Une stratégie efficace d’investissement dans les REEE

Par Michelle Munro | 18 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Ma dernière chronique traitait de l’immense potentiel inexploité des régimes enregistrés d’épargne-études (REEE). J’y expliquais également à quel point il est important d’aider les clients à profiter des subventions et des mesures d’encouragement fédérales et provinciales afin qu’ils maximisent le montant investi dans l’épargne-études à l’abri de l’impôt en vue des études postsecondaires de leurs enfants ou petits-enfants. Les REEE sont particulièrement avantageux, puisqu’ils peuvent produire un rendement aussi élevé que 20 % en raison des diverses mesures d’encouragement qui les accompagnent. Comme le marché des REEE pourrait selon toute vraisemblance atteindre les 340 milliards de dollars, il présente un fabuleux potentiel pour les conseillers en placements également.

Dans cette chronique, je passerai en revue une stratégie simple d’investissement dans les REEE à laquelle de nombreux parents et grands-parents ont recours, puis la comparerai à une autre stratégie moins courante. La première stratégie, à la fois la plus simple et la plus courante, consiste à cotiser annuellement un montant suffisamment élevé pour profiter au maximum des principales mesures d’encouragement offertes par le fédéral et certaines provinces, comme la Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE).

RETOUR SUR LE SCEE Comme je l’ai expliqué lors de ma dernière chronique, la SCEE est liée au revenu. Pour les familles dont le revenu net est inférieur ou égal à 40 970 $, la subvention de base peut atteindre 200 $ sur la première tranche d’investissement de 500 $, et 400 $ sur les 2 000 $ suivants. Pour les familles dont le revenu net est supérieur à 81 941 $, la subvention de base n’est que de 100 $ pour les premiers 500 $ investis. La subvention par enfant à vie plafonne à 7 200 $, peu importe le revenu familial. Bien que des règles particulières s’appliquent aux enfants de 15 à 17 ans, il s’agit ni plus ni moins de fonds gratuits. Jusqu’à maintenant, plus d’un million d’enfants canadiens ont profité de la SCEE.

Pour que cette stratégie de base soit efficace, les clients doivent être suffisamment disciplinés financièrement pour cotiser annuellement au REEE. Ils peuvent toutefois opter pour des cotisations hebdomadaires ou mensuelles, plus faciles à gérer. S’ils cotisent assidûment, les coûts de la formation postsecondaire de l’enfant seront presque entièrement couverts. Il s’agit d’une stratégie éprouvée par de nombreux parents et grands-parents. Je vais toutefois vous suggérer une autre approche, qui peut s’avérer profitable dans certaines situations moins courantes.

UNE STRATÉGIE DÈS LA NAISSANCE Une de mes collègues vient de donner naissance à un garçon. Toute la famille élargie se réjouit de l’arrivée de ce premier petit-enfant. Les parents de ma collègue en sont particulièrement heureux, mais leur joie actuelle ne les empêche pas de regarder vers l’avenir. Ils tiennent absolument à fournir à leur petit-fils les moyens financiers d’effectuer des études postsecondaires. Ils pourraient adopter la stratégie décrite ci‑dessus, mais possèdent des moyens considérables et sont en mesure de cotiser dès aujourd’hui la limite à vie maximale de 50 000 $ dans un REEE. Ils privilégient cette façon de faire, sachant ainsi que le financement des études postsecondaires de leur petit-fils sera assuré, mais ils ne voient aucune raison de ne pas profiter des avantages de la SCEE. Ils craignent toutefois ne pas vivre assez longtemps pour cotiser suffisamment afin d’atteindre la limite à vie de 7 200 $ de la SCEE. Il leur faudra en effet un peu plus de 14 ans pour y parvenir selon le montant auquel ils auront droit.

