Faudra-t-il un jour taxer les robots?

Par La rédaction | 19 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Face au développement de l’intelligence artificielle, qui risque de remplacer certains types d’emplois, l’idée d’une taxe sur les robots commence à faire son chemin, rapporte Trends-Tendances.

Ainsi, des personnalités aussi diverses que Bill Gates ou certains candidats à l’élection présidentielle en France se disent favorables à une telle mesure afin de permettre aux États de continuer à financer les secteurs dont il a la responsabilité, comme la santé, l’éducation, la formation continue ou encore la construction et l’entretien des grandes infrastructures.

Leur raisonnement est simple : ils estiment qu’à partir du moment où un robot est « embauché » pour faire le travail des employés au sein d’une compagnie, il devrait être taxé puisqu’il empêche un humain d’accomplir une tâche, d’être rémunéré… et donc de payer des impôts.

QU’EST-CE QU’UN ROBOT?

Toutefois, souligne Trends-Tendances, la définition de ce qu’est un « robot » n’est pas forcément évidente. « L’application mobile de votre banque sur votre smartphone ne pique-t-elle pas une partie du job d’un guichetier? Depuis des années, Microsoft Office ne remplace-t-il pas le job de secrétaires? Enfin, le robot n’est-il qu’une machine physique ou le terme s’applique-t-il aussi aux algorithmes intelligents qui sont en train de naître et qui, en première ligne, détruiront certains emplois? », s’interroge le magazine économique et financier belge.

Pour compliquer encore un peu plus les choses, ajoute-t-il, l’idée d’instaurer une taxe sur les robots repose sur le postulat qu’ils remplaceront intégralement certains emplois, et non sur le fait qu’ils les compléteront, ce qui est pourtant souvent le cas. Dans ce dernier cas de figure, s’ils permettaient d’accroître la productivité de certaines entreprises, ils participeraient à faire augmenter leurs bénéfices qui sont, eux, soumis à l’impôt.

Par ailleurs, insiste Trends-Tendances, une «taxe robot» ne serait viable qu’à la seule condition d’être internationale, sous peine de voir les pays sans taxe attirer les grandes compagnies, à commencer par celles qui fabriquent les nouvelles technologies, ce qui provoquera une nouvelle forme d’évasion fiscale, « celle des robots et des algorithmes qui, par essence, ne se situent plus sur un territoire, mais dans le cloud », met en garde le magazine.

« REPENSER LA FISCALITÉ EN PROFONDEUR »

Si cette hypothèse se concrétisait, il deviendrait possible « que des robots fiscalistes soient appelés à la rescousse pour optimiser fiscalement les revenus de ces automates intelligents ». Résultat, non seulement, ils feraient alors disparaître certains types de travail dans le pays « taxeur », ne laisseraient pas cet État les imposer, mais en plus ils doperaient l’innovation à l’extérieur de ses frontières, ce qui le pénaliserait par rapport à ses concurrents.

Plutôt que d’envisager seule une taxation des robots, les gouvernements devraient donc revoir en profondeur leur fiscalité, estime Trends-Tendances. Sa conclusion? En fin de compte, ceux-ci « ne sont qu’un pan d’une mutation profonde induite par la [mondialisation] numérique et les pratiques des géants du Web », qui donnent des maux de tête « aux États nationaux qui ont pensé la fiscalité sur une base territoriale alors que le Web explose toutes les frontières ».

La rédaction