Ce que femme veut

Par Christine Bouthillier | 25 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Super-héroïne
Photo : kho / 123RF

On a souvent qualifié le monde de la finance de boys club. Mais un portrait dressé par Conseiller l’an dernier montre que ce n’est plus tout à fait vrai, au Québec et au Canada, du moins[1].

En 2017, la moitié des membres de la Chambre de la sécurité financière (CSF) étaient des femmes (49,3 %). L’industrie peut se féliciter de cette parité, qui n’est pas atteinte dans bon nombre de secteurs et de firmes.

Selon les données colligées par Conseiller, les femmes constituent aussi de 27,2 à 46,3 % des dirigeants des grandes banques canadiennes et de 35 à 41,2 % des membres de leur conseil d’administration (CA).

En comparaison, les CA de l’ensemble des entreprises canadiennes cotées en Bourse ne comportent que 14 % de femmes. La situation n’est peut-être pas parfaite, mais l’industrie financière n’a pas à rougir de ces chiffres plutôt encourageants.

Grimper au plafond

Reste que si l’on se fie à plusieurs témoignages de femmes influentes du secteur, le fameux « plafond de verre » semble subsister. Dans certains milieux, les membres de la gent féminine vivent encore des contraintes les empêchant d’accéder aux échelons supérieurs sur le marché du travail.

Le portrait est également bien différent d’un secteur de l’industrie à l’autre. Par exemple, l’assurance de personnes et l’assurance collective de personnes comprenaient respectivement 32 % et 28 % de femmes en 2017, selon les données fournies à Conseiller par la CSF. En contrepartie, elles constituaient 54 % des représentants en épargne collective.

En 2014, les femmes ne représentaient que 15 % des conseillers indépendants en gestion de patrimoine au Canada, révélait toutefois le Globe and Mail[2].

Être en minorité vient avec son lot de défis, une réalité qui n’est pas toujours comprise par la majorité. Une conseillère d’expérience me racontait récemment qu’elle avait organisé une rencontre entre femmes de l’industrie afin qu’elles puissent échanger sur leur carrière et leur vécu. Une initiative qui a été accueillie avec perplexité par ses collègues masculins, qui ne voyaient pas la nécessité d’une telle réunion.

Pourtant, l’expérience de travail de ces femmes, de par leur statut minoritaire, est nécessairement différente de celle des hommes en situation de majorité. Avoir le loisir de discuter avec des personnes qui vivent la même chose ne peut que leur être bénéfique, sans rien enlever aux autres.

Se retrousser les manches

Pour faire plus de place aux femmes, certains militent pour l’instauration de quotas. Quoiqu’il s’agisse d’une solution envisageable, je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure réponse.

S’il y a peu de membres de la gent féminine dans certains milieux, c’est aussi parce qu’elles n’ont tout simplement pas envie d’y faire carrière. C’est sur les causes de ce désintérêt qu’il faut travailler. Améliorer la conciliation travail-famille (qui a déjà progressé dans les dernières années, il faut le dire), favoriser la recherche de compétences qui ne sont pas stéréotypées, miser sur des activités de réseautage plus rassembleuses que le golf ou le hockey…

Mais les femmes ont leur part à faire. Trop souvent, elles doutent d’elles-mêmes, n’osent pas mettre de l’avant leurs talents pour éviter d’avoir l’air de se vanter et hésitent à assumer un rôle de responsabilité, par manque de confiance et par crainte de gruger le temps passé en famille. C’est aussi à nous, mesdames, de prendre le taureau par les cornes et de foncer. Même avec toute l’aide du monde, personne ne peut le faire à notre place.

Malgré tout le chemin parcouru, les défis que peuvent vivre les femmes dans l’industrie financière sont donc toujours bien présents. C’est entre autres pour ces raisons que Conseiller et Finance et Investissement publieront en mars le livre électronique Femmes et services financiers : faire carrière et mieux servir. On y abordera notamment la place des femmes dans l’industrie, mais aussi la façon de répondre aux besoins de la clientèle féminine.

Conseiller, Finance et Investissement et Avantages tiendront également le 5 juin l’événement Femmes dans l’industrie financière[3]. Lors de cette journée de conférences, de panels et d’activités, les conseillères seront invitées à explorer les obstacles auxquels elles font face au quotidien et les stratégies pour les surmonter.

Parce qu’on a beau être en 2019, la situation n’est pas réglée et il faut continuer à y travailler.

Christine Bouthillier est directrice principale de contenu à Conseiller.


[1] Conseiller, « Quelle place pour la diversité dans l’industrie ? », bit.ly/2Ie2476

[2] The Globe and Mail, « Women and wealth: The investment sector’s new – and crucial – frontier », tgam.ca/2V76v4S

[3] Pour plus de renseignements, consultez le conseiller.ca/femmes2019

Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.