Les promesses électorales des Libéraux

22 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 22 novembre 2021
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Daniel Laverdière, directeur du centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859, a fait le tour de quelques-unes des promesses électorales du parti de Justin Trudeau.

Une des promesses, c’est l’introduction d’un régime enregistré d’épargne-propriété (REEP) pour faciliter l’achat d’une première maison. Il offre la possibilité aux premiers acheteurs de sortir 40 000 $de leur REER sans payer d’impôt et, à la différence du régime d’accession à la propriété (RAP), sans devoir rembourser le montant.

Daniel Laverdière n’est pas certain que ce soit une bonne affaire puisque le particulier devra sacrifier ses droits de cotisation REER à jamais.

« Perdre ses droits, cela a une valeur, affirme-t-il. Si la personne fait l’achat de sa première maison au début de la quarantaine, cela veut dire qu’elle perd une bonne trentaine d’années de rendement accumulé. »

Des calculs s’imposent donc pour évaluer différentes hypothèses de rendement et d’imposition afin de déterminer à combien s’élèveront nos avoirs après 60 ans selon que l’on utilise le REEP ou que l’on pige dans son épargne non enregistrée.

« Règle générale, on en sort gagnant, mais ça peut aussi être à coût nul, dit Daniel Laverdière. Par contre, ceux qui ont des investissements en actions ont plus de chances de sortir gagnants avec le REEP en raison des règles d’imposition. »

Le REEP devrait entrer en vigueur en juillet 2022, si l’on se fie au document déposé au Bureau du directeur parlementaire du budget.

« Il faut aussi se demander si la personne qui utilise le REEP sera davantage tentée d’acheter une propriété à un prix trop élevé pour ses moyens financiers. Il ne faudrait pas que les gens soient pris à la gorge à cause de ce nouveau régime ou que celui-ci participe à la hausse du prix des maisons », ajoute-t-il.

PROLONGER SA CARRIÈRE

Les libéraux ont aussi promis l’introduction d’un nouveau crédit d’impôt pour prolongation de carrière, qui s’adresse aux 65 ans et plus. En cette période de rareté la main-d’œuvre, cela pourrait aider les entreprises à pourvoir des postes vacants.

« C’est presque un copié-collé de celui offert au Québec quant aux seuils de revenu. Seule différence, celui du provincial est aussi offert aux personnes de 60 à 64 ans », explique Daniel Laverdière.

Pour les personnes gagnant plus de 5 000 $ et moins de 16 000 $, le crédit d’impôt non remboursable sera de 15% du revenu d’emploi. Il se chiffrera à 1 650$ pour les contribuables gagnant de 16 000 $ à 35 650$ (soit 15% de 11 000 $). Pour ceux dont le revenu est supérieur à 35 650 $, le crédit diminuera de 5 % par dollar dépassant ce seuil.

Ce crédit d’impôt devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2022. « Il sera possible de le demander aux deux paliers de gouvernement », précise M. Laverdière.

AIDE AUX AÎNÉS

Les libéraux ont promis d’augmenter le Supplément de revenu garanti (SRG) de 500 $ par an pour les personnes de 65 ans et plus qui vivent seules et de 750 $ pour celles qui vivent en couple.

Selon Daniel Laverdière, c’est toujours difficile de comprendre tous les paramètres d’une telle promesse sans savoir à quelle portion du SRG le montant va s’ajouter. Rappelons que le SRG est composé d’un montant de base et d’un complément qui, lui, est récupéré par l’État au fur et à mesure que les revenus augmentent. L’incidence fiscale ne sera donc pas la même selon que le 500 $ (ou le 750 $) s’ajoute au montant de base ou au supplément. Il faut donc attendre d’avoir des précisions à ce sujet avant de déterminer si cette mesure profitera réellement aux aînés.

CONTRER LE PHÉNOMÈNE DES FLIPS ?

Un nouvel impôt pourrait apparaître au prochain budget fédéral, soit l’Impôt pour l’achat ou la revente précipitée d’une résidence.

Cette mesure éliminerait l’exemption pour résidence principale accordée aux personnes qui vendent leur résidence principale dans les 12 mois suivant son achat. Les gains provenant de la vente seraient alors imposables. « Je me questionne sur la faisabilité d’une telle mesure. On est en droit de se demander si elle vise la bonne cible d’autant plus qu’il y a déjà une mesure pour taxer ceux qui rénovent dans le but d’une vente rapide. La notion de vente précipitée devrait être éclaircie », conclut Daniel Laverdière.