Aidez les familles monoparentales à ne pas trébucher

Par Nathalie Côté | 7 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Vadim Guzhva / 123rf

En général, les familles monoparentales ont des revenus inférieurs aux autres. Mais leurs responsabilités financières ne sont pas moins grandes pour autant. Comment leur éviter de basculer? Plusieurs produits et services financiers peuvent les aider.

Au Québec, près de 380 000 familles étaient monoparentales en 2016, selon Statistique Canada. En 2015, leur revenu médian s’élevait à 45 390 $, comparativement à 75 530 $ pour les familles biparentales. Et en cas de problème, ces parents ne peuvent pas compter sur l’aide d’un conjoint.

L’IMPORTANCE DU FONDS D’URGENCE

Ainsi, les imprévus peuvent peser lourd dans le budget des familles monoparentales. En cas d’arrêt de travail, à la suite d’une maladie ou d’un accident par exemple, le seul salaire de la famille se retrouve amputé. Vos clients dans cette situation familiale auraient donc intérêt à constituer un fonds d’urgence correspondant à au moins trois mois de dépenses courantes.

« Ils peuvent placer cette somme dans un CELI afin qu’elle croisse à l’abri de l’impôt, tout en demeurant accessible, recommande Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour. En attendant d’amasser l’argent nécessaire, le client pourrait aussi avoir recours à une marge de crédit. » À utiliser en cas d’urgence uniquement, évidemment ! Votre client doit être discipliné.

LES ASSURANCES

Le fonds d’urgence à lui seul est cependant insuffisant pour prévenir tous les aléas de la vie. D’où l’importance de proposer des assurances à votre client.

Hélène Marquis, directrice régionale, Planification fiscale et successorale à Gestion privée de patrimoine CIBC

Hélène Marquis, directrice régionale, Planification fiscale et successorale à Gestion privée de patrimoine CIBC

Comme tous les parents, le chef de famille monoparentale devrait prévoir une assurance vie. Elle permet d’assurer l’avenir financier de ses enfants au moins jusqu’à leur majorité en cas de décès.

« Un ami de mon petit- fils, âgé de 12 ans, a récemment perdu sa mère monoparentale dans un accident. L’assurance vie a été très importante pour que son tuteur puisse le faire vivre », souligne Hélène Marquis, directrice régionale, Planification fiscale et successorale à Gestion privée de patrimoine CIBC.

L’assurance invalidité est également importante, surtout si votre client n’en possède pas déjà une au travail. « La santé de la personne constitue son actif le plus précieux et lui permet de générer un revenu », rappelle M. Ajab.

Et si votre client retrouvait l’amour ?

Votre client monoparental pourrait bien trouver l’élu de son coeur. Si c’est le cas, il vaudrait mieux attendre janvier pour emménager avec lui plutôt que de le faire à la fin de l’année. « Il va gagner une année d’allègements fiscaux », note Karine Précourt, directrice, Planification fiscale et successorale à Placements Mackenzie.

Les effets financiers de cette nouvelle union sont nombreux. Pour plusieurs mesures et programmes, le fisc considère le revenu familial dans son calcul, même si le nouveau conjoint ne paie pas pour les enfants. Dans le cas de la contribution additionnelle pour frais de garde, par exemple, cela peut faire une différence importante dans le budget. Votre client peut cependant bénéficier d’autres avantages, comme le fractionnement du revenu à la retraite.

Il est obligatoire de déclarer un nouveau conjoint au gouvernement. Cela doit se faire dans le mois suivant le moment où les membres du couple deviennent des conjoints de fait ou des époux. « S’ils attendent de remplir leurs déclarations de revenus, ils vont devoir rembourser des trop-perçus », rappelle Mme Précourt.

Dans la même optique, l’assurance maladies graves reste aussi une bonne idée. « Son grand avantage, c’est qu’on reçoit une somme globale nette d’impôt après le diagnostic d’une maladie prévue au contrat, souligne Hélène Marquis. L’argent peut servir à des soins médicaux, à éviter les problèmes financiers, etc. »

Votre client pourrait aussi gagner à souscrire une assurance maladies graves pour ses enfants. « Ce peut être très utile si le parent doit s’absenter du travail pour s’occuper de son petit gravement malade », note M. Ajab.

Évidemment, ces assurances sont coûteuses et le budget des familles monoparentales est souvent limité. Dans ce cas, vous pourriez leur proposer une couverture moins importante, qu’elles pourront augmenter ensuite quand elles auront la marge de manoeuvre nécessaire.

