Le succès à portée de la main

Par Mark Brown | 4 avril 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les marchés haussiers ne sont pas aussi fréquents qu’on le croirait. Depuis sept ans, ils évoluent à l’intérieur d’un intervalle plus ou moins constant. Et selon Kim Shannon, gestionnaire spécialisée en analyse de la valeur et fondatrice de la firme Sionna Investments, tout porte à croire qu’il en sera ainsi pour au moins huit ans encore.

«Après une phase particulièrement active, on assiste généralement à la capitulation, puis à la consolidation des marchés. Ensuite, le marché se déplace latéralement pour une période d’au moins 15 ans, voire jusqu’à 30 ans dans certains cas», soulignait-elle devant une foule venue célébrer sa décision de se joindre à la firme Brandes Investment Partners & Co. à titre de partenaire.

«En règle générale, les marchés évoluent à l’intérieur d’une fourchette donnée», dit-elle. Lorsque surviennent des phases haussières, leur caractère éphémère empêche la plupart des investisseurs d’en profiter. En réalité, les marchés se sont comportés de la sorte au cours de 100 des 134 dernières années.

Le ratio cours-bénéfice est un des meilleurs indicateurs que les marchés se déplacent de façon latérale. Selon Mme Shannon, ce ratio grimpe au cours d’une phase haussière avant que le marché ne se stabilise. Au cours des années suivantes, ce ratio revient graduellement à la normale, soit par le biais d’un retrait des cours ou encore à la suite du rééquilibrage entre les bénéfices et les cours.

La dernière fois où un tel événement est survenu remonte au milieu de l’année 1965. À l’époque, le ratio cours-bénéfice était inférieur à 10. Pendant les 18 années qui suivirent, le rendement moyen sur les investissements a stagné aux alentours de 0,6%. Ce sont les revenus de dividendes qui prirent alors le relais, avec un rendement moyen de 4,5%. Ensemble, ils totalisaient un rendement annuel de 5%. Ce sont d’ailleurs ces faibles ratios cours-bénéfice qui préparèrent le terrain pour la phase haussière suivante, qui débuta en 1982.

À l’heure actuelle, au Canada, le ratio cours-bénéfice se situe autour de 15. «Les gens aiment mieux ne pas penser à ce que serait un taux de rendement aussi faible», souligne Mme Shannon. Selon elle, cela signifie toutefois que nous n’avons pas encore terminé la phase de reprise et de capitulation.

En général, l’indice des commodités recule pendant une phase haussière et remonte lors d’un mouvement latéral des marchés. Non seulement cela est-il une excellente nouvelle pour le Canada, les données dont nous disposons semblent également supporter cette hypothèse.

Mme Shannon fait également remarquer que la performance du Canada a été supérieure à celle de la plupart des marchés au cours de ces phases de stabilité. Bien qu’elle croie que la situation se poursuivra, elle met en garde les investisseurs qui seraient tentés de s’asseoir sur leurs lauriers. «Il faut garder à l’esprit que pendant ces phases latérales, il se peut qu’il y ait d’excellentes années, mais que les marchés baissiers sont en général beaucoup plus fréquents», souligne-t-elle.

Bien qu’il soit possible que les marchés atteignent des valeurs record, ces derniers ne demeurent à peu près jamais à ce niveau. Demandez à n’importe quel conseiller, il vous le confirmera. Surtout à la lumière des fluctuations observées au cours de la dernière année.

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Shannon n’aime pas tellement effectuer des prévisions annuelles à propos des marchés, ce qui donne une bonne idée de la stratégie de placement préconisée par cette excellente gestionnaire spécialisée en valeur. Le concept à la base de la gestion basée sur la valeur est le retour à la moyenne. En d’autres termes, les titres transigés sur les marchés ont tendance à emprunter les sentiers qu’ils ont empruntés par le passé. Ni plus, ni moins.

En observant la performance relative historique d’un titre par rapport au marché, Shannon est en mesure de prévoir la direction que prendra ce titre dans le futur. «En termes simples, nous tentons de dénicher les titres dont la valeur moyenne est de 1,00$ et qui se transigent à 0,70$ ou moins. Si le risque est acceptable, nous attendons patiemment qu’ils reviennent à leur cours moyen de 1,00$.»

Dans une entrevue effectuée récemment, elle parlait justement de son hésitation à effectuer des prévisions par rapport au comportement du marché dans son ensemble. «La plupart du temps, il s’agit essentiellement de bruit», dit-elle. Et Shannon s’est toujours montrée pessimiste au niveau de ses prévisions par rapport au marché global.

«Mes client connaissent ma tendance à la prudence, souligne-t-elle. Lorsque je décide de faire des prévisions à saveur optimiste, il y a de bonnes chances pour que ces dernières se réalisent.»

Mark Brown