Et si l’on auditait les gestionnaires?

Par Christine Bouthillier | 26 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Yulia Kireeva / 123RF

Que diriez-vous si un tiers surveillait la façon dont vous gérez les investissements de vos clients? Une éventualité qui pourrait très bien devenir réalité. Assez généralisée chez les investisseurs institutionnels, la vigie de portefeuille fait maintenant ses premiers pas du côté individuel.

La plupart des régimes de retraite mandatent des firmes d’actuaires pour s’assurer que les gestionnaires de portefeuille font un travail adéquat, expliquait jeudi la planificatrice financière Nathalie Bachand, lors du congrès 2019 de l’Institut québécois de planification financière.

« L’étape un, c’est d’établir les critères pour sélectionner les gestionnaires. On effectue des entrevues et on détermine des finalistes. Puis, périodiquement, il y a un suivi des résultats, révision des frais, etc. On n’évalue pas juste le rendement, mais aussi les raisons pour lesquelles on a choisi de faire ces investissements. Presque tous les régimes de retraite font cela, ça leur permet de limiter leur responsabilité », explique-t-elle.

Un service que l’on voit peu du côté individuel. La plupart des gens consultent un conseiller directement et ne demandent pas l’avis d’un intermédiaire pour en faire une évaluation, constate-t-elle.

DES AVANTAGES

Pourtant, les clients comme les professionnels en services financiers auraient tout à gagner de recourir à la vigie de portefeuille, selon Richard Pilotte, associé-conseil chez Mallette. Les représentants n’ont pas à craindre d’être écartés au profit de professionnels de la firme qui offre le service.

« On respecte toujours le réseau du client. Le but n’est pas de « tasser » des gens, nous travaillons tous en équipe », explique-t-il.

La vigie de portefeuille chez les individus tend à augmenter, constate le planificateur financier.

« Les clients sont préoccupés à savoir si leur dossier recevra une réponse adaptée à leurs besoins. Les scandales financiers n’ont pas aidé [à la méfiance envers les conseillers]. Ils veulent quelqu’un pour les accompagner dans le processus », explique-t-il.

C’est pourquoi ils demandent à des actuaires et des analyses financiers (CFA) de réviser le travail du gestionnaire de leur portefeuille.

« Chaque mois, on produit un rapport consolidé où l’on s’assure que la politique de placement de chaque compte est respectée, que le décaissement se fait en réduisant les répercussions fiscales et où l’on révise les honoraires, les entrées et les sorties de fonds, etc. » ajoute Richard Pilotte.

Un suivi annuel plus complet, similaire à un audit, est aussi réalisé. L’Autorité des marchés financiers est alors contactée pour vérifier si le gestionnaire fait l’objet d’une poursuite ou est en voie de l’être, entre autres choses.

D’UNE GÉNÉRATION À L’AUTRE

Au décès d’un client, le travail peut se poursuivre avec la succession. « On revoit la politique de placement en fonction des héritiers, on essaie de réduire les conséquences fiscales du décès », énumère M. Pilotte.

Une continuité qu’apprécient les clients, juge-t-il. Ces derniers aiment également la transparence qu’apporte un tel processus. Mallette a, par exemple, créé des mesures de performance (rendement, volatilité, etc.) que tous peuvent comprendre, et non pas seulement les spécialistes de la finance. De plus, les honoraires sont toujours payés par les clients pour éviter tout conflit d’intérêts.

N’en tient alors qu’aux épargnants de mettre en place les recommandations émises par l’armée de spécialistes qui les entoure.

Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.