ChatGPT remplacera-t-il les conseillers ?

Par Carole Le Hirez | 15 février 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : 123RF

Depuis son lancement, le 30 novembre dernier, la plateforme ChatGPT, créée par la société de recherche en intelligence artificielle OpenAI, a pris d’assaut l’Internet. En quelques jours, le chatbot a dépassé le million d’utilisateurs désireux de tester sa capacité à avoir réponse à tout (ou presque).

Le président de Financière Banque Nationale, Gestion de patrimoine, Jonathan Durocher, a eu l’idée de demander au programme si ChatGPT remplacera les conseillers dans l’avenir. Il a été plutôt rassuré par ses réponses.

Il est peu probable que les conseillers en patrimoine seront entièrement remplacés un jour par des modèles linguistiques, a rétorqué le logiciel.

« Les conseillers humains apportent un certain nombre de compétences et de capacités précieuses qu’il est difficile, voire impossible, de reproduire pour les machines », peut-on lire dans la réponse partagée par Jonathan Durocher dans un post sur LinkedIn.

Le programme écrit que les conseillers humains sont capables de comprendre les besoins émotionnels des clients et d’y répondre, de leur fournir des conseils personnalisés et de créer un lien de confiance, tandis que les outils en ligne tels que Chat GPT peuvent aider les conseillers à augmenter leur flux de travail, à améliorer leurs performances et à accroître leur efficacité.

« L’argent, c’est émotif et vous avez besoin d’un autre humain pour le comprendre », s’est réjoui le dirigeant. Il croit que l’IA augmentera la valeur du conseil et que « les conseillers deviendront des psychologues à temps partiel sur les sujets liés à l’argent ».

AUTOMATISER DES TÂCHES FASTIDIEUSES

Se posant les mêmes questions, InvestmentNews a cherché à savoir si ChatGPT pouvait donner de bons conseils financiers. À la suite d’expériences menées par sa rédaction, le média est arrivé à la conclusion que logiciel avait le potentiel « d’automatiser de nombreuses tâches chronophages que les conseillers gèrent actuellement à la main, ce qui leur permettra de se concentrer sur les aspects de leur travail qui nécessitent une touche humaine ».

Le média a soumis plusieurs cas particuliers d’investisseurs au robot pour voir quels genres de conseils financiers il leur donnerait. Les experts invités à analyser les réponses ont jugé qu’elles étaient trop vagues pour être exploitables par la plupart des investisseurs.

David Foster, fondateur de Gateway Wealth Management, qui a également testé l’outil, a indiqué que plus la question posée était spécifique, moins les conseils de ChatGPT étaient utiles.

Il voit cependant un potentiel dans l’IA pour améliorer les efforts de marketing des conseillers ou automatiser les mises à jour des règles et des hypothèses utilisées par les logiciels de planification financière.

Haley Tolitsky, planificatrice financière chez Cooke Capital, a déclaré à la publication américaine que les informations financières fournies par l’IA étaient utiles pour les personnes qui commencent à investir et qu’elle trouvait à tout prendre ses conseils meilleurs que ceux apportés par certains « finfluenceurs » sur des plateformes comme TikTok.

DES CONSEILLERS MOINS INQUIETS

L’IA fera-t-elle bientôt son entrée chez les gestionnaires de patrimoine ? Contrairement à la première vague de robots-conseillers, les professionnels de l’industrie sont plus enthousiastes quant aux capacités de l’IA à améliorer leur pratique qu’ils ne sont inquiets de la voir les remplacer, estime Haley Tolitsky.

Steve Sanduski, cofondateur de ROL Advisor, croit pour sa part que l’essor de l’IA rehaussera la qualité de la profession, car elle « mettra les conseillers moyens hors-jeu » et contribuera à élever le niveau de talent et de compétence des nouveaux conseillers qui entrent dans le l’industrie.

Quant à savoir si l’IA pourrait remplacer un jour les conseillers, Investment News soulève qu’une étude évaluée par des pairs et publiée en 2021 a révélé que les individus sont capables de former un lien de niveau humain avec un programme de chatbot, ce qui remet en cause la croyance selon laquelle les clients voudront toujours faire affaire avec un conseiller en personne.

Certains clients pourraient même préférer interagir avec un ordinateur afin d’éviter  les conflits d’intérêts et les fraudes qui défrayent régulièrement la chronique, rapporte le média. De quoi garder un œil attentif sur cette révolution en marche.

Carole LeHirez

Carole Le Hirez

Carole Le Hirez est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.