimes est considérable, et pourtant, on parle ici de travailleuses qui disposent toutes deux d’un fonds de pension financé par leur employeur. On peut alors imaginer l’ampleur du gouffre qui sépare les travailleurs du secteur public des millions de Canadiens du secteur privé qui ne peuvent compter sur aucun régime de retraite. On peut se demander comment ils voient le fait qu’une partie des taxes et des impôts qu’ils paient servent à financer les retraites dorées dans la fonction publique », a commenté Martine Hébert, vice-présidente, Québec, et porte-parole nationale de la FCEI.

Le rapport de la FCEI révèle aussi que :

  • Près de 80 % des Canadiens travaillent dans le secteur privé et les deux tiers d’entre eux n’ont pas de régime de retraite d’employeur.
  • Les 20 % de Canadiens restants travaillent dans le secteur public et 87 % d’entre eux disposent d’un régime de retraite d’employeur.
  • Pour toucher un revenu de remplacement de 70 % à la retraite, un fonctionnaire fédéral doit cotiser environ 7 % de son salaire, alors que son homologue du secteur privé doit verser 21 % de son salaire en cotisations.

« En laissant cette situation perdurer, les gouvernements portent préjudice à la majorité des contribuables. Ils doivent plutôt prendre des mesures pour corriger la situation et combler le gouffre qui existe entre les deux systèmes de régimes de retraite », note Simon Gaudreault, économiste de la FCEI pour le Québec.

Dans son rapport, la FCEI demande au gouvernement fédéral que sa réforme soit axée sur l’équité et la viabilité et qu’elle vise tous les Canadiens, pas seulement les travailleurs du secteur public.

Elle recommande notamment :

  • D’éliminer les dispositions permettant aux employés de prendre une retraite hâtive.
  • De revoir les règles afin que les régimes de retraite des politiciens et des fonctionnaires soient plus viables.
  • De rejeter toute hausse du RRQ et d’offrir d’autres options d’épargne-retraite comme les régimes de pension agréés collectifs (RPAC).

Toutefois, la FCEI ne réclame pas du gouvernement qu’il sabre dans les prestations de retraite des travailleurs ou retraités de la fonction publique qui y ont déjà droit.