Que faire avec un REER?

14 février 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Closeup of an elderly man looking away in deep thought , depression

Les investisseurs qui célébreront leur 71e anniversaire de naissance en 2012 ont jusqu’au 31 décembre pour transformer leur REER, rappelle Deanne Gage. Trois choix s’offrent à eux : convertir leur REER en FERR, utiliser le capital du REER pour souscrire un contrat de rente ou simplement encaisser leur régime d’épargne-retraite.

« Peu de gens choisissent de l’encaisser, puisque les REER sont imposés selon votre taux d’imposition marginal. Pour certains Canadiens, il pourrait s’agir de 45 %, voire plus », dit la chroniqueuse à Morningstar Canada.

Par conséquent, elle porte son attention sur les FERR et les rentes.

La souplesse des FERR Comme un REER, le FERR est un régime qui peut contenir une variété de placements. Il permet que soit différée l’imposition des gains en capital, des intérêts ou de toute autre forme de revenu. Mais, contrairement au REER, un certain pourcentage de l’argent doit être retiré d’un FERR chaque année. Le montant du retrait minimal est imposable. Il est fonction de l’âge du détenteur et de la valeur marchande de son FERR. « Toutefois, aucun retrait minimum n’est exigé pour l’année au cours de laquelle vous mettez votre FERR sur pied », précise Deanne Gage.

Les retraités qui n’ont pas besoin de leur retrait FERR obligatoire pour boucler leur budget familial peuvent en placer une partie dans un CELI pour continuer à bénéficier d’un abri fiscal. En fin, s’il y a encore de l’argent dans un FERR au moment du décès du détenteur, il reviendra à son bénéficiaire. L’imposition sera différée si ce denier est le conjoint du détenteur.

La garantie des rentes À l’opposé des FERR, les rentes sont des produits garantis. Elles ont l’avantage de générer un revenu mensuel prévisible pour le restant des jours de leur titulaire. Les compagnies d’assurances vendent des contrats de rente, le coût en étant déterminé, en termes actuariels, selon l’espérance de vie du client.

Autrement dit, un retraité qui vit plus longtemps que ce que prévoient les tables actuarielles profitera de son contrat de rente, puisqu’il continuera de percevoir des prestations passé l’âge anticipé de sa mort. « Ce genre de produit peut être tentant si la volatilité boursière vous met mal à l’aise », note Deanne Gage.

L’ennui, c’est que les contrats de rente coûtent cher. Lorsque le titulaire d’une rente décède, les paiements restants reviennent à la compagnie d’assurances qui lui a vendu le produit, non pas à ses héritiers.

Il est possible d’adoucir cet obstacle en souscrivant un avenant, moyennant des frais supplémentaires. « Vous pouvez par exemple choisir une garantie de 10 ans qui, en cas de décès prématuré, assurerait que les paiements de rente restants de ces 10 ans aillent à votre bénéficiaire », explique la chroniqueuse.

On reproche aux rentes leur caractère irrévocable. En effet, une fois le contrat signé, il est très difficile, voire impossible, de l’annuler. Un retraité qui se retrouve avec une dépense imprévue à régler pourrait être mal pris. Avec un FERR, il peut toujours effectuer un retrait forfaitaire supplémentaire.

C’est pour cette raison que les experts qu’a consultés Deanne Gage ne recommandent pas d’investir la totalité d’un REER ou d’un capital non enregistré dans une rente viagère. Les aînés qui désirent un recevoir un revenu mensuel fixe peuvent affecter une combinaison des prestations gouvernementales garanties (RRQ et PSV), de leur pension d’employeur (le cas échéant), ainsi que d’une rente ou d’un autre produit à revenu fixe pour constituer cette base.

Les personnes qui ne touchent pas de prestations d’un régime privé de retraite peuvent considérer l’achat d’une rente avec une partie de leur REER ou de leur FERR, « parce que cela imite une pension ».

REER, FERR et récupération La loi prévoit qu’on doit transformer un REER en rente ou en FERR au plus tard le 31 décembre de l’année où l’on atteint l’âge de 71 ans. Mais rien n’empêche de le faire avant. Les travailleurs poussés à une retraite anticipée à la suite d’une perte d’emploi, par exemple, sont souvent forcés de puiser tôt dans leur épargne-retraite pour joindre les deux bouts. Pour eux, la conversion de leur REER en FERR peut être une question de survie économique…

Et puis il y a la question des prestations de la sécurité vieillesse, souligne Deanne Gage. Si un aîné a un revenu net de 69 562 $, le gouvernement commencera à récupérer graduellement la PSV qu’il lui verse. À 112 772 $ ou plus de revenus, la récupération est de 100 %. Si cet aîné a 65 ans et qu’il possède un REER important, le barème de retraits du FERR qui lui sera imposé à 71 ans pourrait le mettre en territoire de récupération de sa PSV, s’il laisse simplement le REER s’accumuler pendant six ans de plus.

Plutôt que de devoir faire face à un taux effectif d’imposition marginal plus élevé après l’âge de 71 ans, cette personne de 65 ans pourrait éviter une partie de cette obligation fiscale imminente en payant des impôts aujourd’hui à un taux inférieur à celui qui l’attend demain.

Voilà pourquoi les personnes qui doivent faire des choix de conversion ont intérêt à consulter leur conseiller pour savoir quelles stratégies sont les mieux adaptées à leur situation. Des milliers de dollars peuvent être en jeu.