REER : cinq erreurs à éviter

Par La rédaction | 20 février 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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A. Singkham / 123RF

Le conseiller Terry McBride, du cabinet Raymond James, constate que de nombreux épargnants ont de la difficulté à saisir certaines notions de base en ce qui concerne la gestion de leur REER. Voici les cinq erreurs qu’il rencontre le plus fréquemment.

1. Se gourer avec le calendrier La loi prévoit que les cotisations REER faites dans les 60 premiers jours de l’année peuvent être déduites l’année précédente. Certains épargnants saisissent mal ce concept. Ils incluront leurs contributions des 60 premiers jours de 2013 dans l’année d’imposition 2013, alors qu’ils pourraient les déduire en 2012. Ce méli-mélo dans les dates pourrait les désavantager. Rappelons que le calendrier annuel des REER de cette année a commencé le 1er mars 2012 et se terminera le 1er mars 2013.

Cette notion est importante, dit-il. En effet, les employés qui participent à un REER collectif au travail, par exemple, pourraient recevoir leur relevé de cotisation de février 2011 à la mi-mars, soit bien après la date limite de contribution déductible en 2012, et penser que leur cotisation de février 2013 n’est pas admissible pour l’année d’imposition 2012. Son conseil? Au lieu d’attendre les reçus officiels, vérifiez sur vos talons de chèques de paie combien vous avez versé depuis le 1er mars 2012 jusqu’à aujourd’hui, puis calculez la différence à combler d’ici le 1er mars 2013 pour maximiser vos contributions de 2012.

2. Sur-cotiser par inadvertance Plusieurs épargnants qui se gourent avec le calendrier REER se trouvent parfois à sur-cotiser au cours d’une année donnée. Or, les cotisations excédentaires qui dépassent 2000 $ (à vie) sont frappées d’une pénalité fiscale équivalant à 1 % par mois sur la somme en trop. « Remplir le formulaire T1-OVP qui établit le montant de la pénalité n’est pas une sinécure », prévient Terry McBride. Que faire pour éviter ces désagréments? Très simple : il suffit de consulter l’Avis de cotisation qu’envoie l’Agence du revenu du Canada une fois qu’elle a traité la déclaration de revenus. Y est inscrit le maximum déductible au titre des REER pour l’année d’imposition suivante.

3. Investir avec trop de prudence Après avoir subi deux krachs boursiers au cours de la dernière décennie, de nombreux Canadiens ont perdu confiance dans le marché des actions. Ils se réfugient alors dans les produits à capital garanti, comme les CPG, afin de mettre leur argent à l’abri des fluctuations des cours. Or, ce faisant, ils s’exposent à un risque insidieux : voir l’inflation éroder leur pouvoir d’achat. En effet, les taux d’intérêt que produisent les CPG sont actuellement inférieurs au taux d’inflation. Morale : ce n’est pas parce que votre argent est en sécurité qu’il est à l’écart des dangers. « À long terme, les REER bénéficient de la croissance des actions. Cela aide les investisseurs à maintenir leur pouvoir d’achat », dit Terry McBride.

4. Mal diversifier le contenu REER Certes, les REER peuvent profiter de la croissance des actions, mais il ne faut pas inutilement les surcharger d’actions ou de fonds d’actions. Pourquoi? Parce que les dividendes et les gains en capital que ces produits rapportent perdent leurs avantages fiscaux lorsqu’ils sont détenus dans un régime enregistré. Rappelons que seule la moitié d’un gain en capital est imposable, et les dividendes de sociétés canadiennes donnent droit à de généreux crédits d’impôt, tant au fédéral qu’au Québec. À la condition, toutefois, que les instruments qui les ont générés soient détenus dans un portefeuille non enregistré (hors REER).

Au contraire, si ces actions ou fonds communs prennent de la valeur dans un REER, aucun traitement fiscal avantageux n’est accordé. Qui plus est, « les gains en capital et les dividendes deviendront entièrement imposables lorsque vous commencerez à les retirer de votre REER », explique Terry McBride.

La logique veut donc qu’on place les produits générateurs d’intérêts dans un REER, et les instruments qui engendrent des gains en capital et des dividendes dans un portefeuille non enregistré. Cependant, ce n’est pas toujours aussi simple, admet Terry McBride. Voilà pourquoi les REER devraient être vus comme un élément parmi d’autres au sein d’un plan de retraite qui comprendrait, en outre, un régime complémentaire de retraite, un CELI, le Régime de rentes du Québec, la Pension de la sécurité de la vieillesse et, le cas échéant, le Supplément de revenu garanti.

5. Emprunter pour cotiser… avec une carte de crédit! Même si cela dépasse l’entendement, Terry McBride a vu des épargnants financer leurs cotisations REER avec leurs cartes de crédit. Évidemment, c’est une idée saugrenue. Supposons qu’une personne soit imposée au taux de 35 %, et que sa carte de crédit porte un intérêt de 20 %. Si elle contribue à son REER à l’aide de sa carte de crédit, il faudrait que son REER génère un rendement garanti de 30 %, ne serait-ce que pour atteindre le seuil de rentabilité, estime l’expert. Entre cotiser à un REER et payer le solde d’une carte de crédit, votre coeur balance ? Il n’y a pas à hésiter, tranche Terry McBride : remboursez votre carte de crédit.

La rédaction