Placement: trop prudent? Danger!

24 août 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’effondrement boursier de 2008 et la publication des données sur la « décennie perdue » semblent avoir créé une génération d’investisseurs dangereusement timorés, surtout chez les jeunes, prévient Dan Richards.

Ce faisant, ils s’exposent à un risque insidieux, celui de ne pas pouvoir réaliser leurs objectifs financiers dans un horizon de placement raisonnable. « L’industrie et les conseillers ont la responsabilité de faire comprendre à leurs clients les conséquences qui existent à adopter une stratégie de placement marquée par une trop grande prudence », dit le président de la firme de communication financière ClientInsights.

De manière naturelle, les investisseurs refrènent leurs ardeurs durant les périodes boursières difficiles. Cette tendance s’est vérifiée durant les marchés baissiers de 1973-1975, 1980-1982 et 2000-2002. Dan Richards fait remarquer que c’étaient principalement les personnes âgées de 40 à 50 ans qui ont été les plus enclines à devenir prudentes après avoir subi des pertes boursières lors de ces périodes. Il qualifie ce phénomène de normal, puisque la prudence financière augmente généralement avec l’âge.

Jeunes et très prudents La nouveauté cette fois-ci, c’est la proportion élevée d’investisseurs jeunes qui se définissent eux-mêmes comme étant « conservateurs » (prudents) en matière de placements. Selon une récente étude de la maison Merrill Lynch menée auprès d’investisseurs américains nantis, 60 % des participants de moins de 35 ans se disent prudents. Par comparaison, on ne compte que 41 % des personnes du groupe des 35 à 64 ans qui se décrivent de cette façon. Fait à signaler, le segment « conservateur » le plus fortement représenté est âgé de 31 ans seulement. Il faut dire que la débâcle boursière de 2008 a été particulièrement rude et qu’elle a frappé avec une rapidité insoupçonnée. Mais ce n’est pas la première fois que les marchés réagissent vigoureusement avec humeur, rappelle Dan Richards.

L’étude de Merrill Lynch indique que les deux tiers des investisseurs prudents croient que l’achat de produits peu risqués les met à l’abri des pertes financières lors des marchés baissiers. Cependant, seulement 25 % des personnes interrogées savent qu’un comportement empreint de grande prudence les empêchera de profiter de rendements appréciables lorsque les marchés repartiront à la hausse. Qui pis est, à peine 10 % des participants reconnaissent qu’une attitude « conservatrice » peut entraver leurs projets de retraite.

Voilà pourquoi les conseillers ont le devoir de bien informer leurs clients indûment timorés, dit Dan Richards. Non seulement ont-ils l’obligation de leur expliquer les tenants et aboutissants des marchés financiers, mais des risques qu’ils courent à être absents des remontées comme celle que l’on connaît depuis deux ans. « Lorsqu’on leur présente la différence à long terme d’un placement qui engendre un rendement de 6 % ou 7 %, par rapport à un rendement de 4 % ou de 5 %, les investisseurs de 30 ou de 40 ans restent stupéfaits », constate l’expert.

Évidemment, on trouvera toujours des investisseurs, jeunes ou vieux, qui éprouvent une aversion maladive au risque. Pour eux, la tranquillité d’esprit constitue la seule et unique priorité financière. Les conseillers n’ont pas l’obligation de les convaincre de changer. Leur rôle est de leur expliquer comment un simple écart de 1 % peut s’avérer déterminant dans l’atteinte (ou non) de leurs objectifs financiers. Une fois qu’ils seront bien au fait de cette situation, ces investisseurs prendront leur décision en toute connaissance de cause, grâce au travail de leur conseiller, conclut Dan Richards.