Embauche : comment sortir du lot?

Par Mathias Marchal | 8 février 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Tatiana Badaeva / 123RF

Vous avez trouvé le poste de conseiller idéal, celui dont vous rêvez jour et nuit. Hélas, vous n’êtes pas seul à le convoiter. Comment sortir du lot? Voici les conseils de recruteurs d’expérience afin de faire partie de ceux dont ils se souviendront (pour les bonnes raisons).

1- Sachez vous démarquer. « Au cours de notre dernier processus d’embauche, les candidats ayant dépassé la première vague d’entretiens disposaient tous d’une certaine profondeur, mais chez les candidats issus du secteur bancaire, les solutions qu’ils proposaient à nos mises en situation étaient toutes les mêmes! » déplore Sylvain B. Tremblay, vice-président Gestion privée à Optimum Gestion de placements.

Par exemple, lors de mises en situation, ces derniers avaient tendance à suggérer l’utilisation de la marge de crédit hypothécaire et sont tombés très rapidement dans l’approche produit, selon lui.

2- Connaissez l’employeur. Bien se renseigner sur l’entreprise et ses spécialités est également primordial, selon le recruteur, qui possède 30 ans d’expérience, dont neuf ans de recrutement lorsqu’il travaillait à Gestion financière MD.

Gaétan Veillette, planificateur financier au Groupe Investors, acquiesce. « Environ le tiers des candidats arrivent bien préparés, estime-t-il. C’est-à-dire qu’ils ont réalisé une démarche approfondie en se documentant sur l’entreprise et en rencontrant parfois des conseillers actuels ou d’anciens conseillers du Groupe. C’est un signe d’initiative et d’intérêt pour la carrière ». Selon lui, un autre tiers possède des connaissances superficielles sur l’employeur et le dernier tiers arrive mal préparé.

3- Ayez un diplôme en poche. « On favorise surtout les diplômés de l’Institut québécois de la planification financière (IQPF), même si ce n’est pas obligatoire pour exercer, poursuit M. Tremblay, qui est également président du conseil d’administration de l’IQPF. Sur les 32 000 membres de la Chambre de la sécurité financière, seulement 4 000 sont diplômés de l’IQPF. Il y a bien des gens qui vendent des produits financiers après avoir simplement réussi l’examen sur les fonds de placement ou après un cours collégial. »

Ainsi, détenir un diplôme permet de se démarquer des autres candidats, ajoute-t-il. « Le diplômé de l’IQPF apprend lors de sa formation à maîtriser les sept champs couverts par la planification financière, ce qui lui procure un meilleur bagage et une vision plus complète de la situation d’un client. Les produits financiers ne sont qu’accessoires à l’atteinte de l’objectif de tout consommateur ».

4- Soignez ce que ne montre pas votre CV. « Au-delà du diplôme, c’est la personnalité qui est le nerf de la guerre, croit-il. On cherche des gens conciliants, diplomates, qui ont des aptitudes d’aidants naturels. » Questionner le candidat sur ses activités de bénévolat fait partie de ses stratégies. « Quelqu’un d’engagé dans sa communauté est généralement capable de bien réseauter et ça vaut beaucoup. »

5- Privilégiez l’offensive. « Plutôt que d’envoyer 150 CV et de rester ensuite dans l’attente, il vaut mieux cibler les entreprises qui nous intéressent et personnaliser le contact, poursuit Gaétan Veillette, qui a 28 années d’expérience, dont 10 ans comme directeur de division où il était entre autres chargé du recrutement.

« Dans un autre ordre d’idées, je me rappelle d’un jeune diplômé qui avait imprimé une centaine de CV, s’était posté sur le boulevard René-Lévesque et les distribuait aux gens d’affaires qui passaient. Il a obtenu sa première entrevue dans la matinée. » Ainsi, faire preuve d’initiative peut rapporter gros.

