Les banques à charte canadiennes refuseraient de suivre le taux directeur

17 janvier 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Quelques grandes banques canadiennes songent à maintenir leurs taux préférentiels inchangés même si la Banque du Canada abaissait son taux directeur, rapporte le Globe and Mail. Ce geste pourrait déstabiliser la politique monétaire du pays.

Les experts s’attendent à ce que la banque centrale réduise son taux directeur d’un quart de point le 22 janvier prochain. Mais depuis que la crise des hypothèques à risque aux États-Unis a fait augmenter les coûts d’emprunt des banques commerciales, certaines d’entre elles se demandent si elles suivront la baisse du taux directeur.

Les banques ressentent la pression de la hausse des taux interbancaires survenue après la débâcle boursière de l’été dernier. Certaines d’entre elles ont même enregistré de lourdes pertes à la suite de la crise des hypothèques à risque. Une baisse des taux ne ferait qu’ajouter à leurs souffrances.

La Banque du Canada ne s’est pas prononcée au sujet de cette possible rébellion des banques. Cependant, d’après les commentaires émis par certains dirigeants de l’institution au cours des derniers mois, la Banque examinera avec attention les réactions à sa politique monétaire et se prépare à réagir selon divers scénarios.

Sans une baisse notable des taux d’intérêt offerts par les banques, les changements effectués au taux directeur de la Banque du Canada resteraient sans effet sur l’activité économique, les emprunteurs n’ayant pas accès à de meilleurs taux sur les hypothèques et les prêts personnels et les prêts commerciaux.

Même si certaines banques envisagent de près cette éventualité, leur position pourrait difficilement être maintenue à long terme en raison de la réaction des consommateurs et des entreprises. La concurrence ferait en sorte qu’au moins une banque se plierait à la baisse du taux directeur, forçant les autres à lui emboîter le pas.

Toutefois, le fait que les banques à charte envisagent un tel scénario illustre bien le conflit qui existe entre ce que la banque centrale considère bon pour l’économie et ce que les banques canadiennes considèrent bon pour elles. De fait, lorsque la Banque du Canada a annoncé sa première baisse le 4 décembre dernier, les banques avaient pris un certain temps à rajuster leur taux préférentiel en conséquence.