Des conseillers pour changer le monde

Par Daniel Guillemette | 18 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
7 minutes de lecture
Chaîne humaine
Photo : lekstuntkite / 123RF

Pourquoi avez-vous choisi la profession de conseiller indépendant? Si l’argent est la seule raison qui vous vient à l’esprit, ne perdez pas votre temps à lire ce qui suit, car ce texte n’a pas été écrit pour vous.

Quant à vous qui faites partie de l’auditoire à qui je m’adresse, j’aimerais vous proposer un exercice de réflexion visant à vous aider à positionner votre rôle dans la société en tant que professionnel de la santé financière.

Assurer la survie du conseil indépendant

Aider son prochain à mettre de l’ordre dans ses finances, à gérer les risques, à planifier sa retraite, à assurer la pérennité de son patrimoine, à s’assurer d’une distribution ordonnée et réfléchie de ses biens au décès : voilà une série de bonnes raisons qui peuvent vous inciter à poursuivre votre carrière malgré les obstacles qui se sont ajoutés au fil des ans, tels l’accroissement du fardeau réglementaire et des risques de plaintes et de poursuites, la pression à la baisse sur les commissions, et bien d’autres.

Même si vous êtes animé de ces motivations nobles qui font de vous un être exceptionnel, est-ce suffisant? N’avez-vous pas l’impression que les gens s’attendent à tout cela de votre part, compte tenu de votre formation et de la rémunération qui découle des produits dont vous faites la promotion?

Répondre aux attentes de sa clientèle est la base. Mais ne croyez-vous pas qu’il faudra en faire davantage lorsque les produits que vous distribuez seront devenus une commodité qu’on peut se procurer en seulement quelques clics?

Le laboratoire de recherche mis sur pied en 2017 par Diversico Finances humaines nous a permis de conclure que le virage vers un service fondé sur la transparence, l’objectivité et l’indépendance était la planche de salut du conseil indépendant. Il s’agit en effet, à mon avis, des trois éléments essentiels qui vous permettront de vous distinguer des plateformes de vente en ligne et de la concurrence des banques et de certaines compagnies d’assurance qui charment vos clients et espèrent vous éliminer comme intermédiaire.

Le laboratoire avait pour objectif de recueillir de l’information auprès de la clientèle afin de concevoir un modèle d’intervention permettant éventuellement aux conseillers de devenir indépendants des commissions.

Il a entre autres permis de constater que les consommateurs de produits et services financiers apprécient une approche globale de planification et qu’ils accordent de la valeur à la transparence, l’objectivité et l’indépendance. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le mouvement Asteris en avril 2018.

Nous étions alors convaincus, et nous le sommes toujours, qu’il s’agit de la meilleure façon de survivre à la tempête qui secoue la planète présentement. Seuls les plus naïfs d’entre nous continuent de croire que notre industrie ne subira pas la même transformation que celles du taxi et de l’hôtellerie.

Survivre, c’est bien. Prospérer, c’est mieux!

Conseillers autonomes, vous êtes passionnés par la finance et vous carburez à l’idée de rendre service aux gens. Est-il possible qu’il en soit de même pour la majorité de vos collègues, incluant ceux qui ont accepté de devenir des salariés au sein des banques, des caisses et des compagnies d’assurance ou de fonds d’investissement dont vous distribuez les produits?

À travers vos recommandations, vous pensez contribuer activement au mieux-être d’une partie de l’humanité. Vous vous trouvez compétent et vos connaissances vous permettent de croire que vous offrez des conseils judicieux, qui font une différence sur la santé financière de vos clients. Avez-vous l’impression d’être seul dans cette situation? Si oui, votre sentiment de supériorité est possiblement votre plus grand ennemi!

Je vais peut-être vous choquer, mais il n’y a rien, à mon avis, de plus semblable aux conseils offerts par un conseiller compétent que d’autres conseils offerts par un autre professionnel compétent. Ce sera encore plus vrai lorsque tous les conseillers se seront alignés sur de grands principes de transparence, d’objectivité et d’indépendance.

De mon point de vue, les motivations individuelles n’ont aucune valeur pour l’humanité et n’en ont jamais eu. Depuis quelques années, nous observons d’ailleurs la montée de ce qu’on appelle l’économie de partage. Ce mouvement visant à créer des communautés élargies par l’usage commun de biens ou services est en train de bouleverser toute la planète.

Les conseillers n’auraient-ils pas avantage à participer activement à ce renouveau? Pourquoi se limiteraient-ils simplement à aider les générations futures à maintenir de bonnes ressources financières alors qu’ils peuvent également contribuer à en faire de meilleures personnes en adaptant leur pratique à ces changements?

Un exemple

Au sein du mouvement Asteris, nous avons cherché à découvrir ce qui se cache derrière ces grands mouvements qui transforment nos vies présentement. Le tissu social est en changement et nous ne voulons pas attendre d’en subir les conséquences, mais nous cherchons plutôt à accélérer ces modifications si nos actions peuvent avoir pour effet d’améliorer le monde dans lequel nous vivons.

