« Pas de CSF, pas de statut professionnel »

Par La rédaction | 28 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dmitriy Shironosov / 123RF

Avec sa sombre couverture noire et le mot « Deuil » en lettres capitales, le dernier numéro du magazine de la CSF tranche avec son ton habituel pour indiquer son mécontentement.

Dans un éditorial intitulé « Êtes-vous prêts à faire le deuil de votre profession? », la présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière Marie Elaine Farley monte au créneau pour défendre bec et ongles l’organisme qu’elle dirige depuis 2015, garant selon elle du statut professionnel des conseillers.

Mme Farley rappelle que si le projet de loi présenté à l’Assemblée nationale cet automne est adopté, la Chambre n’existera plus dans sa forme actuelle et que ses quelque 32 000 membres perdront donc leur organisme de référence. Elle souligne qu’il ne s’agit pas là d’« une simple redistribution sans incidence des cartes réglementaires », comme « les tenants de cette position aimeraient faire croire. »

Selon elle, les conseillers doivent s’interroger afin de savoir pourquoi le gouvernement québécois veut leur enlever leur organisme professionnel… et s’inquiéter pour leur futur statut.

« Depuis presque 20 ans, vous êtes partie intégrante d’un organisme professionnel géré au Québec et au service des Québécois. Un organisme unique, multidisciplinaire aussi, qui fait l’envie des autres provinces comme le mentionnent plusieurs journalistes et commentateurs spécialisés de l’industrie. Si jamais le projet de loi est adopté, vous perdrez, dans l’œil du public et en tant que groupe, votre statut professionnel », met en garde la présidente de la CSF.

« SE DÉMARQUER DES VENDEURS ET DES IMPOSTEURS »

Selon Mme Farley, si la disparition de la CSF se confirme, un danger guette la profession et, par conséquent, les consommateurs de produits et services financiers au Québec. Pour étayer son propos, elle reprend notamment les conclusions des experts de l’association Option consommateurs, selon lesquels il est essentiel que les représentants qui conseillent les consommateurs continuent d’être encadrés par un régime professionnel de responsabilité individuelle. Pour eux, amputer une partie de cet encadrement constituerait « un recul inacceptable qui va fondamentalement nuire à la protection » des particuliers. Pour Marie Elaine Farley, « notre société s’appauvrira d’un filet de protection financière complémentaire ».

« Celui qui voit à l’intérêt supérieur de ses clients avant son intérêt personnel est un professionnel, mais il ne s’agit pas simplement de se dire professionnel pour le devenir. Il faut une infrastructure indépendante pour l’encadrer », écrit Marie Elaine Farley, ajoutant que la mission de la CSF est de protéger le public, « mais elle le fait en veillant aux valeurs du professionnalisme et en fournissant à ses membres les outils nécessaires pour s’élever au rang de professionnels des services financiers, pour se démarquer des vendeurs et des commis ou des imposteurs ».

« ÊTRE RECONNU COMME PROFESSIONNEL OU PAS »

Rappelant que les membres de la Chambre jouissent d’un statut similaire à celui des autres membres d’organismes professionnels tels ceux appartenant à la Chambre des notaires, au Barreau du Québec ou au Collège des médecins, la dirigeante estime également qu’en cas de disparition de l’organisme d’autoréglementation, les conseillers « n’auront jamais plus voix au chapitre comme c’est le cas aujourd’hui ».

Elle se demande par ailleurs « si Internet a changé le monde au point où le public peut maintenant se passer des professionnels », ajoutant que les conseillers devraient s’interroger afin de savoir pourquoi on veut leur enlever leur organisme. « Vous n’êtes soudainement plus à la hauteur? Le public n’a plus confiance en vous? Le gouvernement aurait-il eu le mandat de vos clients de vous déposséder de votre statut? » questionne la présidente de la CSF.

Sa réponse? « Votre statut dépend aussi de votre participation à un système professionnel. Pourquoi? Parce qu’il en est ainsi : vous êtes un professionnel accompli et reconnu ou vous ne l’êtes pas. Il n’y a pas de compromis là-dessus. Ça prend votre expertise, des normes, un code, une législation et des pairs qui veillent. »

La rédaction