Et si on faisait passer des examens aux robots?

Par Priscilla Franken | 16 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
2 minutes de lecture
phonlamaiphoto / 123RF

De nombreux conseillers-robots sont déjà actifs au Canada et aux États-Unis, et toutes les grandes institutions financières semblent lancées dans une course irrésistible à l’intelligence artificielle. Alors que les organismes de réglementation ont accepté la présence de ces machines, bien des questions en matière d’éthique et de responsabilités restent sans réponse.

« Dans quel cadre déontologique un conseiller-robot évolue-t-il? Comment va-t-il appliquer les normes provinciales, nationales et internationales qui lui seront « inculquées »? Qui est responsable des suggestions qu’il fait aux clients? Le conseiller? L’employeur? Le fabricant? », interroge Michel Mailloux, expert en conformité financière et éthicien, lors du Colloque en finance, qui s’est tenu mercredi à Laval.

À ses yeux, aucun doute : il est urgent de se pencher sur ces problèmes et de s’interroger sur l’éthique dont on veut doter les robots qui, un jour, feront du conseil au même titre qu’un conseiller en chair et en os.

Certes, le conseiller-robot présente plusieurs avantages : il ne coûte pas cher, il est dénué de « faiblesses » humaines et ne risque donc pas d’être tenté par des actes répréhensibles, par exemple (sauf si on a le programme pour ça!).

Il est également capable de traiter une importante quantité d’informations en peu de temps – il suffit de penser aux 5 000 fonds communs offerts sur le marché ou à la multitude de normes qui encadrent l’industrie financière pour comprendre l’intérêt de la chose.

LES ROBOTS NE FONT PAS ENCORE DE BLAGUES

Mais on aurait tort de croire que le conseiller-robot est infaillible en raison de ces capacités. Bien au contraire : Michel Mailloux rappelle qu’un robot ne peut pas (pas encore en tout cas) comprendre la finance comportementale, puisqu’il est dénué de jugement.

Il ne peut pas interpréter les propos d’un client non plus (subtilités langagières comme l’ironie ou l’humour, langage corporel, etc.), ou encore lui donner une rétroaction (feedback).

Les conseillers-robots qui sont actuellement implantés au Canada sont mis en contact avec les clients dans le cadre d’un processus d’affinage essais/erreurs.

« Pourquoi ne pas leur faire passer des examens, suggère l’éthicien. Les conseillers doivent en passer pour pouvoir exercer, suivre des formations, détenir des permis… Quid de ces obligations pour les robots? »

« Actuellement, les robots sont des programmes informatiques sans intelligence et sans jugement, poursuit Michel Mailloux. Leur logique est déficiente. Mais nous nous en allons vers l’émergence d’une réelle intelligence artificielle et il faut s’y préparer. »

Et de conclure que dans le match qui oppose déjà robots et conseillers, ces derniers ont encore de gros avantages – pour l’instant : leur expérience et leur jugement.

Priscilla Franken