Placements alternatifs

Par Nathalie Savaria | 12 mai 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Sylvain De Champlain

Au Canada, à la suite de changements réglementaires, les placements alternatifs sont accessibles aux investisseurs particuliers depuis 2019.

« Pour l’investisseur, c’est l’une des plus belles nouvelles qui lui est offerte depuis des années, pour ne pas dire des décennies, parce qu’enfin, monsieur et madame Tout-le Monde peuvent avoir accès à des stratégies qui étaient auparavant réservées à l’institutionnel ou à des caisses de retraite, déclare Sylvain De Champlain, président, planificateur financier, De Champlain Groupe financier.

Il évalue que les placements alternatifs représentent jusqu’à près de 35 à 40 % des portefeuilles des caisses de retraite.

DE QUOI S’AGIT-IL ?

Cette catégorie d’investissement est composée d’actifs financiers traditionnels que sont les actions et les obligations, ainsi que d’actifs non traditionnels. À cet égard, les exemples ne manquent pas et peuvent prendre la forme de dette privée, d’infrastructures, comme des portions d’autoroutes, ainsi que d’actifs tels que des œuvres d’art ou de collection. Mais les placements alternatifs se distinguent aussi par leurs stratégies non conventionnelles, par exemple en matière de position vendeur/acheteur sur actions, ou de recours à un effet de levier.

« Ce sont des stratégies de placement plus sophistiquées », souligne Sylvain De Champlain.

« Si on achète des actions, par exemple, c’est parce que l’on anticipe que la compagnie va bien aller. On investit dans les actions de la compagnie XY ou un fonds d’action, et on espère que la bourse va monter. Si ça monte, tant mieux, si ça baisse, malheureusement, on doit être patient. Alors que dans les stratégies de placements alternatifs, on retrouve des actions non cotées à la Bourse, des stratégies de fusions-acquisitions, des options d’achat ou de vente, des débentures convertibles. Il peut aussi y avoir du levier qui se fait dans ces catégories d’actifs par des gestionnaires », illustre-t-il

Or, en ayant accès à ce type d’actifs et de stratégies, les résultats attendus par l’investisseur ne sont plus entièrement liés aux performances de la bourse, ni aux rendements de placements à taux fixes.

LES AVANTAGES

C’est l’un des avantages à intégrer des placements alternatifs à un portefeuille d’investissement. Ces actifs n’ont pas de corrélation – ou très peu – avec les marchés boursiers. Cette diversification vient ainsi atténuer les risques et la volatilité du portefeuille.

« C’est un phénomène assez rare, car habituellement, quand il est question d’investissement, on pense davantage en termes de rendements élevés, risques élevés, rendements faibles, risques faibles. Mais en intégrant cette catégorie d’actifs à des actions et à des obligations, on diminue le risque et on augmente le rendement potentiel. »

LES RISQUES

Ces placements non traditionnels ne sont toutefois pas dénués de risques.

En effet, comme cette catégorie d’actifs englobe des plans d’investissement plus complexes, le niveau de risque peut s’avérer plus élevé dans certains cas et il est important d’être en phase avec la tolérance au risque exprimée par le client ainsi que ses objectifs financiers. De même, des fonds peuvent être moins liquides, ce qui peut entraîner « une période de blocage durant laquelle les investisseurs ne peuvent pas retirer leur argent », peut-on lire sur le blogue de De Champlain Groupe financier.

SE FORMER ET FAIRE SES DEVOIRS

Par conséquent, la vigilance s’impose pour les conseillers. Ceux-ci doivent bien comprendre les caractéristiques des diverses stratégies de placements alternatifs et les risques associés à chacune d’entre elles avant de les recommander à leurs clients.

Sylvain De Champlain rappelle également que les conseillers doivent d’abord suivre une formation et réussir un examen pour pouvoir être accrédités et offrir cette catégorie d’actifs à leurs clients en toute conformité.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) recommande d’ailleurs aux investisseurs de s’assurer auprès d’elle que l’entreprise ou la personne avec qui elle fait affaire a le droit de vendre des fonds alternatifs.

L’AMF conseille également aux investisseurs de prendre le temps de lire l’aperçu du fonds, puisque celui-ci « inclut un encadré qui indique de quelle façon un fonds alternatif diffère d’un fonds commun de placement ou d’un FNB classique ».

L’AMF suggère finalement aux investisseurs d’en vérifier les frais associés et précise qu’en « plus des frais liés aux fonds communs de placement et aux FNB, les fonds alternatifs peuvent facturer des frais pour payer une prime de rendement annuelle si le fonds a performé au-delà d’un certain seuil ».

Le conseiller ou la conseillère, on le constate doit donc effectuer une vérification diligente  pour voir ce qu’il y a sur le marché et ce qui peut être intégré dans le portefeuille de ses clients en relation avec son profil d’investisseur.

POUR QUI ?

Pour Sylvain De Champlain, « cette catégorie de placements peut se révéler intéressante pour tous les investisseurs, dans la mesure où on diminue le risque et où on augmente le rendement potentiel ».

Cela dit, au sein de son cabinet, il a été décidé que pour un client « […] qui débute et qui n’a pas 50 000 $, on va d’abord bâtir la base de son portefeuille avec des fonds traditionnels. Puis, en haut de 50 000 $, on va ajouter de la diversification supplémentaire au portefeuille avec ces stratégies ».

UNE ALTERNATIVE À FAIRE CONNAÎTRE

Le cabinet de Sylvain De Champlain s’emploie actuellement à faire connaître les placements alternatifs auprès de sa clientèle et des investisseurs.

« L’année dernière, ces stratégies ont eu des rendements positifs pour la majorité, alors que les placements en bourses ont baissé de plus de 20 % et les obligations de 10 %. »

Il ajoute, pour conclure : « Il faut être vigilant. C’est notre rôle de guider nos clients et les investisseurs de la meilleure façon et de toujours rester allumé à ce qui se passe et aux nouveautés. Et les placements alternatifs sont une nouveauté très intéressante. »

Natalie Savaria

Nathalie Savaria

Nathalie Savaria a été rédactrice en chef de magazines dans le domaine de l’immobilier commercial. Elle est journaliste indépendante.