La préservation du capital, un exercice délicat

19 août 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les travailleurs qui approchent de la retraite se font systématiquement conseiller de réduire la portion « croissance » de leurs portefeuilles et de favoriser davantage les titres à revenu fixe. Axée sur la prudence, cette approche a pour but de retirer graduellement les épargnants des marchés boursiers et de leurs mouvements souvent imprévisibles afin d’assurer la préservation du capital.

Bien que cette stratégie soit fondée, elle n’est pas simple à appliquer, note Chris Taylor, chroniqueur au quotidien The Globe and Mail. En effet, la réorganisation d’un portefeuille d’épargne-retraite en vue de protéger le capital doit être ciblée et réfléchie. Les chambardements sont à proscrire. Ce devrait être plutôt « comme la rénovation d’une partie définie de votre maison », illustre Chris Taylor.

Changer les objectifs de placement d’un portefeuille requiert plus de travail qu’on pourrait le croire. Il faut notamment trouver la combinaison optimale des actifs, analyser l’impact des coûts et établir une stratégie cohérente de décaissement. « Vous devez savoir quand entrer dans le marché et comment en sortir », dit Chris Taylor. Il y a donc du pain sur la planche.

Faire preuve de souplesse Trouver la combinaison optimale des actifs est la pierre angulaire de toute action visant la préservation du capital. Les chiffres le prouvent. De mars 2007 à mars 2011, période marquée par la crise financière et l’effondrement boursier, un portefeuille composé à 100 % d’actions américaines aurait subi une perte globale de 8,5 %, calcule le chroniqueur. Au contraire, si ce portefeuille avait contenu 50 % d’actions et 50 % d’obligations, il aurait rapporté 7,2 %. Et s’il avait été composé à 70 % d’obligations et à 30 %, il aurait produit +13,5 %, et ce, même en plein marasme économique.

Ces données démontrent que, pour sortir leur épingle au jeu du placement, les épargnants-investisseurs doivent faire preuve de souplesse tout au long de leur carrière. À moins d’être absolument de marbre vis-à-vis des risques financiers, il faut accepter le fait que son portefeuille devra céder du contenu en actions à mesure qu’approchera l’heure de la retraite. Plusieurs sociétés de fonds communs et compagnies d’assurances ont compris l’importance de cette notion. C’est pourquoi elles commercialisent des fonds dits « cycles de vie » qui se rééquilibrent automatiquement à mesure que vieillissent leurs détenteurs. Pour de nombreux épargnants qui cherchent une solution simple à la planification de leur retraite, ces produits peuvent très bien convenir.

Chris Taylor attire également notre attention sur la question des coûts, dont l’impact négatif peut être insidieux. Les épargnants qui participent à un régime de retraite à cotisations déterminées, par exemple, devraient y être particulièrement sensibles. Dans certains cas, il serait avantageux de laisser tomber les fonds communs gérés activement, mais qui ne performent guère, et de les remplacer par des fonds indiciels ou des fonds négociés en Bourse, qui coûtent beaucoup moins cher en frais de gestion.

Quant aux épargnants préretraités qui investissent directement dans des actions, ils seraient avisés de choisir des titres qui versent des dividendes. Chris Taylor explique que, à long terme, les dividendes réinvestis peuvent générer jusqu’à 40 % du rendement global des marchés boursiers. Il leur est aussi conseillé d’adhérer à un programme de réinvestissement automatique des dividendes, qui permet d’acquérir des actions à moindre coût. De plus, dit le chroniqueur, ces programmes éliminent la tentation de puiser dans les dividendes afin de bonifier inutilement son train de vie.

Travailler ensemble Enfin, les préretraités désireux de préserver leur capital ont intérêt à travailler de concert avec des professionnels des services financiers. Il donne l’exemple de cet homme de 67 ans, toujours sur le marché du travail, qui réussit encore à mettre de coté 10 % de ses revenus annuels, grâce à l’aide de sa conseillère. Ensemble, ils rééquilibrent son portefeuille dans un climat de confiance et de saine collaboration.

« Je suis parti de loin. Quand j’ai commencé à épargner, je ne connaissais que les obligations d’épargne du Canada. Maintenant, je peux discuter de tous les produits financiers et de la répartition optimale des actifs dans mon portefeuille », indique le sexagénaire actif.