Taux d’intérêt : des hausses moins élevées que prévu?

Par La rédaction | 14 avril 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Oui, les taux d’intérêt vont augmenter! Mais cette hausse ne sera pas aussi élevée que ce qu’ont prévu nombre d’experts, conclut une étude de Marchés mondiaux CIBC.

« En raison de la nature de la croissance prochaine, même en cas de plein emploi, les taux américains devront être moins élevés que ceux des cycles passés. Parallèlement, le taux de financement à un jour au Canada pourrait atteindre un plateau à un niveau étonnamment bas », explique Avery Shenfeld, économiste en chef de l’institution financière et coauteur de l’étude.

Celui-ci prévoit que la croissance des populations actives canadienne et étasunienne sera moindre dans les prochaines années. Et, sauf augmentation importante de la productivité dans les deux pays, le rythme de croissance du produit intérieur brut sera lui aussi à la baisse.

Par ailleurs, le taux neutre, c’est-à-dire le niveau auquel les taux d’intérêt ne stimulent ni ne restreignent la croissance économique, pourrait ne pas dépasser 2,5 %, estime CIBC. Ce qui est nettement moins que le taux de 4 % prévu par la Réserve fédérale américaine en février dernier.

Morosité mondiale

Enfin, la morosité des dépenses en capital et l’augmentation des taux d’épargne, particulièrement dans les économies des marchés émergents, mettent aussi un frein aux perspectives de gains économiques.

D’autres données pourraient influencer la situation économique mondiale et mettre un frein aux perspectives de gains, selon CIBC. Notamment « la morosité des dépenses en capital et l’augmentation des taux d’épargne », surtout dans les pays émergents.

Afin d’éviter une autre bulle immobilière chez nos voisins du Sud et remettre l’économie américaine sur la bonne voie, certains experts, dont Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, recommandent de recourir à une hausse des dépenses d’infrastructure financées par emprunt.

Toutefois, pour Avery Shenfeld, « le maintien d’une trajectoire moins élevée pour les taux d’intérêt et, pour le Canada, le maintien de son taux de change plus concurrentiel, seront aussi des éléments clés ».

Bonne nouvelle pour les obligations?

« Si nous n’optons pas pour un déficit financier plus important, la politique monétaire devra fournir une contrepartie suffisante pour neutraliser ces freins à la croissance, précise-t-il. Le fait de veiller à ce que le différentiel de taux d’intérêt avec les États-Unis demeure assez bas pour garder le dollar canadien à un niveau concurrentiel pour les exportateurs permettra à l’économie de tolérer la fin du boom immobilier. »

Même si les prévisions de CIBC sont positives pour le marché des obligations, l’étude ne va pas jusqu’à prédire un marché des obligations haussier. En effet, même si les taux de financement à un jour stagnent à 2,5 % durant une période prolongée, le marché des obligations en 2014-2015 pourrait ne pas anticiper une longue pause et procéder à des ventes excessives.

« Pour les intervenants du marché des obligations, les augmentations de taux sont comme les croustilles : après avoir mangé la première, vous continuez jusqu’à ce que le sac soit vide », illustre Avery Shenfeld, qui s’attend à ce que les taux des obligations « grimpent fortement au cours de l’année prochaine, mais enregistrent un recul en 2016 ».

Une pause des taux en 2016

L’économiste en chef de CIBC prévoit enfin que les taux de rendement des obligations du Trésor américain sur 10 ans grimperont jusqu’à 3,5 % ou 4 % au cours de ce cycle, soit environ 100 à 150 points de base en deçà du sommet enregistré au cours de la dernière décennie.

Au Canada, il anticipe des taux de rendement moins importants, compte tenu de la cote de crédit plus élevée et de la dette gouvernementale inférieure du pays.

« Tout en prévoyant des taux de rendement supérieurs jusqu’en 2015, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada surprenne les marchés avec une pause des taux en 2016, et à ce que la Réserve fédérale américaine lui emboîte le pas après une dernière hausse, ce qui aidera les obligations à regagner une partie du terrain perdu », conclut-il.

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La rédaction