Qui veut du nucléaire chinois?

Par Soumis par Investissements Renaissance | 18 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Parmi les ambitions d’exportations à valeur ajoutée de la Chine se trouve un produit particulièrement sensible : les centrales nucléaires, explique Kenrick Leung, directeur des placements à Amundi Hong Kong.

« La Chine a déjà commencé à développer sa propre technologie nucléaire de troisième génération, Hualong One, et elle compte bien l’exporter », observe Kenrick Leung.

Cette technologie a déjà été mise en application dans une centrale au Pakistan, et la Chine investit maintenant à 33 % aux côtés de la française EDF dans une nouvelle centrale à Hinkey Point, au Royaume-Uni. Si cette dernière n’utilise pas Hualong One, la technologie pourrait être appliquée à une autre centrale britannique en projet, celle-ci à Bradwell.

Or, le projet est menacé par plusieurs facteurs, estime l’expert.

« D’abord, la nouvelle première ministre Theresa May a réclamé une étude après son arrivée au pouvoir, afin de décider si le projet ira de l’avant. Ensuite, la co-propriété chinoise provoque des inquiétude liées à la sécurité nationale britannique », dit Kenrick Leung.

« Ce projet est bien plus important que celui du Pakistan, parce que les exigences britanniques sont beaucoup plus élevées. Il permettrait à la Chine d’affirmer sa légimité dans le domaine nucléaire sur la scène internationale », poursuit-il.

Mais dans la Grande-Bretagne de l’après-Brexit, où les sentiments nationalistes s’avèrent exacerbés, l’idée de voir la Chine prendre part aux infrastructures essentielles du pays est difficile à digérer pour beaucoup, pense M. Leung.

« Enfin, la technologie Hualong One n’est pas encore éprouvée. Les gens ont encore à l’esprit l’accident de Fukushima au Japon, et les Chinois souffrent d’une bien pire réputation en matière de normes de sûreté », ajoute-t-il.

Malgré ces obstacles, le nucléaire demeure un pari hautement stratégique pour la Chine, qui souhaite voir son économie évoluer vers les exportations à valeur ajoutée.

« Au bout du compte, elle y parviendra, mais cela prendra de nombreuses années », conclut-il.

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