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Tiré de formations certifiant des UFC

La diversification : mode d’emploi
La clé de la sécurité des placements.

« Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »

– Un très vieux et très vrai proverbe

Dans un entretien sur les fluctuations, la volatilité et le risque, il ne faut pas oublier une notion importante, un concept capital pour la sécurité de nos placements : la diversification.

Selon le dictionnaire, diversifier, c’est rendre différent, c’est varier.

Ici, c’est le glossaire de l’Autorité des marchés financiers que nous prendrons comme source d’inspiration : la diversification est une méthode qui consiste à choisir des placements différents à l’intérieur d’un même portefeuille.

Certains investissements peuvent comporter un risque très élevé, et d’autres un risque très faible. En combinant divers placements de natures différentes ou de corrélations différentes dans notre portefeuille, nous pouvons réduire le degré de risque global pour un certain niveau de rendement espéré.

Ainsi, si notre portefeuille contient 20 actions différentes et 10 obligations différentes, nous avons diversifié. Mais encore faut-il diversifier efficacement, c’est-à-dire d’une manière qui réduise le risque global du portefeuille.

Nous ne devons pas aller trop loin et diversifier à l’infini, ce qui aboutit à une dispersion inutile et un rendement plutôt limité.

Petite règle pratique : combien de placements pouvons-nous surveiller efficacement? Cinq, 10 ou 20, probablement pas plus! Alors, simplifions-nous la vie et déléguons la tâche à un gestionnaire professionnel.

Examinons maintenant quelques manières de diversifier notre portefeuille.

Diversification #1 : en actions et obligations, ou selon la nature des placements

Les fluctuations des actions et des obligations sont différentes et ne sont pas dues aux mêmes causes : les premières fluctuent selon les conditions économiques générales, tandis que les secondes varient en fonction des taux d’intérêt.

Généralement, les premières fluctuent plus fort que les secondes. Elles ne fluctuent pas simultanément.

On verra les unes monter, tandis que les autres descendront. Par conséquent, l’ensemble de notre portefeuille de placements fluctuera moins que chacune de ses composantes.

Diversification #2 : secteurs industriels, ou selon les activités des compagnies

Les actions d’une grande chaîne d’épicerie comme Metro fluctueront-elles comme celles d’un constructeur-concepteur d’avions comme Boeing? Les actions d’une grande banque varieront-elles comme celles d’un producteur de cuivre ou d’aluminium tel que Rio Tinto?

Les bénéfices de l’épicerie auront tendance à rester constants, car tout le monde mange tous les jours. Quand le concepteur-constructeur d’avion subit un retard imprévu dans la mise au point de l’aileron d’un nouvel avion, nous voyons ses actions chuter de 50 %.

Quelle que soit la situation économique – croissance ou récession – les grandes banques font de l’argent. Quand l’économie croît, le producteur de cuivre ou d’aluminium engrange des bénéfices et ses actions montent; quand l’économie ralentit, ce même producteur risque d’accumuler les pertes et ses actions chutent.

Si ces quatre secteurs industriels figurent à votre portefeuille, celui-ci fluctuera moins que chacune de ses composantes.

Diversification #3 : secteurs géographiques et monnaies différentes, ou selon la mondialisation

Nous pouvons, en quelques clics, investir notre précieux argent au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Asie, au Sud ou au Nord, dans des pays connus ou moins connus dont les économies fluctueront comme la nôtre ou à l’opposé.

Les actions des compagnies situées dans ces pays, proches ou éloignés, fluctueront comme les actions des compagnies situées dans notre pays… ou à l’opposé. Ce qui est certain, c’est qu’elles ne fluctueront pas de la même manière, ni en même temps, ni avec la même amplitude. On verra les unes monter tandis que les autres descendront.

De plus, les monnaies de chaque pays ou région du monde sont différentes. Ces monnaies, selon les fluctuations économiques générales et les spéculations momentanées, fluctueront l’une par rapport à l’autre. Ces variations des taux de change pourront avoir une influence, tant à la hausse qu’à la baisse, sur la valeur de notre portefeuille d’investissement.

Tous ces éléments mis ensemble auront une double influence : à très court terme, cela pourrait accroître un peu les fluctuations; mais à long terme, les compensations se feront et notre portefeuille de placements fluctuera moins.

Diversification #4 : Géants et PME, ou selon la taille des compagnies

PME : cet acronyme universellement connu signifie – rappelons-le – petite et moyenne entreprise. En investissement, PME s’oppose à grande entreprise.

La valeur des PME fluctue généralement plus fort que celle des très grandes entreprises. Dans une phase de reprise économique, les PME remontent généralement plus vite et plus fort que les grandes entreprises. Elles peuvent aussi chuter plus fort en période de récession. Par ailleurs, les PME offrent souvent un espoir de croissance plus grand que les grandes entreprises.

Placer dans son portefeuille d’investissement à la fois des actions de grandes compagnies et des actions de PME peut constituer un outil de diversification et de réduction du risque global.

L’avantage principal de la diversification est la réduction des risques encourus. Notons qu’il existe quelques méthodes plus sophistiquées, mais beaucoup plus difficiles à expliquer et à comprendre!

Comment pouvons-nous réaliser cette diversification?

Deux méthodes existent : directe et indirecte.

La méthode directe : « Je fais tout moi-même, car je connais ça. Je suis intelligent et instruit, j’ai accès à toute l’information utile sur Internet, j’ai tout le temps nécessaire et j’ai le goût de le faire! Je vais donc sélectionner moi-même les actions de, par exemple, 10 compagnies différentes, dans des pays différents, dans des secteurs différents, de tailles différentes, et aussi cinq obligations différentes, pour y répartir mon trésor. Une fois la sélection initiale faite et exécutée, je suivrai tous les jours l’évolution de mon portefeuille et des entreprises qui le composent en lisant les dernières nouvelles du monde de l’investissement et de la finance. »

La méthode indirecte : Je délègue tout ce travail à un gestionnaire professionnel.

Il prendra en charge toute la gestion de mon trésor en utilisant un outil d’épargne collective qui s’appelle « fonds d’investissement ».

Dans ce dernier, mon épargne sera jointe à celle de milliers d’autres pour constituer une « masse » suffisante pour justifier la rémunération du gestionnaire professionnel et de son équipe. Suffisant veut dire ici un fonds qui contient au moins 250 millions de dollars. Certains gros fonds d’investissement contiennent plusieurs dizaines de milliards de dollars. Nous aurons ainsi la possibilité d’investir dans un grand nombre de titres.

Il existe plus de 4 200 fonds d’investissement au Canada.
Il y en a des nationaux, des internationaux, des mondiaux.
Il y en a d’actions et d’autres d’obligations, ou ceux qui mélangent les deux.
Il y en a des généraux et d’autres spécialisés dans un domaine précis.
Il y en a en dollars canadiens et d’autres en monnaies différentes.

Certains s’appellent tout simplement « fonds d’investissement » et d’autres, « fonds distincts », « rente » ou fonds négociés en bourse (FNB pour les intimes). Chacun possède quelques caractéristiques particulières. Ces différents types de fonds ne sont pas frères et sœurs jumeaux, mais ils sont frères et sœurs dans la diversification.

Généralement, nous pourrons investir dans ces fonds directement par les comptes offerts, sans conseil, par plusieurs grandes institutions financières.

Une autre option est de trouver un spécialiste du domaine des finances personnelles, un conseiller financier. Celui-ci nous aidera efficacement dans les choix que nous aurons à effectuer et nous évitera beaucoup de travail et bien des erreurs.

Bien diversifier constitue une protection contre notre propre ignorance!


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.