Êtes-vous un conseiller technosaurus?

Par Eric F. Gosselin | 6 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture
Téléphone cellulaire vintage des années 1990.
Photo : thawornnurak / 123RF

Enfant, j’ai déjà demandé à mes parents si l’électricité existait « dans leur temps ». Plus tard, mes enfants m’ont demandé si j’avais Internet « dans mon temps »… Je leur ai répondu du tac au tac : « Non! Pas plus que Snapmachin, Facebidule et Youpartout! ». Tant qu’à se faire niaiser par ses enfants, aussi bien leur en donner pour leur argent…

Blague à part, vous savez que ma pratique professionnelle a un penchant techno et que je ne recule jamais devant le défi d’épauler un collègue réfractaire à appuyer sur un bouton, de peur de… je ne sais pas trop quoi, finalement. Malgré ce goût inné pour l’innovation, j’avoue que je me sens parfois un peu dépassé devant la rapidité à laquelle les outils évoluent et le déferlement continuel de nouvelles « révolutions ».

N’empêche, je ne deviendrai pas un conseiller technosaurus, le seul spécimen devant lequel je finis par abandonner mes efforts pour l’aider à grimper ce qu’il perçoit comme une montagne. Combien de technologies sont arrivées dans nos vies professionnelles et avons-nous cru éternelles? Les formulaires autocopiants (NCR) sans papier carbone entre les feuilles, le télécopieur, le modem téléphonique, l’ordinateur avec un écran ambre, meilleur pour les yeux, le cellulaire à la hanche gauche et un Blackberry à droite… La liste est longue et incomplète. La seule certitude dans ce domaine, c’est le changement.

La révolution est en marche

Je me rappelle une discussion tenue en 1994 avec un de mes collègues qui me disait qu’il n’avait pas besoin d’ordinateur sur son bureau, « car la planification financière s’est toujours faite avec une bonne calculatrice, une feuille et un crayon ».

« Ça ne changera pas parce que tu arrives avec ton ordinateur, le jeune, les clients n’aiment pas ça de toute manière », me disait-il. Ce conseiller technosaurus a quitté l’industrie deux ans plus tard pour retourner à l’emploi qu’il occupait 10 ans auparavant, soit professeur de tennis. Il a dû s’en mordre les doigts lorsque la technologie a fait son entrée dans le domaine du développement sportif…

Certains pensent à tort que tout a été inventé, qu’il ne reste que des fioritures à être ajoutées à des bidules qui en font déjà un peu trop. Si vous en êtes, pensez-y à deux fois. Par exemple, Apple vient d’intégrer à son téléphone une intelligence artificielle qui permet, entre autres, de prendre des photos de qualité professionnelle en saisissant plusieurs clichés sous différentes expositions lumineuses et en les assemblant. Et tout ceci est possible parce que l’intelligence artificielle est capable d’identifier ce qui se trouve sur la photo et de comprendre ce qui s’y passe!

Elle apprend et sera de plus en plus performante, capable non seulement de nous donner de meilleures photos, mais aussi de meilleures réponses aux questions que l’on se pose et de prévoir ce qu’on lui demandera, tous champs d’expertise confondus. Nous ne sommes qu’au début de cette révolution.

Qu’est-ce que cela signifie? Que l’être humain a toujours pensé à inventer des outils pour se faciliter la vie et augmenter sa productivité ou celle de ses employés. Pourquoi couper sa pelouse avec une tondeuse au lieu d’un rouleau? Pour passer plus de temps dans le hamac! Pourquoi numériser ses documents? Pour occuper moins d’espace, donc payer moins cher de loyer, économiser sur la manutention du papier, gagner en rapidité lorsqu’on récupère un document, faire plus avec moins!

Est-ce que cela s’arrêtera? Pas si l’on se fie aux vidéos en ligne sur les entrepôts automatisés d’Amazon ou sur les camions-remorques autonomes d’Otto (Uber), qui ont déjà effectué leurs premières livraisons dans le sud des États-Unis. Le conducteur amène le camion sur l’autoroute et la machine prend le relais, ne se fatigue pas, ne commet pas d’erreur d’inattention, n’envoie pas de textos en conduisant…

La suite

Une fois cela établi, que pouvons-nous ou devons-nous faire? Prendre notre retraite et officialiser notre statut de conseiller technosaurus ou profiter de l’incroyable occasion apportée par la nouvelle ère qui s’offre à nous?

Fini le temps des formulaires à remplir à la main quand une application logicielle peut le faire en trois clics, fini l’assemblage desdits formulaires avant ou après la rencontre avec le client et, donc, fini les délais interminables qu’engendrent toutes ces opérations… Des innovations permettent que le besoin du client soit adéquatement et rapidement comblé et que le conseiller puisse passer à l’étape supérieure.

Les épargnants ne nous paient pas pour remplir des formulaires, brasser du papier et le classer. Ils souhaitent que nous réfléchissions, que nous nous servions de notre cerveau et nos connaissances pour les aider à atteindre leurs objectifs, appuyés de technologies qui seraient trop sophistiquées pour leur utilisation personnelle.

C’est le devoir du conseiller de connaître les outils de pointe pour obtenir rapidement des réponses simples à des questions complexes. C’est votre devoir de revoir votre organisation bureautique et de vérifier s’il y a des fonctionnalités inutilisées sur des outils que vous employez déjà qui faciliteraient votre vie, ou des technologies nouvelles qui n’attendent que vous les essayiez. Elles devraient remplacer les vieilleries qui subsistent dans notre environnement, comme le satané télécopieur, pour nous aider à aller plus loin, plus rapidement et à moindre coût. Laissez les conseillers technosaurus disparaître et soyez le conseiller d’aujourd’hui!

Eric F. Gosselin, Adm.A., est planificateur financier, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective rattaché aux Services en placements PEAK.


• Ce texte est paru dans l’édition de novembre 2018 de Conseiller. Vous pouvez consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web.

Eric F. Gosselin