Le Brexit menace des dizaines de milliers d’emplois

Par La rédaction | 31 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) prendra du temps et entraînera, à terme, la perte de « plusieurs dizaines de milliers d’emplois », estime un influent lobbyiste de la City de Londres.

« Avec le Brexit, la City sera plus petite », déplore Mark Boleat, interrogé par Le Monde après le récent discours de la première ministre Theresa May confirmant le choix d’un Brexit « dur ».

Des institutions financières de poids telles que HSBC, UBS, Morgan Stanley, Citigroup et Goldman Sachs, entre autres, ont déjà officiellement annoncé qu’elles prévoyaient « délocaliser » des emplois. Lloyds Banking Group serait aussi sur son départ, tandis que Barclays vient d’indiquer qu’elle déménagerait son siège social européen de Londres à Dublin (en Irlande) lorsque le Brexit sera engagé.

JUSQU’À 75 000 POSTES SUPPRIMÉS

Pour l’instant, seuls quelques milliers d’emplois seraient touchés, selon les établissements bancaires (1 000 à HSBC et UBS, par exemple, tandis que Morgan Stanley a prévu d’en déménager le même nombre dans les secteurs des ventes, du trading, de la gestion du risque, du juridique et de la conformité, selon Reuters).

Mais si l’on en croit Mark Boleat, également président des politiques de la City, ce n’est là qu’un début, puisqu’un rapport du cabinet Oliver Wyman publié en octobre dernier « prévoyait, selon les scénarios, entre 2 000 et 75 000 emplois perdus ».

Or, « on est désormais probablement plus proche de 75 000 que de 2 000 », affirme-t-il dans Le Monde. Impossible cependant d’être plus précis : « Est-ce que cela veut dire 65 000 ou 40 000? Je n’en sais rien. Cela dépend des négociations à venir. »

LES CHOSES SE FERONT LENTEMENT

Selon Mark Boleat, le transfert des emplois de Londres vers d’autres capitales de l’UE risque toutefois de s’étaler sur des années.

« Cela ne va pas se passer du jour au lendemain, insiste-t-il. Très peu d’institutions vont tout bouger d’un coup. Elles vont faire le strict minimum pour assurer la continuité de leurs affaires au lendemain de la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE, au plus tôt en avril 2019. Ensuite, elles feront progressivement le point. »

En fin de compte, « le Brexit serait donc une sorte d’accident de voiture au ralenti : la percussion avec le mur est inévitable, mais l’impact n’a pas encore eu lieu et on ne sait pas si un coup de frein au dernier moment limitera les dégâts », résume Le Monde.

Tout dépendra des futures négociations qui se dérouleront entre Londres et Bruxelles, explique Mark Boleat. Il rappelle que Theresa May a exclu de rester dans le marché unique, ce qui, sur un plan juridique, signifie que les produits financiers britanniques ne pourront plus être vendus aussi facilement qu’auparavant en UE.

LA CITY VOUDRAIT UN « PASSEPORT EUROPÉEN »

Désormais, la City tente d’obtenir par tous les moyens un système équivalant à l’actuel « passeport européen », qui lui permettait d’ignorer les frontières et de servir depuis Londres ses clients partout dans l’Union. Techniquement, la chose serait facile à réaliser, soutient Mark Boleat, mais encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique de le faire.

« Il est possible que l’Europe comprenne que la perte soudaine de l’accès au centre financier n’est pas une très bonne idée. Et donc, il pourrait y avoir des efforts pour mettre en place un régime d’équivalence solide, mais on ne le saura pas jusqu’à la dernière minute. Et d’ici là, les institutions financières auront pris des décisions », conclut le lobbyiste.

HSBC ferme 117 agences au Royaume-Uni

HSBC a annoncé la semaine dernière son intention de fermer 117 agences et de supprimer près de 400 postes cette année en Grande-Bretagne afin de « réduire ses coûts », rapporte Reuters.

Ces fermetures constituent la dernière phase de la restructuration des activités britanniques du groupe, selon ce dernier. Environ la moitié des emplois abolis le seront dans le secteur informatique. Ils seront transférés en Inde, en Chine et en Pologne.

La banque a justifié ces mesures en expliquant que le nombre de clients effectuant des transactions en agence avait chuté de 40 % en cinq ans.

La rédaction