Dormir plus pour travailler mieux

Par Carole Le Hirez | 17 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Avec la rentrée, le retour au bureau et le stress financier lié aux aléas économiques, les troubles du sommeil risquent de s’accentuer chez les employés. Or, l’insomnie entraîne des conséquences sur la santé mentale et la productivité des équipes.

Plus de la moitié (51 %) des adultes canadiens ont du mal à dormir la nuit, selon une étude tirée de La Revue canadienne de psychiatrie.

Le phénomène s’est accentué durant la pandémie, indique Julien Heon, vice-président croissance et réussite client chez Haleo, une entreprise qui offre de l’aide aux firmes dont les employés souffrent de troubles du sommeil.

Les problèmes de sommeil entraînent des conséquences notables sur la santé et la productivité des équipes. Les employés qui en souffrent sont 2,5 fois plus à risque d’être en invalidité, ils cumulent en moyenne 10 journées d’absence annuellement, et leur productivité est impactée 45 jours par an, notamment en raison du présentéisme, qui est accentué par le manque de sommeil, selon un article paru dans Sleep, la revue de la Sleep Research Society (SRS).

L’INSOMNIE, UNE SOURCE D’ERREURS

L’insomnie est également source d’erreurs non négligeables au travail, car elle affecte la concentration. Elle peut engendrer des accidents, des erreurs et des omissions lourdes de conséquences.

« Les employés qui dorment mal n’ont pas les bons réflexes. Ils ne respectent pas les échéanciers et sont en retard sur la production de certains travaux », illustre Julien Heon.

Les causes de l’insomnie sont variées. Un simple changement à la routine quotidienne suffit à perturber le rythme circadien, l’horloge interne qui régule le sommeil.

« Il y a plusieurs causes à l’insomnie. Des horaires atypiques, un rôle à haut niveau de stress, la pression au travail peuvent avoir un impact », énumère Julien Heon.

RETROUVER UNE ROUTINE

Ces perturbations sont favorisées par le travail hybride. « Les gens ont des horaires instables. Ils travaillent deux jours au bureau et trois jours au chalet. Quand ils retournent en ville, ils doivent se lever plus tôt pour se rendre au travail. Ils perdent leur sens de la routine, qui est une condition essentielle d’un sommeil régulier. »

L’absence de pièce réservée au travail à la maison contribue également à perturber le sommeil de plusieurs employés, surtout quand ils doivent travailler dans leur chambre à coucher, dit le représentant d’Haleo.

Le cerveau est en effet très sensible aux signaux que lui envoie l’environnement. S’il associe le travail à cette pièce de la maison, il ne se mettra pas en mode repos lorsque la personne voudra utiliser son lit pour dormir et non pour répondre à des courriels du bureau.

LE NOMBRE DE RÉCLAMATIONS

Comment réagir lorsque l’on soupçonne des troubles du sommeil chez les employés ? « Vous pouvez simplement leur demander s’ils ont bien dormi. C’est une question anodine. C’est moins lourd que de les questionner sur leur santé mentale », suggère Julien Heon.

Pour avoir un portrait plus global de la situation, l’employeur peut également demander à son assureur un relevé des médicaments qui font l’objet du plus grand nombre de réclamations de la part des employés. Si les prescriptions d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et de somnifères dépassent un certain niveau ou sont en croissance, cela peut tirer une sonnette d’alarme, mentionne Julien Heon.

UN LIEN ÉTROIT AVEC LA SANTÉ MENTALE

Pour aider les employés aux prises avec des troubles du sommeil, l’employeur peut faire appel à des services médicaux spécialisés. Des ressources sont disponibles dans le milieu hospitalier. Des entreprises privées telles que Haleo proposent des thérapies cognitives et de l’aide sous forme de sondages auprès des employés et de webinaires, entre autres.

On peut également rappeler aux employés certaines bonnes pratiques en matière d’hygiène de vie, comme éviter l’abus de caféine ou ne pas regarder d’écran avant le coucher.

Les troubles du sommeil sont un des premiers symptômes d’un problème de santé mentale, rappelle le vice-président d’Haleo. Se tenir alerte face à leurs manifestations peut aider à détecter un trouble plus profond.

Souvent, l’insomnie engendre l’anxiété, qui à son tour entraîne la dépression. « La reprise du contrôle du sommeil peut permettre de régler le problème avant qu’il ne dégénère vers un état de médical plus permanent et coûteux à traiter. »

Conseils pour dormir comme un bébé

  • Avoir une routine stable. Se coucher et se lever tous les jours à la même heure.
  • Travailler et dormir dans des lieux séparés. Si ce n’est pas possible, établir une délimitation claire entre la zone du travail et celle du sommeil.
  • Installer des rideaux opaques pour éviter de se réveiller au petit jour.
  • Maintenir une température inférieure à 20 degrés dans la chambre.