Il faut être prudent pour investir dans le pétrole

Par Soumis par CIBC | 27 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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C’est en tout cas l’attitude que préconise Ellen Lee, gestionnaire de portefeuille pour Causeway Capital Management (Los Angeles).

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« Dans toute stratégie d’investissement de type ascendant (bottom-up), il est essentiel de bien comprendre la situation du secteur. La façon dont nous évaluons les prix du pétrole nous permet de mieux évaluer les entreprises qui y sont exposées », dit Ellen Lee.

L’experte s’empresse de préciser que toute tentative de prédire avec précision quels seront les prix du pétrole dans l’avenir est un « effort futile ». Mais on peut entrevoir leur « trajectoire », dit-elle. À condition de se montrer prudent.

« Les prix du pétrole sont difficiles à analyser, car ils dépendent à la fois de facteurs fondamentaux et géopolitiques. La seule façon de faire face à ce défi est d’être prudent. On ne peut compter sur le risque géopolitique ou sur les hausses de prix. Nous nous concentrons plutôt sur l’analyse fondamentale de l’offre et de la demande », dit Ellen Lee.

« Contrairement à d’autres matières premières, l’offre de pétrole est assez dispersée. On parle souvent de l’influence de l’OPEP sur les prix, mais en réalité, l’organisation produit moins de la moitié de l’offre mondiale, ce qui veut dire que l’autre moitié est répartie un peu partout dans le monde », dit l’experte.

« De la même façon, contrairement à d’autres matières premières, la demande est elle aussi très diversifiée. La moitié provient des pays de l’OCDE, et l’autre moitié du reste du monde. C’est donc une demande très bien équilibrée. Si on observe sa croissance au fil du temps, elle varie entre 80 et 150 points de pourcentage annuellement, à part en cas d’extrême récession. Elle est habituellement liée à la hausse du PIB mondial », explique Ellen Lee.

Le plus difficile, dit-elle, est de déterminer à quel point de son cycle le secteur se situe.

« Dans le cas de 2018, il est raisonnable de dire que le producteur d’appoint [ou swing producer, c’est-à-dire qui a les moyens d’influencer les prix] est l’Amérique du Nord, avec son pétrole de schiste. Mais il reste à voir comment vont évaluer ses coûts marginaux, selon que des gains de productivité sont réalisés ou qu’on assiste à une inflation des coûts », observe Ellen Lee.

Dans l’incertitude, elle redonne le même conseil : demeurer modéré.

« Nous préconisons une vision très traditionnelle des coûts marginaux du pétrole. J’insiste sur la prudence, car à titre d’investisseur de type valeur, il n’est pas très prudent de compter sur une prédiction des prix du pétrole pour bâtir sa thèse d’investissement dans la vraie vie », affirme-elle.

Pour revenir à la vraie vie, justement, Ellen Lee prend l’exemple de la canadienne Encana. Selon elle, le titre est intéressant car l’entreprise est sous-évaluée par ses pairs, elle a été en « mode manufacture » plus tôt que les autres, ce qui lui permettra de « réaliser sa productivité » plus vite qu’eux, et son équipe de direction a démontré son engagement à offrir un rendement aux actionnaires avec l’annonce récente d’un rachat d’actions.

« Après l’analyse fondamentale des prix du pétrole et l’évaluation de la position du secteur dans son cycle, nous consacrons la majeure partie de notre temps à déterminer si une entreprise donnée a les forces qui lui permettront de gagner dans cet environnement. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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