Le Brexit freinera la croissance au Canada

Par La rédaction | 14 juillet 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La Banque du Canada (BdC) estime que la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne risque de réduire la croissance du produit intérieur brut (PIB) du pays de 0,1 % au cours des deux prochaines années.

Pour 2017, la BdC prévoit une progression du PIB national de 2,2 % (contre 2,3 % dans ses précédentes prévisions), tandis qu’en 2018, celui-ci devrait augmenter de 2,1 % (comparativement aux 2 % qu’elle anticipait au printemps dernier).

L’institution fédérale a fait ces prédictions hier dans le cadre de la publication de son nouveau Rapport sur la politique monétaire. Il s’agit de son premier commentaire officiel depuis que les Britanniques ont voté majoritairement pour le Brexit le 23 juin.

Tel qu’anticipé par les analystes, la BdC a par ailleurs annoncé le maintien du taux cible du financement à un jour à 0,5 %.

UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE INÉGALE EN 2016

La croissance économique a été inégale au pays depuis le début de l’année, relève la banque centrale dans son rapport.

« Le PIB réel s’est accru de 2,4 % au premier trimestre mais il s’est replié de 1 % au deuxième, étant tiré vers le bas par les échanges commerciaux volatils, les dépenses de consommation irrégulières et les incendies en Alberta », explique-t-elle.

L’institution fédérale dit néanmoins s’attendre à ce que le PIB augmente de 3,5 % au troisième trimestre, notamment grâce à la reprise de la production de pétrole et la reconstruction à Fort McMurray. Elle juge aussi que les dépenses de consommation devraient être stimulées par la nouvelle Allocation canadienne pour enfants.

Globalement, la banque a revu à la baisse ses projections de croissance de l’économie canadienne à 1,3 % pour cette année afin de « tenir compte de perspectives plus faibles relatives aux investissements des entreprises et d’un profil plus faible pour les exportations », un phénomène qui, selon elle, est dû « à un ajustement à la baisse des dépenses d’investissement aux États-Unis ».

L’INFLATION PLUS ÉLEVÉE QUE PRÉVU

De son côté, l’inflation devrait « avoisiner 2 % en moyenne tout au long de 2017 », et ce, bien qu’elle ait récemment été « un peu plus élevée » que prévu, « en grande partie en raison de la hausse des prix des produits énergétiques de consommation ».

« Dans l’ensemble, les risques entourant le profil de l’inflation sont relativement équilibrés, même si les implications du vote sur le Brexit sont très incertaines et difficiles à prévoir », conclut la banque centrale, qui souligne par ailleurs le fait que « les vulnérabilités financières sont élevées et s’accentuent, surtout dans les régions du Grand Vancouver et du Grand Toronto ».

À noter que la prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour sera le 7 septembre.

Les taux négatifs rendent l’argent comptant attrayant

Même si les taux d’intérêt négatifs font désormais partie du paysage financier de l’Europe et du Japon, « il existe des contraintes à l’utilisation d’une telle politique monétaire », notamment la possibilité de se rabattre sur l’argent comptant, souligne une note économique publiée mardi par Desjardins.

« Devant l’option de payer de l’intérêt sur un dépôt ou sur un placement sur le marché obligataire, il peut devenir plus avantageux de conserver du numéraire, écrit Hendrix Vachon, économiste au Mouvement. Or, si un grand nombre d’individus optait pour cette stratégie, le système financier manquerait de fonds pour octroyer du crédit et la politique monétaire, comme nous la connaissons, deviendrait peu efficace pour stimuler l’économie. »

PREMIERS SIGNES AU JAPON ET EN SUISSE

Alors que le fait de détenir du liquide présente certains inconvénients (risque de vol, coûts d’un coffre-fort, etc.) et que, jusqu’à présent, « les craintes d’un déplacement massif vers le papier monnaie ne se sont pas matérialisées », l’économiste estime que nous assistons peut-être aujourd’hui aux « premiers signes d’un tel déplacement au Japon et en Suisse », deux pays où la quantité d’argent en circulation augmente maintenant plus rapidement.

Sa conclusion? Si cette tendance s’accentue, les banques centrales pourraient y voir à deux fois avant de continuer à avoir recours aux taux négatifs.

« D’autres outils devraient alors être employés pour stimuler l’économie et l’inflation », conclut Desjardins.

La rédaction