Infrastructures : les investissements privés continuent de stagner

31 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En 2021, les investisseurs privés ont investi 172 milliards de dollars américains (G$ US) dans des projets d’infrastructure sur les marchés primaires, un montant qui est seulement 0,3 % sous son niveau de 2019, révèle le rapport Infrastructure Monitor publié par le Global Infrastructure Hub (GI Hub).

Malgré cette reprise des investissements après deux ans de pandémie, cela ne contribue pas à combler le déficit d’investissement dans les infrastructures.

En effet, en dépit des grands besoins, les investissements privés dans les infrastructures stagnent depuis huit ans. Pourtant, ce n’est pas faute de disponibilité des capitaux.

« La poudre sèche, c’est-à-dire les capitaux privés disponibles, mais non investis, a quadruplé depuis 2010, pour atteindre 298 G$ US », affirme Marie Lam-Frendo, chef de direction de GI Hub.

« Il est inacceptable que nous n’investissions pas dans des infrastructures dont nous avons grandement besoin alors que nous avons le capital nécessaire, et que nous savons que les investissements dans les infrastructures affichent un rendement élevé comparativement aux investissements dans d’autres catégories d’actifs », ajoute-t-elle.

TENDANCES SECTORIELLES ET GÉOGRAPHIQUES

Les tendances en matière d’investissement dans les projets d’infrastructure diffèrent également selon les régions du monde.

En 2021, les pays à revenu élevé ont accaparé 80 % des investissements privés. Ils ont augmenté de 8,3 % dans ces pays alors qu’ils ont diminué de 8,8 % dans les pays à revenu moyen et faible.

Fait encourageant, c’est le secteur des énergies renouvelables qui a attiré le plus d’investissements, obtenant près de la moitié des investissements l’an dernier. Les énergies non renouvelables n’ont pour leur part représenté que 11 % du total des investissements dans les projets énergétiques.

Par ailleurs, les investisseurs privés manifestent un intérêt croissant pour les télécommunications et les infrastructures sociales, une tendance qui est apparue lors de la pandémie en 2020. Auparavant, ces secteurs n’attiraient que de très faibles niveaux d’investissements privés.

DES PROJETS PLUS VERTS QUE JAMAIS

Autre fait à souligner : 60 % des investissements privés dans les projets d’infrastructure étaient verts, ce qui constitue un record. La plupart étaient dans le secteur des énergies renouvelables.

Pour que les objectifs puissent être atteints, il faudra toutefois que les investissements dans des projets écoresponsables se multiplient dans les autres secteurs.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas tenir compte de la crise des investissements dans les infrastructures ni de la crise climatique. Grâce à la collaboration des secteurs public et privé, nous pouvons travailler à résoudre ces deux enjeux, affirme Marie Lam-Frendo. La priorité immédiate et absolue de la collectivité des infrastructures est de conjuguer nos efforts et d’activer une augmentation massive des investissements. »

À noter que cette tendance au verdissement des infrastructures a été observée dans les pays à revenu élevé, intermédiaire et faible.

Cette tendance mondiale se reflète également dans les instruments financiers utilisés pour ces projets. En 2021, les obligations vertes et les prêts verts représentaient un cinquième du financement de l’investissement privé dans les projets d’infrastructures.

Le financement par le biais d’obligations s’accélère depuis 2015 tandis que le marché du prêt vert est plus naissant étant actif depuis 2020 seulement.

La croissance du financement durable est plus marquée dans les pays à revenu élevé. Elle commence toutefois à émerger dans les pays à revenu intermédiaire et faible.

DES RENDEMENTS À LA BAISSE

Avant la pandémie, les actions d’infrastructure ont fourni des rendements croissants aux investisseurs privés pendant une décennie. Il y a eu reprise en 2021, mais celle-ci est aujourd’hui stoppée par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt qui ont eu un impact négatif sur les rendements.

Au premier trimestre de 2022, les actions d’infrastructures cotées ont enregistré une baisse de 1,9 % alors que les actions d’infrastructures non cotées ont connu une chute de rendement plus prononcée (-5,2 %).

Cette baisse des rendements est toutefois nettement inférieure à celle des actions mondiales (-20 %), ce qui illustre bien la résilience et la stabilité des actions d’infrastructure malgré des chocs économiques comme l’inflation rapide, la guerre en Ukraine et les confinements liés à la pandémie.