Un parfum de récession

23 janvier 2023 | Dernière mise à jour le 14 août 2023
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Inflation, chômage, endettement : le programme pour 2023 n’est pas rose. Mais après la pluie viendra le beau temps, à en croire Amber Sinha, gestionnaire de portefeuille principal, actions mondiales, Gestion d’actifs CIBC.

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« En ce début 2023, la récession semble inévitable, même si ce n’était pas le consensus voilà encore six mois. De nombreux vents contraires souffleront, à commencer par l’inflation qui fait des dégâts à bien des égards. Les travailleurs vont voir leurs revenus baisser en termes réels, tandis que les taux d’intérêt vont demeurer élevés », entrevoit Amber Sinha.

Selon l’expert, c’est cette année que les hausses de taux initiées l’an dernier par la Réserve fédérale (Fed) et la Banque du Canada commenceront à se faire sentir concrètement du côté des consommateurs, notamment dans leurs remboursements de prêts hypothécaires, de prêts auto, et de tout autre prêt comportant un taux variable.

Le but des banques centrales est de réduire la demande, et les produits qui s’arrachaient pendant la pandémie se vendront certainement moins cette année.

« Tout cela préfigure mal de l’évolution des marchés d’actions, mais tout n’est pas perdu. L’indice mondial MSCI a perdu 20 % l’an dernier, alors on peut estimer qu’une partie des chocs à venir sont déjà pris en compte par les marchés. En outre, certains secteurs étaient fortement surévalués, comme les technologies, et les prix y sont désormais raisonnables », tempère Amber Sinha.

L’inflation soutenue de l’année dernière risque d’entraîner une hausse du chômage, un symptôme clair de la récession à venir. Les marchés atteindront alors leurs creux, et ce sera le moment d’en profiter, mais il est encore trop tôt pour cela, croit-il.

Certaines régions seront plus touchées que d’autres et la plus à plaindre sera sans nul doute l’Europe.

« C’est là qu’on trouve les fondamentaux les plus faibles et la démographie la plus faible, et ces défis sont exacerbés par le ralentissement économique mondial. Leurs marchés d’actions ont bondi de 35 % depuis octobre 2022, car l’hiver s’est avéré clément et les coûts de l’énergie ne les ont pas autant perturbés qu’on le croyait. Ce redressement est impressionnant, mais il repose presque entièrement sur la température hivernale. Les prix des actions demeurent donc très fragiles en Europe », analyse Amber Sinha.

C’est aussi en Europe que l’inflation sera la plus forte en 2023, de même que l’endettement. Du fait des hausses de taux d’intérêt, l’endettement des ménages dans certains pays du continent est « encore plus élevé qu’au Canada », note-t-il. Tout cela sans parler de la guerre en Ukraine qui entraîne l’instabilité à l’Est.

L’Europe est donc à éviter en 2023 pour les investisseurs. Pour ce qui est de l’Asie, c’est une tout autre histoire.

« La réouverture de l’économie chinoise devrait produire de belles retombées économiques qui n’étaient pas possibles au cours des deux dernières années. Les gens ne croyaient plus à la fin des confinements, et en fin de compte ils ont été levés très vite. Les industries, les usines, et la consommation vont rattraper le retard accumulé depuis le début de la pandémie, non seulement en Chine mais dans l’ensemble de l’Asie », avance Amber Sinha.

Pour la majeure partie de 2022, une bonne partie de l’Asie était fermée. Le Japon a fini par rouvrir pleinement ses portes aux étrangers au mois d’octobre, et Taïwan au mois de novembre. Le continent est reparti pour de bon, et avec des fondamentaux très favorables, croit l’expert.

« Contrairement à l’Europe, on trouve en Asie des bilans financiers solides, tant du côté des entreprises que des consommateurs. L’endettement des ménages est assez bas, et les hausses de taux entraînent donc moins de dommages. Les économies asiatiques tendent en outre à croître rapidement, et ont donc une inflation structurellement plus élevée. Pendant qu’elle montait de 2 à 7 % chez nous au Canada, certains pays d’Asie ne sont passés que de 5 à 7 %. Les Asiatiques sont donc mieux protégés que nous contre les hausses de taux et contre l’inflation. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.