Des lauréats inspirants

Par Jean-François Venne | 28 mars 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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|Laurent Wermenlinger|Ruben Antoine|Anik Armand||||||
Laurent Wermenlinger, Ruben Antoine et Anik Armand.||||Lyne Duhaime, présidente pour le Québec de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes. Cette année, elle était la présidente du jury.|Francis Sabourin, gestionnaire de patrimoine et de portefeuille à Patrimoine Richardson.|Ann-Rebecca Savard, présidente de l’Association de la relève des services financiers (anciennement la division de Montréal du RJCQ) et conseillère indépendante affiliée à MICA Cabinets de Services financiers.|David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859 et formateur à l’Institut québécois de planification financière. |Sylvain de Champlain, président de De Champlain Groupe financier et premier vice-président du CA de la Chambre de la sécurité financière. |Alizée Calza, rédactrice en chef adjointe du magazine Conseiller.

La qualité des finalistes au concours 2023 Les conseillers à l’honneur ! n’a pas simplifié le travail du jury. Leurs choix se sont arrêtés sur deux conseillers et une conseillère qui se sont particulièrement distingués depuis le début de leur carrière.

« Les candidatures reçues étaient de très grande qualité dans chacune des catégories », souligne Lyne Duhaime, présidente pour le Québec et vice-présidente principale, politiques et réglementation de marchés de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP), qui présidait le jury cette année. « Le jury a souhaité reconnaître les conseillers et les conseillères ont su adapter leurs services et leur profession aux réalités et exigences contemporaines ou encore qui font évoluer leur profession. »

Certains aspects des dossiers l’ont favorablement impressionnée, notamment l’implication communautaire. « Cet engagement fort des conseillers dans leur communauté se reflète de façon positive sur la profession dans son ensemble », se réjouit-elle.

CONSEILLER ÉMÉRITE

Laurent Wermenlinger

Laurent Wermenlinger

Le conseil financier exige de solides connaissances en finance, mais aussi une aptitude à bien servir les gens. Laurent Wermenlinger considère ainsi que ses études en hôtellerie au cégep lui ont donné des outils fort utiles pour travailler avec sa clientèle. Il a ensuite enrichi ces compétences d’une formation en administration et finance à l’Université du Québec à Montréal.

C’est au Groupe Investors (maintenant IG Gestion de patrimoine) qu’il a effectué ses premières armes en planification financière, au début des années 1980. « IG avait une approche intéressante pour aider les conseillers à proposer aux gens des stratégies de placement efficaces et adaptées à leurs besoins, se rappelle-t-il. Encore aujourd’hui, je constate que les décisions quant à la stratégie de placement sont celles qui ont le plus d’incidence sur les investisseurs, souvent plus que les aléas du marché. »

Il se voit donc comme un guide. Il a d’ailleurs pu rapidement se mettre à l’épreuve dans ce rôle, puisqu’il a commencé sa carrière dans un contexte de récession alors que les chiffres du chômage et de l’inflation se faisaient la course vers le haut. Mais ce n’est pas un guide solitaire. Il a toujours voulu s’entourer de gens qui détenaient des connaissances complémentaires aux siennes, par exemple en fiscalité, en comptabilité ou en notariat, afin de bien orienter ses clients. « Personne n’est compétent dans tout », note-t-il.

« Encore aujourd’hui, je constate que les décisions quant à la stratégie de placement sont celles qui ont le plus d’incidence sur les investisseurs, souvent plus que les aléas du marché. »

CRÉER DE LA VALEUR

C’est toujours ainsi qu’il procède aujourd’hui, en tant que gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine à Valeurs mobilières Desjardins, au sein du Groupe Wermenlinger Sokolyuk. Et comme à ses débuts, le ciel financier s’est quelque peu assombri au cours de la dernière année, après plus d’une décennie de beau temps.

Laurent Wermenlinger admet que la situation actuelle sur les marchés est devenue plus complexe. « La géopolitique, notamment, joue un rôle très important et nous devons en tenir compte dans nos réflexions, précise-t-il. Pour cela, nous devons avoir accès à de bonnes sources d’informations et nous intéresser encore plus que d’habitude à ce qui se passe dans le monde. »

Malgré tout, certaines choses ne changent pas. « Peu importe le contexte, notre défi demeure le même : créer de la valeur pour nos clients, poursuit-il. C’est un peu plus compliqué quand le marché des actions est au ralenti et que celui des obligations ne fournit pas de très forts gains, mais notre création de valeur dépasse le simple rendement des placements. »

CALMER LES ARDEURS

En fait, les difficultés sur les marchés ramènent le conseiller à ses rôles les plus importants : planificateur financier et coach comportemental. En effet, détenir un plan à jour aide le client à prendre des décisions plus efficaces quand la situation se corse. À condition de s’y tenir ! Ce qui nous amène à la fonction de coach comportemental. Les marchés volatils sont propices aux erreurs. Un client peut par exemple paniquer et vouloir retirer ses billes du marché des actions au pire moment. Le conseiller doit l’aider à rester rationnel et à éviter les bourdes.

