Investir dans les marchés émergents 

Par Sylvie Lemieux | 5 janvier 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Avec leur forte volatilité, les marchés émergents sont parfois boudés par les investisseurs. Pourtant, ils offrent de bonnes occasions de rendement, à condition d’exercer une vérification diligente afin d’investir judicieusement. Entrevue avec Vincent Dostie, président d’Investissement Mount Murray, une firme qui investit depuis plusieurs décennies dans les marchés émergents.

Après une très bonne année 2020, les marchés émergents trainent un peu de la patte en 2021. « Dans l’ensemble, le niveau de rendement annuel est assez proche de zéro. En comparaison avec l’économie américaine qui est très forte, les investisseurs peuvent être déçus. Toutefois, en termes d’évaluation, la situation est davantage positive. Les profits des entreprises sont au rendez-vous. Dans la plupart des pays, la pandémie n’a pas empêché la réouverture de l’économie », explique Vincent Dostie.

Il donne l’exemple de la Chine, qui malgré un indice MSCI Marchés émergents à – 16 %, offre de bonnes occasions d’investissement. « Les entreprises chinoises ont continué de performer, rendant les évaluations attrayantes », dit-il.

Selon lui, un investisseur devrait consacrer au moins 5 % de son portefeuille en actions de pays émergents. « Et il faut investir sur un horizon de 10 ans au minimum, recommande-t-il. L’approche binaire qui consiste à investir et désinvestir en fonction de la hausse ou de la baisse des actions n’est pas selon nous une stratégie gagnante. Ces fluctuations sont difficiles à prévoir de façon précise. Ce sont des économies qui, même si elles sont moins diversifiées, sont encore à l’étape de faire de grands projets. Cela fait en sorte qu’il peut y avoir des hauts et des bas un peu plus fréquents. C’est important de tenir le cap. »

« Dans ces pays, il y a des entreprises qui sont en mesure de devenir des leaders mondiaux comme Samsung, ajoute-t-il. Et il y en aura de plus en plus, particulièrement dans les services, que ce soit l’ingénierie, l’informatique ou les services financiers offerts par des fintechs. Ceux qui font des transactions en ligne vont devenir de moins en moins réticents à utiliser des technologies qui viennent des pays émergents. Ces entreprises vont être bien placées pour desservir leur propre pays et même exporter. »

DES MARCHÉS PORTEURS

Parmi la vingtaine de pays émergents qui composent l’indice MCSI, lesquels devraient être sur le radar des investisseurs ?

« Il y a l’Inde qui est un pays fascinant, et dont l’économie est relativement indépendante de ce qui se passe dans les autres pays émergents, affirme Vincent Dostie. La population est très jeune et très nombreuse, le niveau de consommation y est donc élevé. Avec le développement des nouvelles technologies, elle est capable d’avancer très vite sur l’échiquier mondial. Et parce qu’elle est relativement autosuffisante sur le plan de l’économie, l’Inde devrait avoir dans les prochaines années la meilleure croissance économique au monde. »

En termes de prix de marché, la Russie est un autre pays qui a connu une très bonne année en 2021, selon Vincent Dostie. « Ce n’est pas un pays dans lequel on pense investir de prime abord parce que la gouvernance est questionnable, dit-il. Alors que l’économie russe enregistre une croissance, le marché a été délaissé par les investisseurs globaux en raison des mesures économiques prises par les États-Unis. Pourtant, les évaluations à long terme du marché sont particulièrement attrayantes. Ce n’est pas un pays dominant dans notre portefeuille, mais par rapport à l’indice de référence, on avait une surpondération et nos investissements ont bien performés cette année. »

Le Brésil est un autre pays à considérer. « On aime dire que c’est une économie qui a un beau futur derrière elle, mais au fond, elle est réellement promise à un beau futur, soutient Vincent Dostie. Les entreprises brésiliennes, surtout celles qui exportent, vont engendrer de bons profits. Il faut juste avoir les nerfs assez solides pour passer à travers la prochaine année marquée par les élections présidentielles. C’est un pays sur lequel on a une légère surpondération en ce moment. »

Y a-t-il des pays à éviter ? « Pas vraiment, affirme-t-il. Il y a des pays où l’on est plus neutre, que l’on a sous-pondéré comme la Chine à cause de la situation politique incertaine qui inquiète les investisseurs. On est prudent en restant présent dans des secteurs défensifs comme la santé, les biens de consommation durable ou les technologies reliées à l’énergie verte comme les panneaux solaires. »