COVID-19 : pas tous à bord d’un même bateau

Par La rédaction | 12 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture
Jeune homme les poches de jeans vides.
Photo : eranicle / 123RF

Les ménages moins bien nantis souffrent plus des répercussions financières de la pandémie de COVID-19, montrent sans surprise deux études récemment publiées.

Des analystes de Statistique Canada ont observé l’effet de la crise en fonction de la possibilité ou non de transiter vers le télétravail. Environ 40 % des travailleurs pourraient exercer leur emploi à partir de la maison, contre 60 % pour lesquels ce n’est pas possible. Or, ceux qui ne le peuvent pas ont été beaucoup plus à risque de voir leur emploi suspendu pendant le confinement. 

RICHES ET DIPLÔMÉS

Les familles dont le revenu se trouve dans le décile inférieur comptent moins de 30 % d’individus pouvant faire du télétravail. Dans seulement 8 % des cas, les deux membres du ménage en ont l’occasion. Dans le 10e décile, soit les revenus les plus élevés, les trois quarts des ménages comptent au moins une personne pouvant travailler de la maison et 54 % en comptent deux. Plus on est riche, moins notre emploi risque d’être fragilisé par un confinement. 

Statistique Canada dresse un constat semblable pour le niveau de scolarité. Alors que six détenteurs d’un baccalauréat ou diplôme universitaire supérieur sur dix peuvent recourir au travail à domicile, c’est le cas de seulement un quart des diplômés du secondaire et d’à peine une personne sur dix sans diplôme d’études secondaires. 

MOINS D’ARGENT PAR MOIS

Par ailleurs, six chercheurs de l’Institut sur la retraite et l’épargne et de la Chaire de recherche sur les enjeux économiques intergénérationnels ont analysé les prestataires de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Ils ont utilisé les réponses à un sondage mené auprès de 3 009 répondants québécois de 25 à 64 ans.

La PCU aurait été reçue majoritairement par les travailleurs plus précaires, selon cette étude. Les revenus de travail étaient scindés en dix tranches, des plus faibles (1er décile) aux plus élevés (10e décile). Environ 30 % des travailleurs québécois des 2e et 3e déciles ont touché la PCU, contre environ 10 % de ceux qui se situent aux 8e, 9e et 10e déciles. Les demandeurs de la PCU ont en moyenne subi une baisse de revenu de 1 330 dollars en avril, contre 254 dollars pour ceux qui n’en ont pas reçu.

Les demandeurs se retrouvaient plus souvent dans les secteurs manufacturiers, du commerce de détail, du divertissement, de l’hôtellerie et de la restauration. On en recense beaucoup moins dans la finance et l’assurance, les services professionnels, l’administration et les services publics, l’éducation et la santé. 

À QUI PROFITE LA PCU ?

Les données de l’étude montrent qu’une grande partie des ménages auraient tout de même pu affronter cette épreuve avec leur propre épargne, avance le chercheur Pierre-Carl Michaud dans La Presse. Il s’interroge sur la pertinence d’avoir accordé la PCU aux ménages dont les revenus se situent dans les déciles supérieurs.

Un projet de loi propose actuellement de resserrer les critères de la PCU pour réduire son effet négatif sur le marché du travail. Par exemple, un individu qui refuse une offre d’emploi raisonnable perdrait son admissibilité à la PCU. Pendant le confinement, un travailleur payé au salaire minimum qui travaillait 30 heures par semaine gagnait moins que s’il avait demandé la PCU. 

Le premier ministre québécois François Legault a d’ailleurs critiqué la Prestation canadienne d’urgence pour étudiants (PCUE) instaurée par son homologue canadien Justin Trudeau. Il craignait son effet négatif sur le recrutement de personnel, notamment dans le réseau de la santé.

La rédaction vous recommande :

La rédaction