C’est ainsi que nous avons décidé d’augmenter le niveau de complexité de la mission d’Asteris. Tout en conservant son but initial d’améliorer la transparence, l’objectivité et l’indépendance des conseillers, son credo sera désormais : « Meilleur humain, meilleur monde ».

Pour concrétiser son engagement à améliorer la société, Asteris participe depuis plus d’un an, en étroite collaboration avec Diversico, ScanSquad, TechnoSquad et iGeny, à la conception du projet CEVIA (CEntre VIvant Asteris) situé sur la rue Saint-Jean, dans le Vieux-Longueuil. La végétation vivante et la réalité augmentée seront intégrées à l’environnement bâti de façon à favoriser le mieux-être de ses occupants, qui n’auront plus besoin d’attendre la fin de semaine pour bénéficier des bienfaits de la nature.

Notre immeuble patrimonial construit au 19e siècle sera entièrement rénové afin de le rendre autonome en eau et positif en énergie (il devra produire 105 % de l’énergie qui y sera consommée). Cinquième immeuble en Amérique du Nord inscrit au Living Building Challenge (certification écoresponsable de développement durable, dont les normes sont les plus élevées de la planète présentement), il vise à créer une communauté autonome qui favorise l’entraide et le partage local afin de réduire le transport de denrées et de biens, source de pollution. Une serre sera construite sur le site afin de nous permettre de cultiver des fruits et légumes frais qui seront distribués gratuitement à la communauté défavorisée locale ainsi qu’aux jeunes familles.

Pour avoir un meilleur monde, il faut de meilleurs humains. À terme, CEVIA deviendra ainsi le premier centre mondial de recherche, de formation et d’accompagnement pour les leaders d’entreprises qui souhaitent amorcer la transition vers la culture opale (de l’anglais teal organization), libérée de la hiérarchie et des luttes de pouvoir internes qui en découlent, sources de stress et de frustrations pour la plupart des employés!

Près de 400 sociétés1 dans le monde ont adopté un modèle semblable, dont l’entreprise d’articles sportifs Décathlon et Diversico. Véritable révolution dans la gestion d’entreprise, il existe parce que le modèle hiérarchique a atteint ses limites et n’a pas de pouvoir attractif sur les jeunes générations de travailleurs. Il repose principalement sur les grands principes de liberté individuelle et de respect de l’intégralité de la personne.

Dans ce type de culture, il n’y a pas de patron et personne n’a de pouvoir sur les autres. Les collaborateurs sont regroupés en équipes qui ont des missions précises au sein de l’entreprise. Chacune est entièrement autonome et gère ses priorités, sa logistique, ses vacances, sa formation et les recrutements. Elle fait appel aux autres équipes lorsqu’elle le juge nécessaire, par exemple lorsque l’un de ses membres découvre un risque, une crise ou une occasion. Les entreprises opales2 offrent un environnement idéal pour favoriser la créativité, l’utilisation de l’intelligence collective et l’instauration d’une véritable communauté. Leurs employés trouvent enfin un sens à leurs activités professionnelles au quotidien.

Un monde meilleur grâce à vous

Avez-vous déjà songé à vous engager dans une mission écoresponsable de développement durable visant le mieux-être de l’humanité? Vos clients et vos proches ne pourront qu’être heureux d’apprendre que vous agissez concrètement pour rendre notre monde meilleur.

Pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? Vous avez le pouvoir de faire une différence pour notre société et pour les générations à venir.

Choisissez votre cause, ou encore alliez-vous à celle du mouvement Asteris.

En collaboration avec Asteris*.

Daniel Guillemette est président de Diversico Finances humaines et membre fondateur d’Asteris.


1 Bernard-Marie Chiquet, Entreprises, osez l’holacratie !, bit.ly/2Nzcr6i 2 Ève Beauregard, L’organisation opale : comment un modèle d’organisation influence-t-il l’intégration du développement durable ?, bit.ly/2ZhLcnP


• Ce texte est paru dans l’édition de septembre 2019 de Conseiller. Vous pouvez consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web.

Daniel Guillemette

Daniel Guillemette est conseiller en sécurité financière depuis 1984. Il a terminé ses études en fiscalité à l’Université de Sherbrooke en 2000. Il dirige plusieurs cabinets de services financiers qu’il a acquis au fil du temps, la première acquisition datant de 1996. En 2008, inspiré de ses propres besoins, il a commencé à s’investir dans le projet iGeny, une entreprise visant à augmenter son agilité, sa capacité à s’adapter aux conditions changeantes. iGeny commercialise aujourd’hui iGeny Form, iGeny Pro, ScanSquad et offre également aux conseillers un service d’adjointes virtuelles.