Un rôle plus compliqué depuis l’avènement d’Internet, qui donne facilement accès à tous à une panoplie d’informations et de conseils plus ou moins avisés. « C’est bien d’avoir de l’information, mais ce qui compte c’est le jugement, croit Laurent Wermenlinger. Nous devons amener le client à voir les choses comme elles sont et à bien réfléchir avant de prendre des décisions. »

CONSEILLER DE MOINS DE 40 ANS

Ruben Antoine

Ruben Antoine

Ruben Antoine a travaillé en comptabilité pendant quelques années à Montréal, aux îles Vierges britanniques et à Londres après ses études à HEC Montréal. Ce métier assouvissait sa passion des chiffres, mais répondait moins à son envie d’être en contact avec des gens. Il s’est donc mis en quête d’une profession qui réunirait ces deux éléments. C’est comme cela qu’il a découvert la gestion de patrimoine privé.

« Ça rend le travail avec les chiffres très concret, car on s’efforce d’aider les clients à atteindre leurs objectifs de vie et à réaliser leurs rêves, explique-t-il. C’est très gratifiant. J’ai vraiment trouvé ma vocation ! »

Ruben Antoine est, depuis 2015, gestionnaire de portefeuille chez Tulett, Matthews & Associates. Il estime bien sûr qu’une solide compréhension des produits financiers et des marchés se situe au coeur des compétences d’un gestionnaire de portefeuille, mais que cela ne suffit pas. « Nous devons avoir une bonne compréhension générale de plusieurs aspects de la vie financière du client, pas seulement ses placements, souligne-t-il. Par exemple, ma connaissance de la fiscalité m’aide beaucoup, car elle me permet d’identifier les conséquences fiscales des décisions du client. »

« J’aime beaucoup mon travail, mais je souhaite tout autant m’engager pour augmenter la richesse de certaines communautés. »

AIDER SA COMMUNAUTÉ

En janvier 2022, Ruben Antoine est devenu membre du Black Wealth Club. Fondé par Alexander Sinora et Paul Desmarais III, cette organisation vise à corriger le manque de ressources et de soutien dans la communauté noire en réunissant ses leaders émergents. Elle offre chaque année à une cinquantaine de personnes des conférences, des séances de réseautage et des ateliers pour améliorer leurs compétences en affaires et en leadership et constituer des réseaux de soutien. L’objectif ultime est de créer de la richesse dans la communauté noire.

Ruben Antoine occupe également un siège au conseil d’administration de Microcrédit Montréal, qui aide de petits entrepreneurs — en grande partie des femmes et des immigrants — à monter leur affaire grâce à des prêts d’honneur. L’organisme aide aussi les professionnels issus de l’immigration à payer pour les formations leur permettant de pratiquer leur profession au Québec.

« J’aime beaucoup mon travail, mais je souhaite tout autant m’engager pour augmenter la richesse de certaines communautés », explique Ruben Antoine.

MONTRER SA VALEUR

Comme beaucoup de ses collègues, le gestionnaire de patrimoine constate que l’arrivée des conseillers robots et des plateformes gratuites de courtage en ligne influence les attentes de la clientèle. De plus en plus de clients se montrent rébarbatifs à l’idée de payer des frais. Ils veulent aussi obtenir des services très personnalisés et facilement accessibles par l’entremise d’outils numériques.

« Nous devons vraiment réussir à bien expliquer comment nos conseils et notre coaching comportemental ajoutent de la valeur pour eux », estime le conseiller.

Le contexte actuel peut servir d’allié en ce sens. Depuis plusieurs années, le marché des actions grimpait presque sans arrêt et les obligations ne fournissaient à peu près pas de rendement. Cela réduisait le risque d’erreur des investisseurs autonomes et facilitait la vie aux adeptes de la gestion passive. Mais la volatilité actuelle ramène tous les vieux démons:les décisions prises par panique, la tentation d’anticiper le marché, le désir de frapper un grand coup, etc.

