Les effets pervers de l’abolition des commissions de suivi

Par Pierre-Luc Trudel | 24 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Avant de songer à abolir les commissions de suivi, les régulateurs doivent en étudier sérieusement les conséquences sur l’accès au conseil financier pour les Canadiens, qui pourraient s’avérer néfastes pour les moins nantis.

C’est le message qu’a lancé Carol Lynde, présidente et directrice de l’exploitation à Gestionnaires d’actifs Bridgehouse, aux membres de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) rassemblés jeudi dans le cadre de leur congrès annuel.

« Il est clair que le conseil financier est essentiel à la prospérité des Canadiens. Plus que jamais, nous devons en discuter avec les investisseurs et les régulateurs », a-t-elle affirmé en guise d’introduction.

Selon elle, l’abolition des commissions de suivi pourrait dissuader de nombreux investisseurs d’obtenir des conseils financiers. C’est ce qui s’est produit en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, trois pays qui ont connu d’importants changements réglementaires au cours des dernières années.

L’abolition des commissions de suivi aurait notamment pour effet d’augmenter la quantité d’actifs nécessaires pour pouvoir travailler avec les clients, ce qui laisserait certains d’entre eux à l’écart.

LES CLIENTS PRÉFÈRENT LES COMMISSIONS

Un sondage conduit en 2015 par l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) a également révélé que la majorité des Canadiens préfèrent les commissions aux honoraires, souligne Mme Lynde. Ainsi, 51 % des épargnants préfèrent les frais intégrés aux placements, alors que 37 % préfèrent payer des frais directs.

« Les clients veulent avoir le choix, et c’est une bonne chose », a-t-elle dit, en ajoutant qu’il existe « de meilleures façons de gérer les conflits d’intérêts que d’abolir les commissions ».

La consultation des Autorités en valeurs mobilières du Canada (ACVM) lancée le mois dernier sur des « propositions de rehaussement des obligations des conseillers, des courtiers et des représentants envers leurs clients » demeure le moment idéal pour l’industrie de se faire entendre et faire valoir son point de vue, estime Carol Lynde.

En attendant qu’une décision soit prise, les conseillers devraient aussi ouvrir le dialogue avec leur clientèle, souligne-t-elle. Comment? En correspondant plus fréquemment avec elle, en lui expliquant les implications du MRCC 2 et, plus important, en lui présentant clairement tous les services qu’elle obtient en échange des frais qu’elle paie.

Pierre-Luc Trudel