Les implications contractuelles et fiscales des créateurs de contenu

Par Alepin Gauthier Avocats inc. | 13 mai 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture

Influenceur devient une profession de plus en plus populaire surtout chez vos jeunes clients. Il est donc utile de revenir sur certains concepts de base et de rappeler comment les revenus de ces professionnels sont considérés et traités à des fins fiscales.

Les influenceurs Web sont des personnes actives sur les réseaux sociaux qui utilisent leur statut et renommée afin d’attirer des abonnés ainsi que pour promouvoir des produits et services d’entreprises qui les commanditent. Naturellement, plus la notoriété de l’influenceur est élevée, plus les entreprises désirent s’associer avec lui.

Les plateformes de médias sociaux comme YouTube, Instagram, Twitch, Facebook, Twitter ou les blogues leur ont permis de gagner des revenus de différentes façons, monétaires ou non monétaires en tant que créateur de contenu. C’est maintenant une façon légitime et parfois même très lucrative de gagner du revenu.

Or, il est aussi possible et il arrive très souvent qu’un influenceur soit approché par une entreprise afin d’utiliser les produits de cette dernière comme un jeu vidéo, des boissons, des vêtements, du maquillage et divers autres produits, dans une de leurs publications. Voici des exemples de contrepartie versée par ces entreprises pour les services rendus par les influenceurs :

  • Cadeaux et dons;
  • Commandites;
  • Revenus de publicités;
  • Vente de marchandises ou commissions sur celles-ci; et
  • Pourboires.

LES CONTRATS ET ENTENTES ENTRE L’INFLUENCEUR ET L’ENTREPRISE

Tout influenceur devrait prendre le temps de bien analyser tout contrat ou toute entente proposée par une entreprise avant d’apposer sa signature afin de s’assurer de bien maîtriser l’étendue de ses droits et obligations. Souvent, il y a des clauses qui viennent limiter leur liberté d’expression. Par exemple, dans certaines ententes, il est indiqué que l’influenceur doit seulement faire des commentaires positifs à l’égard du ou des produits de l’entreprise.

Il arrive qu’un contrat écrit et formel n’existe pas entre les parties, mais plutôt un échange de consentement libre et éclairé. Nous vous rappelons qu’un contrat verbal, bien que ce soit plus difficile à prouver qu’un contrat écrit, est tout aussi valide.

Les influenceurs doivent aussi prendre en compte, lire et bien comprendre le contrat qui les lie à la plateforme des médias sociaux sur lesquels il publie. Le non-respect de ses obligations pourrait avoir des impacts sur ses revenus. Les influenceurs pourraient même se voir interdire d’utiliser les différentes plateformes pour créer du contenu.

LES CONTRATS AVEC LES ÉQUIPES PROFESSIONNELLES

Les contrats avec les équipes professionnelles apparaissent souvent dans l’industrie des jeux vidéo. Les personnes recrutées par des équipes professionnelles doivent faire très attention aux clauses de résiliation du contrat, de rachat et de partage de revenu, lesquelles ne sont pas toujours en faveur de l’individu.

Si la personne ne comprend pas l’entièreté du contrat ou si certaines clauses lui apparaissent ambiguës, il est dans son intérêt de contacter un avocat puisque ces contrats peuvent avoir une portée assez large sur plusieurs années.

IMPOSITION DES REVENUS

Le revenu gagné (monétaire et non monétaire) par un influenceur pourrait être le fruit d’une activité commerciale et le cas échéant devoir être inclus dans le calcul de ses revenus. Toutefois, ce dernier pourra déduire ses dépenses raisonnables qui ont été nécessaires pour gagner ces revenus. L’agence du revenu du Canada est d’avis que les activités sur les réseaux sociaux sont commerciales lorsqu’elles ont un aspect lucratif.

TAXE DE VENTE

Également, l’influenceur pourrait devoir s’inscrire aux fichiers de la TPS et TVQ si ces fournitures taxables totalisent plus de 30 000 $ au cours de quatre trimestres civils. Il devrait alors percevoir les taxes de vente sur ces ventes et honoraires et les remettre aux autorités fiscales.

DIVULGATION VOLONTAIRE

L’influenceur pourra régulariser sa situation fiscale, le cas échéant, en soumettant aux autorités fiscales une demande de divulgation volontaire et ainsi éviter des pénalités.

En conclusion, il est dans l’intérêt de l’influenceur de discuter avec des professionnels pour toutes les questions de nature légale et fiscale au sujet des ententes proposées et des considérations reçues ou recevoir pour les publications publiées sur les réseaux sociaux.

Me André Perron

Alepin Gauthier Avocats Inc.

Cette chronique contient de l’information juridique d’ordre général et ne devrait pas remplacer un conseil juridique auprès d’un avocat ou d’un notaire qui tiendra compte des particularités de votre situation.