Les billets à capital protégé un complément à l’investissement(2e partie)

Par Mélanie Alain | 18 mai 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(18-05-2007)Les billets à capital protégé(BCP)existent depuis environ 10 ans, mais semblent avoir gagné l’approbation générale dans les 3-4 dernières années. Brad Gerster, vice-président principal et chef des Produits structurés Mackenzie(MSP), s’attend à ce que ça continue. Il mentionne que des études publiées par la société Investors Economics montrent que la popularité de BCP devrait croître significativement dans les 10 prochaines années. Selon M. Gerster, cette croissance est due aux bas taux d’intérêt qui diminuent le rendement après impôts des certificats de placement garanti(CPG). Il a parlé à Conseiller.ca de ce produit plutôt complexe. Voici la deuxième partie de cet entretien.

I: Quelles sont vos recommandations à propos des BCP?B.D: Il y a ce que j’appelle les cinq règles des BCP.

La règle d’or: Si vous ne pouvez pas comprendre les BCP, ne vous en mêlez pas. Les billets structurés sont complexes, et certains, plus que nécessaire. Les conseillers doivent prendre part dans la complexité des billets, lire pour connaître leur fonctionnement afin de les expliquer clairement aux clients.

Règle 2: Rien n’est gratuit (No free lunch rule). Dans les dernières années, plusieurs BCP semblaient offrir la possibilité d’un rendement mensuel très élevé. Mais si le taux sans risque offert avec un CPG est de 3% et qu’on offre la possibilité de gagner 6% avec protection de capital, il doit y avoir des risques quelque part. Il est important de les identifier et d’être sûr de vouloir les assumer avant d’acheter le billet.

En plus, comme le gouvernement fédéral a changé la politique d’imposition sur les fiducies de revenu en octobre dernier, beaucoup des rendements des fiducies de revenu ont décliné. Plusieurs billets liés à ces fiducies ou à leurs portefeuilles n’obtiennent plus d’aussi bons résultats qu’avant et les investisseurs ne reçoivent pas les rendements de 6% anticipés. Si on veut une protection de capital, on peut acheter un CPG. Si on veut un revenu mensuel élevé, on peut acheter un fonds commun ou à capital fixe qui paie des distributions mensuelles. Quand on essaie de combiner ces deux particularités, les attentes des investisseurs peuvent être insatisfaites.

Règle 3: Connaître les deux sortes de BCP qui auront des effets différents selon les types de marché: les billets basés sur des options et ceux qui recourent à la répartition dynamique de l’actif.

Un billet basé sur des options est constitué de deux actifs: une obligation à coupons détachés et une option sur le fonds commun sous-jacent. Si un client investit 100$ dans un billet à échéance de 5ans et qu’une obligation à coupons détachés coûte 0,80$ sur le dollar, 80$ sont investis immédiatement dans ces obligations. Ça vaudra 100$ dans un an. C’est comme ça que le capital est protégé. Après une concession de vente de 4$ au conseiller, 16$ peuvent fournir du rendement. S’ils sont investis directement dans les fonds communs, le rendement ne sera pas très intéressant. On achète plutôt une option qui peut fournir une position plus élevée. La difficulté est que la plupart des gens ne peuvent évaluer l’option par eux-mêmes. Il est important de comprendre la valeur d’un billet basé sur des options, ainsi que les frais qui y sont associés.

Chez Mackenzie, nous favorisons les billets à répartition dynamique de l’actif. Tous les billets ArMADA que nous avons émis en collaboration avec la Banque de Montréal1 sont basés sur cette stratégie de placement qui gère un portefeuille de un ou deux actifs. Si le client achète un billet de classe croissance de 5 ans à 100$, 4¼% va au conseiller, ce qui laisse 95,75$ à investir dans un fonds commun. Ensuite, nous surveillons la performance du placement et la comparons à ce que coûterait une obligation à coupons détachés. Tant que le fonds obtient des résultats bien au-dessus du coût, nous y laissons tout l’actif. Si le fonds obtient de mauvais résultats, que la valeur des billets décline et s’approche du coût de l’obligation, nous prenons une partie du placement et achetons quelques obligations à coupons détachés, jusqu’à ce que le fonds obtienne encore de bons résultats.

Règle 4: S’assurer que l’actif sous-jacent convienne à la structure, qu’elle ne soit pas trop agressive. Par exemple, les billets liés aux portefeuilles de fiducie de revenu utilisent la structure de répartition dynamique de l’actif. Il faut choisir des actifs à basse volatilité et être très conservateur par rapport au retrait et à la redistribution des gains. Avec un actif à haute volatilité, c’est comme si, en enlevant les gains, on laissait les pertes s’accumuler à l’intérieur des billets. À court terme, on peut recevoir de bons cash-flows, mais après un certain temps, le portefeuille devient vulnérable à toute correction du marché.

Les billets de croissance de Mackenzie ne paient aucune distribution. Nos billets de rendement R.D.C. peuvent en offrir une, mais pas pendant les six premiers mois pour donner une chance au portefeuille d’accumuler un petit coussin. Notre distribution n’est pas mensuelle, et si la valeur des fonds baisse pour atteindre un rendement total négatif, nous n’en payons pas. S’il est positif, on paiera les 2/3 du rendement global. Je ne crois pas que plus que ça soit prudent.

Règle 5: N’oubliez pas les dividendes. Pour beaucoup des billets structurés, particulièrement ceux qui ne sont pas liés à des portefeuilles de fonds communs, les investisseurs seront payés en fonction du rendement sur le cours du placement sous-jacent, non pas du rendement global. Ça veut dire qu’ils n’obtiendront pas de rendement sur le dividende. Si on les compare aux billets liés aux fonds communs, ceux qui n’y sont pas liés pourraient sembler coûter moins cher ou avoir des structures de paiement plus attrayantes, mais avec les fonds communs, qui fournissent un rendement global, tout ce qui est gagné(dividende, distribution de fiducie de revenu, coupon d’obligation, …)est réinvesti dans le billet.

Les billets à capital protégé un complément à l’investissement(1er partie), cliquez ici

(1) La firme Mackenzie vend présentement, et jusqu’au 6 juillet 2007, la série 6 du billet de dépôt à capital protégé ArMADA MSP, en partenariat avec la Banque de Montréal, émettrice du billet. La série contient 50% du Fonds d’actions étrangères Mackenzie Ivy et 50% du Fonds de valeur Mackenzie Cundill. Ce portefeuille de fonds et de billets est à basse volatilité. Selon Brad Gerster, jusqu’à maintenant, tous les billets ArMADA ont battu leur indice de référence et ont eu 100% ou plus de la valeur de leur actif net par opposition aux fonds communs sous-jacents.

Mélanie Alain