Le globe-fraudeur expulsé de son condo

Par Didier Bert | 2 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’homme d’affaires montréalais Éric Weynant est condamné à quitter son condo d’Outremont, faute d’avoir payé les frais de copropriété au cours des dernières années. Une nouvelle décision judiciaire qui s’ajoute aux déboires du chef d’entreprise, aussi poursuivi par l’Autorité des marchés financiers.

La Cour du Québec a ordonné le 6 mars dernier l’expulsion d’Éric Weynant et sa conjointe de leur condominium. Le Syndicat de la copropriété Les Jardins Ducharme réclamait un total de 18 297,12$ en frais et cotisations spéciales impayés depuis plusieurs années.

ABSENT EN APPEL

Éric Weynant a contesté la décision de la Cour du Québec. Mais ni lui ni son avocat ne s’est présenté à l’audience en appel le 18 avril. La décision initiale demeure donc applicable. Depuis, le syndicat de copropriété a mandaté un huissier pour signifier à M. Weynant son éviction. Selon les documents déposés en Cour, ce dernier y habite toujours.

Le condo de M. Weynant et sa conjointe vaut 442 400 $, selon le rôle d’évaluation de la Ville de Montréal (au 31 décembre 2016). Il sera mis en vente avec ses deux espaces de stationnement pour un total de 406520$, soit 80 % de sa valeur au rôle d’évaluation municipal, précise le jugement de la Cour du Québec. Ce prix représente 22 fois le montant des frais impayés au syndicat de copropriétaires.

Contacté par Conseiller, le gestionnaire du syndicat a décliné notre demande d’entrevue.

POURSUIVI PAR L’AMF

Éric Weynant est présentement poursuivi par l’Autorité des marchés financiers depuis 2013, faisant face à 41 chefs d’accusation de placement illégal en lien avec les actions de sa firme Phasoptx.

Son procès, qui a débuté en mars dernier, a été suspendu lorsque l’accusé a invoqué l’arrêt Jordan. Celui-ci permet un arrêt des procédures lorsqu’elles sont jugées trop longues. La requête sera examinée en juillet. Si l’arrêt des procédures est refusé, le procès reprendra en septembre.

Depuis 2001, Éric Weynant approcherait des investisseurs pour financer un projet de connecteur de fibres optiques mené par son entreprise Phasoptx. D’après l’Autorité, plusieurs d’entre eux auraient été recrutés illégalement. M. Weynant aurait aussi transmis de fausses informations à ses bailleurs de fonds.

Il serait parvenu à soutirer des dizaines de millions de dollars à des investisseurs, en majorité québécois, afin de financer la création de son produit… dont on attend toujours la mise en marché.

PARTENAIRE LOUCHE

Pour approcher certains investisseurs, Éric Weynant aurait eu recouru aux services de l’ancien conseiller Jacques-André Thibault, lui-même radié pour 11 ans par la Chambre de la sécurité financière en 2014. Ce dernier aurait usé de stratagèmes frauduleux, lésé plusieurs clients, spéculé sur la vie d’autrui et fraudé l’impôt, entre autres choses.

L’ex-conseiller a lui-même fait une faillite record en 2012, déclarant plus de 75 M$ de dettes. M. Thibault est le deuxième actionnaire de Phasoptx : il détient plus de trois millions d’actions de Phasoptx à travers une fiducie.

Ni Éric Weynant, ni son avocat Me Noël St-Pierre n’ont répondu aux demandes d’entrevue de Conseiller.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.