Acheter une maison en solo, une rareté

Par La rédaction | 10 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En raison de la hausse importante des prix de l’immobilier, la proportion de Québécois qui acquièrent une propriété en solo a tendance à diminuer, selon une récente étude de JLR.

Celle-ci observe notamment que, l’an dernier, plus de 123 000 propriétés (unifamiliales, copropriétés et multiplex de deux à cinq logements) ont été achetées dans la province, selon les données publiées au Registre foncier du Québec. Mais elle montre aussi que le profil des acheteurs s’est modifié au cours des 15 dernières années et que la proportion de ceux qui acquièrent un bien immobilier seul, à plusieurs ou par le biais d’une entreprise a elle aussi évolué.

Ainsi, les prix des maisons ayant grimpé rapidement depuis le début des années 2000, il est devenu plus difficile pour certains ménages de devenir propriétaires. De même, la hausse du coût des hypothèques comparativement au revenu médian a affecté plus d’acheteurs qu’auparavant.

LES MÉNAGES SOLO DÉSAVANTAGÉS

Rappelant que le nombre de ménages formés d’une seule personne dépasse depuis 2016 celui comptant un couple avec enfants, JLR note que les premiers représentent désormais plus de 28 % de l’ensemble de la population canadienne, contre seulement 7,4 % au début des années 1950. La firme relève en outre que le Québec constitue la province où la proportion de ménages solo est la plus élevée au pays, tandis que le nombre de ménages en couple y a légèrement reculé entre 2006 et 2016, passant de 54,3 % à 53 % respectivement.

Dans ces conditions, le nombre de personnes acquérant une propriété individuellement devrait logiquement augmenter par rapport aux achats effectués à plusieurs. Or ce n’est pas le cas, souligne JLR, qui note que la hausse des prix paraît avoir « plus que contrebalancé ce changement démographique » et que la proportion d’acquéreurs en solo semble « plutôt en diminution ».

Concrètement, l’an dernier, 60,5 % des acquisitions de résidences unifamiliales ont été effectuées par deux acheteurs ou plus, probablement en majorité des couples, d’après JLR. Si ce pourcentage est en « légère hausse », tout comme la proportion d’acquisitions faites par des entreprises, il en va tout autrement des ménages composés de personnes seules ou des familles monoparentales. Ces derniers représentent en effet une part sans cesse décroissante des acheteurs depuis 2005. Un phénomène que JLR attribue au fait que leurs revenus sont plus faibles et que, dans ces conditions, les resserrements hypothécaires successifs et la montée du coût du paiement hypothécaire type par rapport au salaire médian ont « probablement limité davantage » leurs achats immobiliers.

DE PLUS EN PLUS D’INVESTISSEURS

Dans le secteur de la copropriété, les acheteurs individuels sont en revanche plus nombreux, proportionnellement, et, l’an dernier, ils représentaient environ 58 % du total des acquéreurs dans la province. Autrement dit, résume JLR, plus de gens ont acheté une copropriété seul qu’en couple ou avec un ou des partenaires, contrairement à ce qui s’est passé dans le cas de l’unifamiliale. Dans ce segment, la proportion d’acquisitions effectuées par l’intermédiaire d’une compagnie demeure faible (4,2 %), même si ce pourcentage a tendance à croître. La raison? Nombre de copropriétés ne servent pas d’habitation aux acheteurs mais sont plutôt acquises en vue d’obtenir un revenu de location. Et comme plusieurs d’entre eux décident de se constituer en société, cela fait grimper le taux d’acquisitions par des sociétés.

Du côté des duplex et des triplex, les investisseurs sont également de plus en plus présents, puisque 7,9 % des achats effectués en 2017 l’ont été par des entreprises, soit pratiquement le double par rapport à 2005. Là encore, JLR estime que cette hausse pourrait s’expliquer par une augmentation du nombre d’investisseurs qui choisissent de constituer une société. À noter que dans ce segment, la proportion d’acheteurs seuls est nettement plus faible (37,5 %) que dans les secteurs de l’unifamiliale et de la copropriété. Enfin, en matière d’acquisitions de propriétés de 4 à 11 logements, les investisseurs se montrent aussi très actifs, au point que leur part de ce marché a plus que doublé entre 2005 et 2017 pour s’établir à 23,6 %, ce qui, là encore, « semble être signe d’une croissance de l’incorporation », selon JLR.

« Malgré la croissance du nombre de ménages seuls au Québec, ils représentent une proportion de plus en plus faible des acheteurs étant donné la hausse du coût des propriétés. Néanmoins, ils demeurent nombreux dans le marché de la copropriété, où les prix sont souvent moins élevés, les espaces moins grands, le temps d’entretien moindre et le sentiment de sécurité parfois accru, toutes choses susceptibles d’attirer davantage les gens seuls que les couples », conclut la firme.

La rédaction