« Notre rôle consiste justement à aider les investisseurs à rester calmes et à leur donner une certaine perspective, afin de leur éviter de prendre une mauvaise décision qui coûte cher. »

CONSEILLÈRE LA PLUS ENGAGÉE DANS SA COMMUNAUTÉ

Anik Armand

Anik Armand

Lorsqu’elle était en début de carrière, Anik Armand envisageait de travailler dans l’entreprise de marketing de son père. Sauf qu’au moment où elle devait commencer, son père a vendu sa firme. Elle entre donc plutôt chez Lévesque Beaubien en 1990 — l’ancêtre de la Financière Banque Nationale (FBN) — en tant qu’adjointe aux conseillers. « J’ai aimé cela et quelques années plus tard, j’ai décidé de me lancer dans cette aventure. »

Elle mène pendant plusieurs années une carrière de conseillère en placement, d’abord à RBC, puis chez Lévesque Beaubien et à la FBN, avant de prendre un tournant vers la conformité. Elle travaille dans ce domaine entre 2003 et 2007, à la FBN, puis à Valeurs mobilières Desjardins, où elle finit par revenir à ses premières amours : le conseil en placement et la gestion de portefeuille.

« Au départ, [j’utilisais la philanthropie] pour me faire des contacts, mais le développement des affaires est très rapidement passé au second plan et j’ai continué parce que j’ai constaté les retombées [qu’elle] avait dans la vie des gens. »

DONNER AU SUIVANT

Ce bref retour sur une carrière bien remplie ne constitue toutefois que la moitié de l’histoire. Depuis 2007, Anik Armand consacre une bonne partie de son temps à la philanthropie. « Au départ, c’était pour me faire des contacts, mais le développement des affaires est très rapidement passé au second plan et j’ai continué parce que j’ai constaté les retombées que la philanthropie avait dans la vie des gens », raconte-t-elle.

Elle attribue cette découverte à des personnalités inspirantes comme Roger Duceppe, directeur général de la Fondation Aline-Letendre de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe pendant plus de 20 ans, ainsi que Me Isabelle Doyon, directrice générale de la Fondation Honoré-Mercier. « Ce sont deux personnes formidables, qui m’ont fait voir la philanthropie d’une autre manière et qui ont rendu cet engagement très agréable », insiste Anik Armand.

Cette dernière a contribué depuis 15 ans à la création et à l’organisation du Défi Vélo Santé et d’autres événements de la Fondation de l’Hôtel-Dieu, en plus de siéger aux comités organisateurs des événements de la Fondation Honoré-Mercier, notamment le tour du mont Saint-Hilaire à vélo et le Rallye Gourmand. Elle a aussi participé aux activités de la Fondation Ressources pour les enfants diabétiques (FRED), de la Fondation des Canadiens pour l’enfance et de la Fondation Hôtel-Dieu de Sorel.

Même la pandémie ne l’a pas arrêtée. « Les besoins n’ont pas disparu pendant cette période, au contraire, donc nous refusions de baisser les bras. » Grâce à des activités de levée de fonds innovantes, comme la Grande Loterie Santé Desjardins, la Fondation Honoré-Mercier a amassé autant d’argent que d’habitude, malgré l’annulation de plusieurs événements.

PROJET MAJEUR

En moyenne, ces activités lui prennent une demi-journée par semaine. Mais certains projets lui en demandent parfois bien plus. C’est le cas actuellement du projet de construction d’une clinique de santé préventive sur la Rive-Sud de Montréal, où l’on retrouvera notamment une chaire de recherche. Elle co-préside la campagne de financement de ce projet avec l’administratrice chevronnée Micheline Bouchard. « C’est bien de lever des fonds pour acheter des équipements médicaux, mais ça ne peut résoudre tous les problèmes de notre système de santé, explique-t-elle. Travailler en prévention est crucial. »

Elle admet une certaine fierté de voir sa fille et son fils suivre ses traces aujourd’hui en s’engageant eux aussi envers les causes qui leur tiennent à coeur.

Consultez notre dossier complet au www.conseiller.ca/dossier/concours-2023-les-conseillers-a-lhonneur

QUI SONT LES MEMBRES DU JURY ?

Ces professionnels reconnus dans l’industrie financière québécoise ont eu la lourde tâche de décider qui serait récompensé dans chaque catégorie du concours Les conseillers à l’honneur !

Lyne Duhaime, présidente pour le Québec de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes. Cette année, elle était la présidente du jury.

Francis Sabourin, gestionnaire de patrimoine et de portefeuille à Patrimoine Richardson.

Ann-Rebecca Savard, présidente de l’Association de la relève des services financiers (anciennement la division de Montréal du RJCQ) et conseillère indépendante affiliée à MICA Cabinets de Services financiers.

David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859 et formateur à l’Institut québécois de planification financière.

Alizée Calza, rédactrice en chef adjointe du magazine Conseiller.

Sylvain de Champlain, président de De Champlain Groupe financier et premier vice-président du CA de la Chambre de la sécurité financière.

Jean-François Venne