Placements : rendement annuel de 10 % ? Oubliez ça…

10 Décembre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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À moins de courir des risques financiers élevés, les investisseurs devraient dire adieu à la perspective de décrocher un rendement annuel de 10 % sur leurs placements. Voilà la conclusion que tire le chroniqueur Jonathan Chevreau, du quotidien Financial Post, en réponse à un lecteur qui se demandait si un tel scénario était raisonnable.

Pour appuyer son affirmation, il a consulté quatre gestionnaires de portefeuille aux styles différents. Constat unanime : dans le contexte actuel, il est pratiquement impossible d’obtenir un rendement de 10 % sans augmenter significativement le niveau de risque des placements. « Et puis, parle-t-on de 10 % avant ou après inflation ? », a demandé l’un des experts. Dans le but de se ménager une marge de manoeuvre, Jonathan Chevreau a considéré ce rendement avant inflation. Même là, les chances de réaliser une telle performance relèvent quasiment de l’utopie.

L’un des spécialistes participant, Robert Arnott, a dressé une liste des rendements à long terme annuels générés par les catégories d’actifs suivantes :

– Actions américaines : de 5 % à 7 % (selon les indices suivis).

– Actions internationales : de 5 % à 8 %

– Actions des marchés émergents : de 5 % à 9,5 %.

– Fonds d’investissement privés : 8 %

– Fonds de couverture : 7 %

– Obligations du gouvernement américain : 2,3 %

– Obligations américaines à rendement réel : 4 %

Comme on peut le constater, aucune de ces sept catégories d’actifs ne rapporte 10 %. Il est donc illusoire de penser qu’un portefeuille équilibré, ou même concentré, ne puisse jamais produire un rendement de 10 %, indique Jonathan Chevreau.

Selon Robert Arnott, les investisseurs aguerris peuvent espérer obtenir 8 % s’ils jouent leurs cartes avec audace et doigté. Mais cela demeure hypothétique. « Un portefeuille classique composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations engendrera 4,6 %, à peine plus de la moitié de la cible maximale », dit-il.

Pour atteindre 8 % sur une longue période, les investisseurs devront bâtir des portefeuilles fortement concentrés en actions des marchés émergents, en parts de fonds d’investissement privés et en unités de fonds de couverture. Les actions seront principalement des titres à petite capitalisation, reconnus pour générer plus de croissance que les actions d’entreprises à grande capitalisation. Pour ce qui est de la composante des titres à revenu fixe, il faudra opter pour des obligations à rendement réel et des obligations à rendement élevé.

Outre une répartition dynamique des actifs, la chance devra sourire à ces investisseurs, fait remarquer Clay Gillespie, un autre spécialiste consulté. Selon ses prédictions pour les 10 prochaines années, les actions américaines afficheront un rendement annuel moyen de 6,1 %, ou de 4,1 % après une inflation qu’il estime à 2 %.

Encore une fois, on est loin du compte.

Morale de cette histoire ? Les investisseurs qui planifient actuellement leur retraite doivent faire preuve de réalisme vis-à-vis des attentes qu’ils placent dans les marchés, dit Jonathan Chevreau. S’ils envisagent de quitter tôt le marché du travail en croyant que leur épargne-retraite rapportera 10 %, ou même 8 % annuellement sur une longue période, ils se préparent à connaître des lendemains qui déchantent, malheureusement.