Prioriser l’humain avec la technologie

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 22 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Branislav Nenin / 123RF

Le marché canadien est loin d’être facile à pénétrer pour les fintechs. Quelque 90 % des dépôts se font aujourd’hui dans les cinq grandes banques canadiennes et la population n’a jamais vraiment été habituée à magasiner ses produits financiers.

« Mais nous croyons cependant que le marché est devenu plus mature. Il y a de la place et une demande pour une offre rapide et simple », indique Shane Parkhill, chef des opérations canadiennes à Revolut, lors d’un panel tenu mardi au Palais des congrès de Montréal, à l’occasion du Forum FinTech Canada.

Révolut est une banque en ligne qui ne facture aucuns frais pour des transferts d’argent à l’étranger. Surtout implantée en Europe, elle tente aujourd’hui de pénétrer le marché américain.

« L’offre numérique est de plus en plus compétitive, estime M. Parkhill. Les Canadiens voyagent beaucoup et il y a également une population de néo-Canadiens de plus en plus importante, donc une plus forte demande pour des transferts internationaux. »

ASSURER LA LOYAUTÉ DES CONSOMMATEURS

Michael Stephan est le PDG et cofondateur de Raisin, plateforme permettant d’investir partout en Europe et d’ouvrir des comptes auprès de banques établies à travers l’Espace économique européen. Selon lui, les technologies sont aujourd’hui plus abouties et les banques sont également prêtes à modifier leurs pratiques et à conclure des partenariats avec les fintechs. Reste à attirer plus de clients.

« Nous avons finalement réussi à convaincre plusieurs banques de prendre des dépôts sur notre plateforme, note-t-il. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas assez de clients par rapport à notre offre de produits. Nous ne pensions pas au départ que ce serait ça, la contrainte principale. »

Yelena Reznikova, directrice des partenariats à Plaid, croit quant à elle que le comportement des consommateurs est en train de changer. Pour elle, cette transition mène à l’innovation, car elle génère une quantité importante de données susceptibles d’être utilisées par les développeurs afin de mettre au point des produits qui répondent aux besoins du client. Elle avance notamment que seules quatre opérations sur dix sont effectuées au guichet. Le reste passe aujourd’hui par le numérique.

« Le problème, maintenant, c’est de s’assurer de la loyauté des consommateurs, note-t-elle. Pour cela, il faut répondre à leurs besoins, leur accorder du temps, réduire leur stress et développer de la valeur. »

MISER SUR L’EXPÉRIENCE CLIENT

Plaid fournit ainsi aux informaticiens les outils dont ils ont besoin pour créer des expériences simples et accessibles pour les utilisateurs. Pour stimuler l’innovation, l’entreprise analyse toutes les traces numériques que les consommateurs laissent en utilisant leurs applications.

« Il faut écouter les clients et agir en conséquence », confirme Milind Mehere, fondateur et PDG de YieldStreet, une plateforme de gestion de patrimoine qui compte 250 000 utilisateurs et qui gère actuellement 1,5 milliard de dollars d’actif.

« Il faut miser sur l’expérience client, ajoute-t-il. Pour cela, il faut s’assurer de conclure de bons partenariats en ne faisant aucun compromis sur la qualité des produits disponibles sur la plateforme, en rationalisant les opérations et en mettant toute son énergie dans l’innovation. »

Il affirme que l’âge d’or des fintechs est pour bientôt et il appelle les gouvernements et les organismes de réglementation à ne pas leur mettre trop de bâtons dans les roues.

« La concurrence que les fintechs amènent sur le marché va pousser les banques traditionnelles à être plus à l’écoute de leurs clients, affirme-t-il. Au final, ces derniers devraient en avoir plus pour leur argent. Peut-être penseront-ils alors plus à épargner. C’est une bonne nouvelle, puisque cela est de nature à briser le cycle de l’endettement. Or, la dette des Canadiens est un poids pour l’économie du pays. »

Hélène Roulot-Ganzmann