Pourquoi Hardbacon me cause une indigestion

Par Fabien Major | 12 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Au cas où vous l’auriez manqué, l’ancien journaliste du journal Les Affaires Julien Brault a lancé récemment une firme qui fait du courtage en ligne nouveau genre. De ce que je comprends du modèle d’affaires, Hardbacon veut devenir un intermédiaire financier spécialisé dans les robots-conseillers et portefeuilles de FNB.

Dans un récit paru le 1er août sur LesAffaires.com, Brault a avoué avoir lancé son projet avant qu’il ne soit prêt. Quelques secondes de navigation sur le site permettent de confirmer cette assertion : des centaines de fautes d’orthographe, d’approximations et de clichés usés à la corde truffent le site Hardbacon.ca.

Monsieur Brault et ses acolytes dénoncent notamment le manque de transparence de l’industrie financière, sans même aborder la question du MRCC 2 et des nombreuses règles saluées à l’unanimité par l’industrie et la presse financière. Un sujet qui fait les manchettes depuis quatre ans déjà.

Et que dire des infopublicités rédigées par le planificateur financier Frédéric Baillargeon…

Pour votre édification personnelle, je vous invite à découvrir ces perles :

Message à monsieur Baillargeon

J’ai lu dans votre bio que vous terminiez votre eMBA à l’UniVESITÉ (sic) Paris Dauphine. Sans doute s’agit-il du programme parrainé par l’École des Sciences de la Gestion que j’ai moi aussi suivi. J’espère que vous ne manquerez pas les cours qui traitent d’éthique. Ils vous permettront peut-être de comprendre l’importance de communiquer aux clients et clients potentiels une information honnête, juste, claire et équilibrée. Peut-être aussi comprendrez-vous l’importance de citer vos sources et de ne pas mentionner uniquement celles qui servent votre démonstration.

Petit rappel : de récentes études de l’Université de Yale ont démontré que plus le contenu d’un portefeuille diffère des indices, plus il a tendance à surclasser ceux-ci. Quand un fonds s’éloigne à plus de 90 % du contenu de son indice de référence, il dégage en moyenne 1,7 % en valeur ajoutée NETTE de frais.

Et c’est très simple à comprendre. Les gros fonds indiciels à la mode ne suivent que les mêmes 3 000 titres, souvent à maturité, alors que le monde boursier compte 50 000 sociétés publiques dont certaines sont négligées par les analystes et la presse de manière outrancière. La véritable gestion active surpasse bien plus souvent qu’on le pensait les indices de référence. Elle peut par ailleurs très bien cohabiter avec la gestion passive. Omettre ces faits, c’est induire volontairement le public en erreur.

« Que ce soit dans le domaine du bridge, des échecs ou de la sélection de titres boursiers, qu’y a-t-il de plus avantageux dans un concours intellectuel que d’avoir des adversaires qui pensent que réfléchir est un gaspillage d’énergie? »

Warren Buffett, Lettre financière de Berkshire Hathaway 1985

Fabien Major

Fabien Major, MBA, Adm.A., est planificateur financier et conseiller en placement. Il possède aussi le cabinet Major Gestion Privée, lié à Assante, à Montréal.