Qu’adviendra-t-il des avantages sociaux après 65 ans?

Par Richard Côté | 14 avril 2010 | Dernière mise à jour le 27 février 2024
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En constatant l’impact de la crise économique de l’an dernier sur leur épargne-retraite, certains travailleurs estiment peut-être devoir continuer à travailler après l’âge de 65 ans. Quant à ceux qui jugent avoir des économies suffisantes pour profiter de la « Liberté 65 », ils présument peut-être qu’ils bénéficieront de leur assurance collective à la retraite.

Or, il semble que les employeurs évaluent leurs options au chapitre des avantages sociaux de leurs employés baby boomers qui sont déjà à la retraite ou qui en approchent. En effet, depuis la disparition de la retraite obligatoire, la population active compte un plus grand nombre d’employés âgés, une situation à laquelle certaines organisations ne s’étaient pas préparées. Vu la hausse des coûts des avantages sociaux des employés retraités ainsi que les obligations financières à leur égard, il n’est pas surprenant que les employeurs cherchent des solutions de rechange.

Couverture à la retraite

Dans le cadre de son sondage 2009 sur les Tendances en matière de retraite au Canada, Hewitt & Associés a interrogé 196 participants sur les avantages sociaux offerts à leurs employés retraités. Bien que 60 % des employeurs offrent encore une certaine couverture à leurs employés retraités, celle-ci tend à diminuer.

En effet, tandis que 95 % des répondants ont indiqué que la bonification du programme de soins médicaux de leurs employés à la retraite est plutôt ou très improbable, 16 % prévoient limiter les protections offertes aux retraités actuels et un tiers envisagent de réduire la couverture des retraités futurs.

Les organisations qui prévoient maintenir le programme de soins médicaux de leurs retraités songent à demander à ces derniers de participer davantage au financement des protections. En effet, 27 % des répondants disent qu’une hausse des cotisations des retraités actuels est plutôt ou très probable. Quant aux retraités futurs, 43 % des employeurs prévoient une hausse de leurs cotisations.

Le sondage montre clairement qu’il y a un nombre croissant de retraités sans assurance de soins médicaux. Certains employeurs plus paternalistes jugent cette situation préoccupante et cherchent des moyens d’offrir une couverture adéquate à leurs retraités, à coût fixe ou nul pour l’entreprise. D’autres offrent à leurs retraités un régime flexible composé, par exemple, d’un régime de soins médicaux plus limité ou qui rembourse que les dépenses onéreuses, en complément à une contribution fixe à un compte de soins santé. D’autres encore se tournent vers les assureurs qui offrent différentes options de transformation de polices collectives en polices individuelles. Enfin, certains employeurs s’intéressent aux régimes d’assurance soins médicaux à prime unique qui leur permettent de « vendre » leurs obligations et de constituer une rente annuelle couvrant les frais médicaux. L’élaboration de telles solutions constitue une véritable occasion d’affaires pour les compagnies d’assurance.

Avantages sociaux pour les employés plus âgés

En février 2010, un sondage éclair mené par Hewitt demandait aux organisations quels avantages sociaux elles offrent à leurs employés actifs âgés de 65 ans et plus. Ce sondage, qui était une mise à jour d’un sondage semblable mené en 2006, a fourni des données intéressantes, dont celles-ci :

  • En 2010, un peu moins de la moitié des 136 répondants offrent les mêmes protections d’assurance invalidité de courte durée, d’assurance-vie et d’assurance en cas de décès ou de mutilation par accident à tous leurs employés, quel que soit leur âge. Les deux tiers des répondants offrent la même couverture de soins médicaux et dentaires à tous leurs employés.
  • À l’heure actuelle, très peu d’employeurs offrent une assurance invalidité de longue durée aux employés de plus de 65 ans. La majorité des répondants ne prévoient pas offrir une telle protection.
  • En comparant les résultats de 2010 et de 2006, on constate une hausse marquée de la proportion d’employeurs offrant la même couverture d’avantages sociaux à tous leurs employés, quel que soit leur âge.

Devant, d’une part, la volonté des employeurs à offrir les mêmes avantages sociaux aux employés plus âgés qu’aux plus jeunes, et d’autre part, la disparition annoncée des avantages sociaux après la retraite, les travailleurs de plus de 65 ans semblent avoir un incitatif supplémentaire à demeurer en poste. Or, peu importe l’âge auquel ils prévoient cesser de travailler, les employés devraient veiller à avoir suffisamment d’économies, puisque tout semble indiquer qu’ils devront assumer une partie, voire la totalité, des coûts de santé qui ne sont pas pris en charge par leur régime provincial d’assurance maladie.

Richard Coté est conseiller principal en avantages sociaux chez Hewitt & Associés à Montréal

Richard Côté