Le savoir-être : la clé de votre réussite

Par Siham Lebiad | 28 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Jrg Stber / 123RF

Études supérieures, titres professionnels, accréditations, que de façons de prouver vos aptitudes! Mais est-ce suffisant? Dans son nouveau livre Pile et face, Michel Villa explique que tout ça n’est que le quart de la recette.

« On t’engage pour ton savoir, on te congédie pour ton savoir-être », voilà ce que pense le conférencier, ancien négociateur et détenteur de nombreux titres reconnus dans l’industrie (CFA, CPA, FRM, MBA et bien d’autres).

Son livre se veut un pont entre l’importance des connaissances et celle du comportement humain, « parce qu’il faut avoir les deux pour réussir en finance ».

« En ce qui concerne la Bourse, on retrouve des livres pour les nuls et d’autres très avancés. Mais il n’y avait pas d’ouvrage pour intermédiaires. J’ai alors voulu présenter dix notions, des principes immuables qui peuvent servir tant au néophyte qu’à l’expert. Tout ceci en y mêlant mes expériences personnelles, qui se rapportent plus à la notion de savoir-être », confie Michel Villa, en entrevue avec Conseiller.

Le livre, destiné aux conseillers ainsi qu’aux personnes intéressées par le domaine de la finance, offre une vision différente de la littérature existante. À travers différentes anecdotes, l’auteur s’efforce de souligner l’importance de la réaction plutôt que de l’action lorsque l’on est conseiller en placement.

Agir de façon rationnelle est à la portée de tous, mais ce qui différencie les professionnels est la manière dont ils réagissent face à l’adversité. Par exemple, lorsqu’un conseiller prend une décision d’investissement, il se base sur ses connaissances et son expérience, mais lorsque vient le moment de surveiller les mouvements du marché pour gérer un investissement, le côté émotionnel et des traits de caractère, comme l’impatience et la prétention, peuvent prendre le dessus. C’est cet aspect qu’il faut savoir apprivoiser pour réussir.

Se servant de son expérience personnelle, il explique les raisons de son intérêt grandissant pour la finance comportementale, un domaine où le Québec accuse un retard, selon lui, et pour lequel les ressources ne sont pas toujours disponibles.

Il s’est inspiré d’auteurs américains, tels qu’Adam Grimes, Daniel Kahneman et Mike Bellafiore. Ce dernier, qu’il considère comme un mentor, l’a aidé à réaliser l’importance de la psychologie pour les conseillers juste après son congédiement d’une grande institution financière canadienne.

« Le choc est survenu à la suite de mon renvoi. J’ai tous les diplômes possibles, je suis une personne relativement intelligente, mais je n’ai pas eu de succès. J’en ai parlé avec Mike Bellafiore, qui m’a dit que c’était entre mes deux oreilles que ça ne fonctionnait pas. »

« Ce qui a fait que je n’avais pas réussi à l’institution financière, c’est que je gérais mal mes émotions, je prenais trop de risques au mauvais moment et j’avais un ego gros comme la terre. Pendant un an, j’ai réfléchi à cet aspect-là et je me suis intéressé à la finance comportementale. »

LE PARADOXE DE COMPÉTENCE

Selon le concept du paradoxe de compétence, le résultat de certaines activités est déterminé par la combinaison d’habiletés et de chance. Prenons deux professionnels aux connaissances similaires. Plus leurs habiletés sont élevées, plus l’écart entre leurs compétences est minime, ce qui accroît l’importance de la chance, un facteur constant.

« Bien entendu, le paradoxe de compétence est omniprésent à la Bourse, explique Michel Villa dans son livre. Je ne suis d’ailleurs pas convaincu que les capacités innées, la formation et le parcours professionnel sont des facteurs de réussite […] lorsque vient le temps d’implanter et de gérer un placement. L’intelligence intellectuelle a ses limites. Malgré des stratégies d’investissement implacables, l’investisseur n’a aucun contrôle sur le résultat parce que le marché est un système complexe et adaptatif, sans oublier son caractère incertain et aléatoire. »

L’auteur donne l’exemple de Valeant Pharmaceuticals, qui a perdu contre toute attente plus de 50 % de sa valeur au printemps 2016. La décision du célèbre investisseur Bill Ackman, actionnaire à 9 % de Valeant, de racheter plus de titres de l’entreprise a fini par leur faire atteindre le fond du baril. Bill Ackman s’en est départi en 2017 alors qu’ils étaient au plus bas.

Si les compétences ne sont pas toujours d’un grand secours, que faire devant l’incertitude des marchés? « Théoriquement, comme le cours d’une action peut valoir zéro, il est essentiel de prôner la diversification et d’appliquer des règles strictes comme limiter le poids d’un titre dans un portefeuille, prévoir un montant de perte maximale par position et évaluer régulièrement le potentiel de rendement de chacun des titres », conseille M. Villa.

PAS INUTILES, LES CONNAISSANCES

Michel Villa insiste tout de même sur l’importance d’avoir une bonne formation, premièrement parce que les institutions financières privilégient le recrutement de candidats qui possèdent un large éventail de connaissances, mais aussi parce que sans connaissances, un conseiller n’a évidemment pas les outils pour prendre les bonnes décisions.

« Le succès en Bourse dépend à 75 % du comportement et 25 % de la technique, précise-t-il. Si tu n’as pas le savoir, le savoir-être ne sert à rien, c’est pour ça qu’il faut les deux. Mais après un certain seuil, l’apport du savoir plafonne. »

Dans son ouvrage, Michel Villa dévoile aussi ses règles d’or pour bien réussir sur les marchés boursiers. Parmi celles-ci, plusieurs se rapportent au bien-être des conseillers et investisseurs. On y retrouve des conseils sur la nutrition, l’activité physique et même la méditation, dont l’auteur fait l’éloge. Être en forme permet de prendre les bonnes décisions et d’éviter de miner sa santé mentale lorsqu’on prend les mauvaises.

Warren Buffett disait : « Il est bon d’apprendre de ses erreurs, mais il est mieux d’apprendre des erreurs des autres ». Michel Villa vous offre les erreurs qu’il a commises et les apprentissages qu’il en a tiré. Il ne vous reste qu’à en profiter.


Michel Villa, Pile et face : combiner raison et émotion pour réussir en Bourse, Desjardins courtage en ligne, 2019, 185 pages.

Siham Lebiad