6- Prêtez attention à votre image. « Posséder un bon jugement est l’une des bases du métier. Un employeur qui vous verra éméché, vêtu de façon peu professionnelle ou partageant des positions politiques ou religieuses démagogiques sur les réseaux sociaux pourrait penser que vous manquez de jugement. »

7- Prenez les tests avec un bémol. Bon nombre d’employeurs utilisent des tests psychométriques, notamment pour effectuer un écrémage. Le plus connu est le fameux POP Screen, de Self Management Group. « C’est un outil parmi d’autres, indique André Lacasse, directeur associé au Centre financier de la Montérégie. Nous le prenons avec un grain de sel, car nous l’avons testé sur une dizaine de nos meilleurs conseillers et certains en sont sortis forts, mais d’autres moins. »

8- Faites preuve de modération. « Souvent, les gens essaient de se présenter sous leur meilleur jour. Avec l’expérience, on est capable de déceler ceux qui en font trop, révèle le recruteur, qui 25 ans d’expertise derrière la cravate, dont plus de six ans en recrutement. Je préfère des candidats qui vont me raconter des choses qu’ils ont tentées, mais qui n’ont pas fonctionné, en mettant en avant ce qu’ils en ont retenu. »

9- Laissez tomber la cravate… ou pas. « Il y a 10 ou 15 ans, c’était important, mais depuis, plusieurs études réalisées chez les clients ont montré que ça donnait l’impression d’un mauvais vendeur de voitures, ou que ça créait une distance », dit M. Lacasse.

Cela dit, les recruteurs interrogés ne s’entendent pas complètement sur ce point… M. Veillette souligne que la profession est restée conservatrice. M. Tremblay mentionne que pour un poste de supérieur, dans lequel le conseiller sera amené à côtoyer des clients plus fortunés et donc généralement plus âgés, il vaut mieux porter une cravate. Conseil : regardez la page LinkedIn du recruteur : s’il ne porte pas de cravate, laissez aussi la vôtre dans la penderie!

Et voici… ce qu’il ne faut pas faire!

Selon Jennifer O’Donoughue, directrice Acquisition de talents chez Desjardins, « un candidat doit éviter de donner des réponses toutes faites ». Elle fait notamment référence au grand classique « Mon plus grand défaut est d’être trop perfectionniste ».

Il faut aussi, selon elle, se présenter « sans tomber dans le piège de la familiarité » en racontant des annecdotes relevant de la vie privée. Demeurer dans la sphère du professionnel doit rester de mise.

L’autre erreur consiste, selon celle qui possède près de 17 années d’expérience en recrutement, à ne pas connaître sa valeur sur le marché et à avoir des attentes financières irréalistes.

« Il y a plusieurs outils pour cela, tel que le Guide des salaires selon les professions au Québec, d’Emploi-Québec », ajoute-t-elle. Celui-ci recense environ 500 groupes professionnels et donne notamment les taux horaires moyens, la croissance annuelle des salaires depuis cinq ans et les salaires horaires médians de chaque profession.

« L’entrevue, ça se joue aussi sur la capacité à démontrer son expertise à partir d’exemples précis tirés de son passé professionnel et qui illustrent que l’on a les compétences clés requises. Il faut également partager les valeurs de l’organisation, un élément prioritaire chez nous. Cela suppose que le conseiller ait fait un certain travail d’introspection », souligne Mme O’Donoughue.

Selon les autres recruteurs interrogés, il faut faire attention aux poignées de main molles et à ne pas être trop critique (envers votre ancien employeur, ou le gouvernement). « Parler en mal d’employeurs précédents ou d’ex-patrons est généralement perçu négativement. Le candidat devrait être capable de signaler comment il a grandi grâce à ses expériences passées de travail. Il démontre ainsi qu’il est bon joueur et qu’il est capable de faire équipe », souligne Gaétan Veillette.

Quand un candidat se permet de critiquer le gouvernement ou un ex-conjointe(e) en entrevue d’embauche, ça en dit aussi beaucoup sur sa personnalité, juge-t-il.

Il faudrait en outre, selon lui, éviter les trous dans le CV. Cependant, un trou dû à un emploi qu’on préfère ne pas mentionner, une longue période de chômage ou un contrat qui s’est mal terminé n’est pas forcément négatif si le candidat manifeste être resté actif. Il peut citer des formations, des études, un repositionnement, ou un projet personnel.

Enfin, ne refusez jamais une visite des bureaux, qui permettra notamment d’évaluer votre intérêt et votre capacité d’entrer en contact avec les autres.

« Je me souviens d’une candidate à un poste de conseillère en services financiers à qui l’on avait proposé de faire une visite guidée de nos locaux pour avoir un aperçu de l’environnement de travail, raconte M. Veillette. Elle a décliné en répondant que les bureaux se ressemblaient tous et n’avait pas de questions particulières au sujet de sa carrière. Pour le recruteur, cela indiquait un certain désintéressement. »

Enfin, n’oubliez pas : si vous n’êtes pas retenu, essayez d’obtenir de la rétroaction pour vous améliorer!

Mathias Marchal