Il ne faut pas craindre les ressources naturelles

Par Mélanie Alain | 17 septembre 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les turbulences des marchés boursiers des dernières semaines engendrées par la crise immobilière des «subprimes» aux États-Unis ont rendu beaucoup d’investisseurs très prudents.

Au début de l’été, Chris Holden, cogestionnaire de portefeuille du Fonds canadien de ressources naturelles Investors et de la Catégorie mondiale Ressources naturelles Investors, affirmait que les ressources naturelles seraient un bon investissement, malgré les soubresauts dans ce secteur. Est-ce toujours le cas?

Conseiller.ca: Maintenez-vous toujours que les ressources naturelles seraient une bonne option d’investissement?

Chris Holden: Oui. Les gens oublient que les ressources sont de nature cyclique. Dans une année typique, la demande en ressources naturelles et en matériaux ralentit considérablement durant l’été et reprend durant l’automne et l’hiver. Durant l’été, parce que les inventaires s’accumulent et que les prix baissent un peu, les investisseurs pensent que cela doit être la fin du redressement des métaux ou de la hausse des ressources.

Pourtant, à plus long terme, les marchés émergents, comme l’Inde, la Chine et la Russie, jusqu’à un certain degré, continuent de développer leur infrastructure, cherchant ainsi cette économie de type occidental. La croissance projetée du PNB en Chine se situe à plus de 10% pour l’année prochaine. Si c’est le cas et que la croissance du PIB mondial est de 4%, le marché sera tout de même assez serré pour la plupart des métaux. Les prix pourraient ne pas être aussi robustes qu’ils l’ont été plus tôt cette année, mais ils seraient quand même assez bons pour avoir un effet multiplicateur.

C.ca: Les ressources naturelles ont-elles aussi subi les répercussions de la crise issue du marché immobilier américain à risque qui a affecté les marchés financiers depuis la fin de juillet?

C.H.: Certains des titres concernant les métaux, les matériaux et l’énergie ont obtenu d’excellents résultats à long terme et la croissance mondiale est encore forte, mais avec les inquiétudes dans les marchés, la croissance économique pourrait stagner. Il y a eu beaucoup de liquidation, que ce soit par le biais de fonds de couverture, ou quand les gens ont voulu se retirer complètement du marché. C’est une mentalité «bouton panique»: on essaie de vendre la plupart de ses titres «gagnants» pour s’assurer d’un profit avant que quoi que ce soit arrive. Cela a été prédominant pour les titres à petite capitalisation, mais cela arrivait aussi pour ceux à grande capitalisation.

C.ca: Avec le marché actuel, pensez-vous que les investisseurs sont prêts à prendre le risque d’investir dans les ressources naturelles?

C.H.: Je ne sais pas. Mais en mettant sur pied notre Fonds, canadien ou mondial, on a vu une opportunité de toucher aux titres de qualité que nous avions déjà considéré comme trop chers quand tout grimpait. Dans le type de contexte actuel, les titres qui reculent fournissent toujours de bonnes occasions d’ajouter à nos positions quand on les croit capables de fournir de meilleures performances à plus long terme que l’indice et que nos pairs.

C.ca: Les investisseurs devraient-ils être vigilants quand vient le temps d’investir dans les ressources naturelles?

C.H.: Dans des temps incertains comme ceux-ci, tout le monde cherche des réserves. Des compagnies vont en Mongolie, et tout à coup, le gouvernement mongolien leur dit: «On avait dit qu’on ne prendrait que 10% de votre chiffre d’affaires, mais maintenant, on veut 40%.» Les régimes de redevances ont changé à travers le monde. C’est arrivé en Équateur, au Kazakhstan, en Mongolie, et il semble que cela pourrait se produire en Alberta, jusqu’à un certain point, avec une révision des redevances sur l’énergie. Les gouvernements mondiaux s’inquiètent: si les ressources naturelles sont une peu serrées dans les quelques prochaines années, ils veulent avoir leur gâteau et pouvoir le manger.

En tant qu’investisseur, si vous n’êtes exposé qu’à un seul titre dans ces secteurs, vous pouvez subir un fort revers. Il faut un portefeuille diversifié, même sur le plan des secteurs.

Mélanie Alain