TESTAMENT ET MANDAT D’INAPTITUDE

Votre client aurait également intérêt à faire rédiger son testament et un mandat d’inaptitude.

À moins que l’autre parent soit inconnu, décédé ou qu’un juge lui ait retiré des droits, celui- ci s’occupera des enfants en cas de problème. Sinon, votre client peut nommer quelqu’un pour le faire.

Par contre, les biens légués aux enfants peuvent être gérés par un ou des tuteurs nommés dans le testament. « En l’absence de désignation d’un tuteur, l’autre parent gère l’héritage le temps que les enfants deviennent majeurs, précise M. Ajab. Créer une fiducie testamentaire peut aussi être une option pour assurer un contrôle sur l’utilisation, la gestion et la distribution des biens. On peut donner des instructions particulières, comme payer tous les frais de subsistance des enfants pendant leurs études ».

Quant au mandat d’inaptitude, votre client pourra y désigner une ou des personnes pour s’occuper de ses biens, de ses soins et des enfants (si l’autre parent ne peut le faire).

Idéalement, ces documents doivent être notariés. Si le coût est un problème, vous pouvez rappeler à vos clients qu’un document non notarié est aussi valable légalement.

OUTILS D’ÉPARGNE

Pour mettre de l’argent de côté de façon optimale, plusieurs produits peuvent convenir aux familles monoparentales. « Elles ont droit à plusieurs avantages fiscaux, souligne Mme Marquis. Il est important que le niveau de revenu ne vienne pas les gruger ».

Karine Précourt

Karine Précourt

Vous devriez donc vérifier l’impact d’une variation du revenu de votre client sur certains programmes, par exemple l’Allocation canadienne pour enfants et la contribution additionnelle pour frais de garde. « Les courbes de Claude Laferrière, disponibles sur le site web du Centre québécois de formation en fiscalité, sont un bon outil pour voir les pertes que peut engendrer un salaire plus élevé », signale Mme Marquis.

Dans certains cas, le REER peut donc s’avérer un outil avantageux afin de réduire le revenu imposable. Pour d’autres, le CELI sera un meilleur outil afin d’épargner pour la retraite. « Le CELI a aussi l’avantage d’être plus flexible et l’argent accumulé peut toujours être versé plus tard dans le REER si le revenu augmente, par exemple », note Karine Précourt, directrice, Planification fiscale et successorale à Placements Mackenzie.

En raison des généreuses subventions qu’il offre, le REEE est aussi très intéressant pour les familles monoparentales. « Une personne avec un revenu annuel inférieur à 42 390 $ peut accumuler jusqu’à 12 800 $ de subventions par enfant, dont 2 000 $ sans cotiser elle- même, souligne M. Ajab. Ce sont des montants importants qui devraient être portés à l’attention des parents ».

« Le REEI offre aussi des subventions très intéressantes pour les enfants handicapés », ajoute Mme Précourt. Elles peuvent s’élever jusqu’à 300 % du montant investi !

Ainsi, malgré leur situation financière parfois plus précaire, les familles monoparentales sont en mesure de tirer leur épingle du jeu. Vos conseils peuvent faire toute la différence !

La famille monoparentale et le fisc

S’il devient un parent monoparental, votre client devrait en informer les autorités fiscales dans le mois suivant la séparation. « Certains allègements fiscaux seront recalculés en fonction du nouvel état civil », indique Karine Précourt, directrice, Planification fiscale et successorale à Placements Mackenzie. D’autres sont cependant calculés en fonction du revenu familial au 31 décembre. Plusieurs aides gouvernementales sont offertes aux familles monoparentales. En voici quelques- unes :

  • Montant pour personne vivant seule, un crédit d’impôt non remboursable du gouvernement du Québec
  • Montant pour personne à charge, provenant du gouvernement fédéral
  • Montant pour enfant mineur aux études postsecondaires et montant transféré par un enfant majeur aux études postsecondaires
  • Allocation canadienne pour enfants
  • Paiement de soutien aux enfants, versé par le gouvernement québécois
  • La pension alimentaire pour l’ex- conjoint est imposable pour le bénéficiaire (déductible pour le payeur), mais pas celle pour les enfants (non déductible pour le payeur)
  • Les frais juridiques pour recouvrer une pension alimentaire sont déductibles d’impôt
  • Crédit d’impôt et déduction pour frais de garde d’enfants
  • Crédit d’impôt provincial pour activités des enfants
  • Prime au travail du gouvernement québécois
  • Crédit pour la TPS/ TVH
  • Crédit d’impôt pour solidarité

• Ce texte est paru dans l’édition d’octobre 2017 de Conseiller.

Nathalie Côté