Régimes de retraite : Claude Lamoureux réclame l’intervention de l’État

5 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) disparaissent les uns après les autres. Bientôt, ils ne seront plus qu’un souvenir pour la majorité des Canadiens, a soutenu Claude Lamoureux, président et chef de la direction retraité du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario.

Dans son premier discours en tant que conseiller spécial de l’Institut canadien des actuaires, Claude Lamoureux a indiqué aux invités de l’Economic Club de Toronto, mardi dernier, que des «mesures promptes sont essentielles pour remédier au déclin du système d’épargne retraite du Canada».

Il a demandé la tenue d’un sommet national regroupant les ministres fédéraux et provinciaux responsables des régimes de retraite au pays.

«Le tiers des Canadiens n’ont absolument aucune épargne-retraite. Quant aux deux autres tiers, la plupart d’entre eux n’économisent pas suffisamment pour financer leur retraite», a dit Claude Lamoureux. Malgré les nombreux avantages qu’ils recèlent, a-t-il ajouté, les régimes PD continuent de décliner et les gouvernements se contentent de les voir disparaître.

Si la tendance actuelle se maintient, seuls les politiciens et les employés de la fonction publique seront couverts par des régimes PD. «Imaginez comment se sentiront les contribuables qui financent ces régimes avec leurs impôts, alors que leurs employeurs leur proposent des programmes de retraite moins intéressants, lorsqu’ils en offrent», a indiqué Claude Lamoureux.

Il a expliqué que les régimes PD constituent un argument de poids pour attirer des employés et les retenir au sein des entreprises. En outre, ils permettent de cumuler du capital qui sert à effectuer des placements à long terme dont profitent les Canadiens.

Claude Lamoureux a dit qu’il appuyait trois des recommandations qu’a formulées l’Institut canadien des actuaires. La première vise l’adoption de mesures législatives qui permettraient aux employeurs de créer des fonds de sécurité de retraite entièrement provisionnés par les employeurs. Ces fonds seraient indépendants des régimes PD, tout en leur étant complémentaires.

La deuxième recommandation concerne l’instauration de mesures prévoyant que chaque régime PD soit tenu d’établir une marge de solvabilité cible. Rappelons que le Québec a déjà adopté le concept de la marge de solvabilité.

La troisième recommandation prévoit la modification des règles fiscales de façon à permettre aux promoteurs de régime d’accumuler davantage d’excédents sans subir de pénalités. «Les promoteurs qui veulent augmenter leurs contributions à leur caisse de retraite renforcent la sécurité des avantages dont bénéficient les membres. Pourquoi les gouvernements leur mettent-il des bâtons dans les roues ?», a demandé Claude Lamoureux.

L’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite (ACARR) a applaudi aux propos de Claude Lamoureux. «L’ACARR appuie fortement cet appel à la tenue d’un sommet national sur le système de revenu de retraite. Plusieurs problèmes doivent être réglés, et, pour des raisons d’harmonisation, il est logique que le processus rassemble tous les ministres chargés des questions relatives aux régimes de retraite à l’échelle fédérale et provinciale», a indiqué Scott Perkin, président de l’ACARR.

À l’heure actuelle, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont mandaté des commissions ou des comités de spécialistes pour étudier le système de retraite de leurs compétences respectives.

«Une fois présentées aux parties concernées, les recommandations de ces comités d’experts peuvent évidemment constituer la base de discussions constructives à l’occasion d’un sommet national des ministres responsables. C’est avec grand plaisir que l’ACARR accueillerait ces recommandations dans le cadre d’un sommet», a souligné Scott Perkin.