Zéro croissance pour le Canada en 2023

7 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 14 août 2023
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Les taux de la Banque du Canada (BdC) devraient rester sous les 4 % l’année prochaine, mais au prix d’une croissance nulle, croit Avery Shenfeld, économiste en chef à la CIBC.

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« Les taux arrivent bientôt à leur destination finale ; ils pourraient être encore rehaussés 0,5 % ce mois-ci, mais par la suite, nous les voyons plafonner sous les 4 % au cours de 2023 », prédit Avery Shenfeld.

Bien que la Banque du Canada imite généralement sa voisine américaine, l’expert croit que la Réserve fédérale (Fed) va aller plus loin dans ses hausses de taux. Les Canadiens ont beaucoup de prêts hypothécaires à rembourser, et seul un quart de la dette des ménages a subi un réajustement à la hausse de ses taux. Beaucoup vont encore voir leurs mensualités augmenter au fil des prochaines années, et l’impact réel des hausses de taux sur le pouvoir d’achat des consommateurs ne se fera sentir qu’en 2023 ou même 2024.

« Beaucoup d’Américains ont des prêts à taux fixe sur 30 ans qui ne seront pas renouvelés avant longtemps, et ils sont donc moins affectés par les hausses de taux. C’est pourquoi la Fed se permet d’aller jusqu’à 4 % et même 4,5 %, alors que la Banque du Canada ne peut en faire autant », explique Avery Shenfeld.

Quelle conséquence sur l’activité économique ?

« Nous entrevoyons une période plate, sans aucune croissance durant la première moitié de 2023, jusqu’à ce que l’inflation redescende près des 2 %. Il faudra ensuite laisser les taux au même niveau en 2023 et 2024 avant d’avoir la marge de manœuvre pour les rebaisser et stimuler la croissance », estime l’économiste.

Néanmoins, il dit ne pas s’attendre à une récession au Canada.

« Les risques sont plus élevés en Europe, où ils font face non seulement à l’inflation et à la hausse des taux, mais aussi aux conséquences de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement en gaz naturel et donc sur les prix de l’énergie. Une récession européenne contribuera à refroidir l’inflation au niveau mondial, et évitera à la Banque du Canada de se montrer aussi agressive qu’elle ne devrait l’être autrement. Mais nous allons traverser une période où l’économie mondiale rendra difficile la croissance des profits des entreprises », analyse Avery Shenfeld.

« Rappelez-vous que beaucoup d’entreprises canadiennes vendent leurs produits selon des prix internationaux, ou sur les marchés mondiaux. Par conséquent, en cas de récession en Europe, de ralentissement en Chine et de quasi-récession aux États-Unis, leurs profits seront affectés au fil des prochaines années. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.