Brexit : la City pourrait perdre jusqu’à 40 000 banquiers

Par La rédaction | 3 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dans la foulée du Brexit, la place financière de Londres pourrait voir disparaître jusqu’à 40 000 postes de banquiers d’affaires au cours des prochaines années, rapporte Reuters.

Reprenant les conclusions d’une note publiée mardi par le cabinet de consultants Oliver Wyman, l’agence de presse relève que « les banques se préparent actuellement au pire des scénarios, celui dans lequel elles perdraient l’accès au marché unique européen une fois la sortie effective, soit après 2019 ».

Plusieurs importantes banques d’investissement américaines, dont Citigroup, Bank of America et Morgan Stanley, ainsi que britanniques, notamment Barclays, ont en effet annoncé il y a quelques semaines qu’elles étaient en train d’établir des filiales sur le Vieux Continent.

LES BANQUIERS REDOUTENT UN BREXIT « DUR »

« Les banques travaillent sur des mouvements […] qui élargissent leurs possibilités sans accroître notablement les coûts d’une mise en œuvre ou d’un abandon. Une fois atteint le point où on met des éléments de bilan et du capital dans une entité, cela devient plus contraignant. L’économie reprend vraiment ses droits quand les banques commencent à déployer des ressources financières », commente Matt Austen, chargé des activités de services financiers d’Oliver Wyman en Grande-Bretagne.

Selon le cabinet de consultants, les premières opérations de délocalisation des grandes institutions financières pourraient entraîner le déplacement de quelque 12 000 à 17 000 postes. Toutefois, en raison de certaines questions encore en suspens, en particulier celle de la compensation, ce nombre pourrait atteindre 40 000 emplois.

Dans une étude réalisée l’automne dernier à la demande de l’organe de promotion de la City, TheCityUK, Oliver Wyman avait déjà prévenu qu’un Brexit « dur », où le Royaume-Uni se verrait refuser l’accès au marché européen, assorti de la perte du « passeport européen », risquait de faire disparaître jusqu’à 75 000 postes dans le domaine de la finance, en incluant les secteurs de l’assurance et de la gestion.

JUSQU’À 16,5 G$ DE RECETTES FISCALES EN MOINS

De son côté, le gouvernement britannique pourrait perdre jusqu’à 10 milliards de livres (16,5 milliards de dollars canadiens) en recettes fiscales, trou généré par le départ de milliers de salariés fortement rémunérés.

Pour l’instant, les banques se montrent néanmoins prudentes en ce qui concerne la mise en pratique des projets de relocalisation de leurs employés, souligne Reuters. Elles s’assurent simplement de disposer « du cadre opérationnel et légal qui permettrait de le faire si nécessaire, c’est-à-dire en l’absence d’un accord de sortie de la Grande-Bretagne favorable », explique l’agence de presse.

Une fois que ce cadre sera défini, elles pourraient prendre plusieurs initiatives, précise la note d’Oliver Wyman. « Leurs équipes de gestion peuvent trouver des raisons commerciales pour déplacer plus de monde, par exemple pour mettre en avant la collaboration entre vendeurs, commerçants et gestionnaires de risques, tout en maintenant la proximité avec les clients », indique le cabinet.

MINIMISER LES FRAIS ET LES PERTURBATIONS

« La plupart essayent de minimiser les frais et les perturbations en relocalisant le plus petit nombre possible de collaborateurs dans un premier temps », constate néanmoins Oliver Wyman.

« Mais si on veut relocaliser avant mars 2019, on ne peut pas attendre au-delà de l’été prochain, peut-être même avant cela », ajoute Matt Austen.

Le cabinet prévoit par ailleurs que l’éventuelle création de nouvelles entités européennes pourrait mobiliser de 30 à 50 milliards de dollars de fonds propres supplémentaires, soit l’équivalent de 15 % à 30 % de ceux aujourd’hui alloués au Vieux Continent par les principales institutions financières internationales.

« Compte tenu du fait que le rendement des fonds propres dans les banques d’investissement européennes est déjà sous la ligne de flottaison pour plusieurs d’entre elles, ces nouveaux défis vont poser la question de la viabilité de certaines activités à moyen terme », conclut Oliver Wyman.

Combien coûte la relocalisation d’un banquier?

La banque HSBC, qui prévoit relocaliser 1 000 de ses employés à Paris, a inscrit une charge de quatre millions de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre, assortie de la mention « coûts associés à la sortie du Royaume-Uni de l’Europe », rapporte Capital.

Lors d’une conférence téléphonique, le PDG du groupe britannique, Stuart Gulliver, a par ailleurs annoncé que le montant global de son opération de repli sur la capitale française pourrait s’établir entre 200 et 300 millions de dollars. Rapporté aux 1 000 salariés concernés, cela équivaut à la coquette somme de 169 000 à 254 000 euros par banquier (252 000 à 379 000 dollars canadiens), précise Capital.

La rédaction