A-t-on atteint un point de revirement des marchés?

Par William-André Nadeau | 24 mai 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le rendement moyen des trois indices boursiers (TSX, le S&P 500 et MSCI monde EAOL) a décliné durant le mois de mai de 6,5 % en $CAN, et de 8,4 % en monnaie locale. Cette baisse est jugée comme très importante dans un aussi court laps de temps. Est-ce le prélude d’un nouveau marché baissier déjà amorcé à la mi-avril ou une correction boursière dans un marché haussier en 2012?

Pour mieux répondre, examinons les facteurs suivants :

Le marché boursier

  • La correction boursière de mai a été accélérée depuis l’annonce des récents problèmes politiques de la zone euro.
  • Depuis deux ans, les profits des entreprises en Amérique du Nord poursuivent leur progression de plus de 10 % l’an, malgré les incertitudes politiques.
  • Selon le consensus des économistes, la croissance économique mondiale, cette année et l’an prochain, serait au même niveau que la moyenne des 40 dernières années soit entre 3,2 % et 3,8 %.
  • Le 18 mai, l’indice de Fair Value” de Morningstar a affiché un creux de 0,87, démontrant une sous- évaluation du marché boursier de 13 %.
  • Le cours-bénéfice anticipé des bourses asiatiques par les analystes de Bloomberg est de 11 fois, de 12 fois pour la bourse américaine et de 10 fois pour les 600 plus importantes sociétés européennes. Ce ratio historique depuis 50 ans est de 16,4 fois. C’est tout un escompte pour les investisseurs boursiers. La dernière fois que les marchés ont été aussi peu dispendieux remonte à 1988. Dans la décennie qui a suivi, le rendement a été de 21 % par année selon une étude de la RBC. Le marché est passé d’un excès de pessimisme en 1988 à un excès d’optimisme en 1998 fortement sur évalué. Selon le ratio cours/bénéfices, les bourses nord-américaines sont sous-évaluées de 25 % ou de 15 %, si on tient compte d’une anticipation de croissance économique de 2 % à 2,5 % en moyenne au cours des prochaines années au lieu du 3 % historique.
  • L’Europe représente 30 % de la planète économique, l’Amérique du Nord, 25 % et la différence revient aux pays émergents. La moitié des pays de la zone euro est malade, et l’autre moitié a une santé fragile mais beaucoup d’épargne. Il est plutôt rare que toutes les économies aillent bien en même temps. Il demeure que les deux tiers de la planète supportent la consommation mondiale.
  • En mai, le FMI accorde à la zone euro 450 milliards, en cas de besoin de capitaux supplémentaires. En plus des 850 milliards déjà accordés par les pays de la zone euro, cela fournit une grande latitude pour lutter contre la crise financière.
  • Les pays émergents, au contraire, sont aux prises avec un excès de croissance générant de l’inflation qui a récemment été un peu plus contrôlée. En cas de faiblesse, les pays émergents ont tous les moyens à leur disposition pour stimuler la croissance, au besoin.
  • Le problème actuel aux États-Unis est l’endettement du gouvernement. Les entreprises battent des records de solidité, selon une Étude de RBC. Les États et le gouvernement fédéral ont la capacité d’augmenter les impôts pour réduire le déficit. Encore là, c’est un débat politique.

Le marché obligataire et les fonds de type acheteur-vendeur

  • Hausse de 1 % en mai pour le marché obligataire par refuge provenant des actions. Une hausse possiblement non justifiée alimenterait une bulle obligataire qui s’est amorcée il y a 30 ans.
  • Selon notre indice pondéré, les fonds de type acheteur-vendeur ont augmenté de +3,7 % en mai; soit un rendement inverse au marché boursier. Comme la gestion directionnelle dicte actuellement la prudence, les gains ont été faciles durant le mois atténuant la baisse sur les actions.
  • Le dollar canadien perd exagérément des plumes avec un recul de 2,9 %, au 18 mai. En bas de 0,97 $, le dollar canadien devient sous-évalué.

Qui aura raison dans les prochaines semaines? Les bonnes données fondamentales sur l’économie et les entreprises? La gestion directionnelle? Les rebonds techniques ou l’emprise d’une crainte généralisée et émotives reliée à un problème européen? Voici mon opinion personnelle basée sur la finance comportementale.

Comme la baisse actuelle des bourses découle d’une crainte exagérée provenant de la zone euro, les données fondamentales positives auront raison du marché et fourniront de bons rendements boursiers aux investisseur en 2012. Il y a un pessimisme exagéré actuellement. Je ne serais pas surpris de voir que le marché, survendu depuis quelques semaines, enregistre un rebond intéressant. Toutefois, comme gestionnaire directionnel, on doit suivre les mouvements des tendances. Les gestionnaires directionnels ont eu tort 50 % du temps sur la direction à court terme, mais ont eu plus de 80 % de succès sur les fortes directions haussières ou baissières de moyen et long terme.

William André Nadeau, Gestionnaire de portefeuilles

Le contenu de cette chronique a été gracieusement fourni par le cabinet Orientation Finance.

Troupeau de moutons.

William-André Nadeau

William-André Nadeau est gestionnaire de portefeuille à Tactex gestion d’actifs. Il a accumulé 35 ans d’expérience dans le domaine des services financiers à titre de courtier, d’analyste et de gestionnaire de portefeuille. Sa spécialité : adapter ses connaissances des sciences humaines et de la finance comportementale à la gestion traditionnelle de portefeuille. Durant les années 1990, M. Nadeau a cofondé deux importantes firmes de gestion en épargne collective et une famille de fonds communs dont les gestionnaires étaient tous basés au Québec. Il a animé des conférences et des séminaires auprès de milliers de personnes au cours de sa carrière, en plus d’avoir coécrit des livres sur les finances personnelles, devenus best-sellers au début des années 1990. William-André Nadeau partage avec les investisseurs son expérience acquise sur les marchés financiers et ses observations sur leurs tendances en collaborant avec des journalistes financiers, des blogueurs et des animateurs de balados.