Le CELI sera-t-il victime de son propre succès?

Par Yves Rivard | 2 mai 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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En lançant le Compte d’épargne libre d’impôt (CELI), feu le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, s’était réjoui d’avoir créé l’instrument d’épargne personnelle « le plus important depuis l’introduction du régime enregistré d’épargne-retraite ». Avait-il alors pensé que celui-ci pourrait devenir la victime de son propre succès? C’est la question que pose le journaliste économique Dale Jackson, du Globe and Mail.

Rappel des faits : mesure fiscale conçue principalement pour les contribuables les plus fortunés, le CELI avait pour objectif de réduire les impôts et taxes des grandes entreprises et des plus riches, ce qui devait en retour se traduire par des dépenses et des investissements permettant un meilleur roulement de l’économie. Mais, en réalité, les détenteurs de CELI auraient plutôt tendance à utiliser ces fonds pour spéculer, créant ainsi une stagnation de l’économie. À ce jour, plus de 10 millions de CELI seraient enregistrés auprès de Revenu Canada, pour une valeur totale dépassant les 88 milliards de dollars. Un chiffre appelé à être revu et augmenté sous peu, le plafond maximal sans taxation ayant été récemment porté à 31 000 $.

Myron Knodel, directeur du service planification fiscale et successorale au Groupe Investors à Winnipeg, explique au Globe and Mail que « plus nombreux seront les Canadiens qui auront recours à cette alternative, plus les pertes en revenus de taxes se feront sentir du côté du gouvernement, et ce, dans un contexte où la population vieillissante demande davantage d’investissements en mesures et en soins ». Ce dernier va même jusqu’à évoquer la possibilité de changements des lois fiscales actuellement en vigueur, citant par exemple la possibilité de voir la prestation de Sécurité de la vieillesse être coupée si Ottawa décidait de considérer les fonds déposés dans un CELI en tant que revenus de retraite. « Le gouvernement fédéral n’a pris aucun engagement quant au nombre d’années pendant lesquelles la limite de contribution sera augmentée. On ne sait même pas si le CELI sera maintenu à moyen ou long terme », note M. Knodel.

Yves Rivard