4 questions à deux gestionnaires

Par Anaïs Chabot | 24 novembre 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Deux gestionnaires de portefeuille de Fidelity s’affrontaient récemment lors d’un débat amical, dans le cadre d’une webdiffusion.

Pour Daniel Dupont, basé au bureau montréalais de Fidelity, la pierre angulaire d’une bonne stratégie de gestion de portefeuille est de protéger le capital, ne pas perdre l’argent des investisseurs.

Et comment faire cela? Il faut s’assure que, s’il y a une baisse économique importante, la compagnie dans laquelle on investit s’en sortira sans trop de problème et, surtout, que cette baisse n’aura pas un trop grand impact sur le portefeuille. Il faut que la compagnie possède quelque chose de spécial, un produit qui sera en demande encore longtemps, que son bilan soit solide, qu’elle soit en mesure de payer sa dette (s’il y en a une) sans que cela ait d’impact sur ses rendements, que la compagnie ait un bon historique et de bons rendements. Il faut aussi que les provisions de performance à moyen terme soient optimales.

Pour M. Dupont, le meilleur temps pour acheter est quand les prix sont très bas. Oui, avoue-t-il, cela signifie que la compagnie vit un problème, mais il est important de s’assurer que ce n’est qu’un problème à court terme, dont elle se remettra rapidement.

Pour Don Newman, basé au bureau de Toronto de Fidelity, le plus important est que la compagnie ait un bilan exemplaire. Elle doit de plus avoir un flux de trésorerie peu élevé, que les prix ne soient pas trop élevés et que les profits soient assez importants pour payer une dette éventuelle. Avant d’acheter, M. Newman évalue le rendement global de la compagnie, les prévisions de croissance ainsi que le montant des dividendes. Il aime mieux investir dans des compagnies qui ont de moins bons pourcentages de rendement mais des retours élevés que le contraire.

Quand vendre? Pour Daniel Dupont, il y a trois raisons de vendre :

  • on s’est trompé sur le modèle d’affaires quand on a analysé la compagnie;
  • les rendements ne sont pas ceux qui étaient préalablement prévus et il existe une occasion plus intéressante sur le marché;
  • on analyse le portefeuille et les compagnies qui s’y trouvent ne sont pas celles qu’on achèterait aujourd’hui. Si cela arrive plusieurs jours consécutifs, cela signifie qu’il est temps de vendre.

Les motifs de Don Newman sont un peu différents :

  • il y a des changements dans la compagnie et ce n’est pas positif pour l’avenir;
  • l’évaluation de l’entreprise n’est pas celle qui était prévue;
  • il existe une compagnie équivalente, qui se vend moins cher et qui est aussi intéressante.

Investir en Chine et en Europe? Daniel Dupont possède peu de portefeuilles qui investissent en Chine. Pour lui, investir en Chine, au point où on est rendu dans le cycle, est trop risqué pour les portefeuilles qu’il gère.

En ce qui concerne de l’Europe, M. Dupont affirme que certaines compagnie, malgré la crise, ont des bilans solides, des produits intéressants et peuvent être une bonne occasion d’investissement.

Don Newman explique qu’il observe attentivement les marchés chinois. Depuis deux ans, ils sont en baisse. Il analyse également les index de marchandises chinois. Et il se demande si tous les investissements et les prêts aux compagnies chinoises sont vrais ou s’ils ne servent qu’à faire augmenter le PIB du pays.

L’Amérique du Nord survivra-t-elle? Daniel Dupont tient à préciser que la corrélation entre la croissance du PIB et les rendements des marchés des valeurs mobilières est de zéro. C’est pourquoi il existe aux État-Unis de bonnes compagnies qu’il n’hésiterait pas à ajouter aux portefeuilles qu’il gère. Selon lui, c’est d’ailleurs aux États-Unis que les occasions d’investissement sont les plus intéressantes, pour lui. Il y a moins de compagnies qui l’attirent au Canada. Cependant, il convient qu’en investissant aux États-Unis, il y a un petit risque à cause de la devise américaine qui n’est pas à son meilleur.

Pour Don Newman, le défi en Amérique du Nord est de trouver les compagnies qui auront les meilleurs rendements, dans ce contexte de volatilité et d’inflation.

L’avenir sera-t-il plus rose en 2012? L’une des stratégies de Daniel Dupont est de ne pas prévoir l’avenir. C’est pourquoi il n’ose pas prévoir ce qui se passera en 2012. Il se risque quand même à dire que l’avenir se trouve dans les compagnies à forte capitalisation plutôt que dans les compagnies à faible capitalisation.

Don Newman tien à préciser qu’il y aura des actions qui seront en hausse et qu’il y aura toujours des compagnies qui sortiront du lot. Quand les prix sont bas et que le modèle d’affaires est bon, c’est le bon moment pour investir, peu importe le contexte économique, explique-t-il.

Anaïs Chabot