C’est ici que l’aide d’un conseiller en placements devient précieuse. Les grands-parents se tourneront naturellement vers un conseiller comme vous pour connaître les meilleures façons de cotiser au REEE de leur petit-fils. Vous êtes en mesure d’optimiser leur investissement en leur expliquant les différentes approches qui peuvent mener au même résultat. Bien entendu, les grands-parents pourraient utiliser un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), un compte en fiducie ou une fiducie pour épargner en vue des études postsecondaires de leur petit-fils, mais le présent article porte sur les options faisant appel au REEE.

Comment les parents de ma collègue et leur famille peuvent-ils tirer le plein parti des avantages fiscaux offerts par les REEE ? Devraient-ils cotiser 50 000 $ dès aujourd’hui et renoncer à la presque totalité de la SCEE, ou devraient-ils cotiser graduellement et bénéficier de la subvention maximale ? Il s’agit de questions auxquelles vous pouvez répondre.

DEUX OPTIONS, UN MÊME RÉSULTAT  Examinons de plus près comment les deux méthodes permettraient aux grands-parents d’épargner le même montant en vue des études postsecondaires de leur petit-fils.

Selon la première option, les grands-parents décident de créer un REEE et d’y verser immédiatement la cotisation maximale admissible, soit 50 000 $. Ils recevront la SCEE maximale de 500 $ la première année, mais n’y auront pas droit les années suivantes.

Selon la seconde option, les grands-parents espèrent avoir toutes les chances de voir leur petit-fils grandir et optent pour une approche plus graduelle. Pour atteindre la cotisation maximale à vie, ils versent 16 500 $ dans le REEE et 33 500 $ dans un compte non enregistré la première année, puis transfèrent 2 500 $ annuellement au cours des 13 années suivantes. Ils effectuent un dernier transfert de 1 000 $ au cours de la 15e année. Pendant cette période, la SCEE leur est versée jusqu’à la limite maximale à vie de 7 200 $. Le montant total mis de côté initialement, de même que la cotisation au REEE totale, est de 50 000 $ et est structurée de façon à être comparable à celle de la première option.

D’après un calcul simple, le rendement annuel moyen nécessaire pour que les deux scénarios s’équivaillent se chiffre à 4,43 %. Après 17 ans, soit le moment où l’enfant devrait terminer l’école secondaire, l’épargne s’élèvera à environ 105 000 $ avec l’une ou l’autre des options.

Si le rendement annuel du REEE est susceptible d’être supérieur à 4,43 %, il est alors plus avantageux d’effectuer un investissement initial de 50 000 $ et de renoncer à la SCEE après la première année. Si le rendement annuel projeté est inférieur à 4,43 %, il est alors préférable d’opter pour des cotisations annuelles donnant pleinement droit à la SCEE.

Je précise que cette analyse s’appuie sur des postulats simples qui ne tiennent pas compte de facteurs tels que l’inflation et la fluctuation annuelle des marchés.

LE CONSEILLER FAIT TOUTE LA DIFFÉRENCE  Les parents de ma collègue étaient reconnaissants que leur conseiller en placements prenne le temps d’évaluer les deux options. Pour quelle stratégie ont-ils finalement opté ? Ils ont choisi d’investir 50 000 $ dans le REEE dès la première année, heureux que leur conseiller leur ait proposé de créer un REEE et persuadés que le rendement annuel excédera 4,43 % grâce à ses judicieux conseils. Tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens financiers, mais cet exemple comporte deux leçons importantes : la capitalisation est efficace, et les conseils éclairés permettent d’assurer un avenir meilleur aux clients et à leurs proches.

Michelle Munro est directrice, planification fiscale, auprès de Fidelity Investments Canada.

Bien que l’information fournie dans le présent article cherche à mettre l’accent sur des questions de planification fiscale, elle se veut générale. On ne peut se fier à cette information ou l’interpréter comme un conseil fiscal. Les lecteurs devraient consulter leur propre conseiller, avocat et professionnel de la planification fiscale avant d’adopter une stratégie fiscale ou d’investissement.

Michelle Munro